[Review] Preacher
Point(s) fort(s) :
Une intrigue passionnante
Des dessins superbes
Jesse Custer pasteur désabusé et mystérieux, ne croyant même plus en l’existence d’une force supérieure, se retrouve habité par un esprit venu des cieux nommé « Génésis » lui conférant « La voix de Dieu ». Il se retrouve par la force des choses, poursuivi par un tas de problèmes, entre flics acharnés et sectes déchainées.
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Editeur : Urban Comics
“The only one who could ever reach me…”
Parmi les enfants terribles des comics, Garth Ennis a su rapidement se forger une place de premier ordre. Entre humour irrévérencieux et mauvais goût revendiqué, cet écossais cinglé a créé une œuvre reconnaissable entre mille. Scénariste d’Hellblazer à ses débuts, il s’approprie le personnage et le fait grandement évoluer. Succès public incontesté et incontestable, Vertigo ayant toute confiance en lui, Ennis se retrouve rapidement à créer un titre original chez l’éditeur, accompagné de son fidèle et talentueux dessinateur, Steve Dillon. Ce titre deviendra rapidement un comics culte, Preacher.
Chef d’œuvre blasphématoire !
Urban vient de terminer la réédition des 66 chapitres qui composent ce chef d’œuvre dans six imposants pavés et le moins que l’on puisse dire, c’est que chacun d’entre eux sont tout autant de claques dans la gueule. Clairement. Lire Preacher c’est prendre le risque de vouloir s’habiller en cow-boy, boire de la Guinness et insulter le premier imbécile à vouloir vous faire chier. J’ai pris un pied fou à lire les aventures de Jesse, Tulip et Cassidy, véritablement jouissives et sans temps mort. C’est décomplexé, furieux et toujours de mauvais goût. En toile de fond, on trouve le portrait d’une humanité viciée et d’une Amérique décadente, Preacher ne prend jamais de pincette et tape toujours là où ça fait mal. Mais le plus important, Ennis n’oublie jamais d’être passionnant, drôle et attachant.
En seulement quelques pages, les personnages nous sont familiers et le voyage qu’ils entament est également nôtre. Les dialogues sont fabuleux, le ton unique et les surprises nombreuses. Je ne savais jamais à quoi m’attendre en tournant la page, peu de productions peuvent offrir cet effet là. D’un premier tome comme les premiers pas d’une aventure unique (dont je préfère taire toutes les surprises qui vous attendent) jusqu’au sixième et dernier pavé : des éclats de rire, mais aussi des crises de larmes. Tout est exacerbé dans Preacher. La violence premièrement, crue, brutale, vous éclaboussant le visage comme un bon Tarantino. Mais aussi les émotions, de la haine raciale à l’amour fou et inconditionnel. Car Preacher c’est aussi ça, une balade sauvage entre deux âmes liées, eh ouais, Ennis est aussi un grand romantique !
Personnages attachants tout du long
Les différents arcs de la série mettent tour à tour en valeur chacun des terribles personnages qui l’habitent. Jesse, Tulip, Cassidy, Herr Starr, le Saint des tueurs,… Le meilleur arc de la série, étant pour moi, celui de la jeunesse de Jesse Custer. Quelques chapitres, courts mais intenses, montrant que la véritable force de Preacher, c’est surtout ses personnages, plus humains les uns que les autres. Découvrant ici, le passé de ce personnage principal, un véritable calvaire qui mettra n’importe qui en empathie totale avec lui. Après cela vous ne pourrez plus lâchez la série, je peux vous l’assurer. Enrobant tout cela d’un humour noir à toute épreuve, sous couvert de « road comics » sans concessions et revisitant magistralement un genre typiquement américain, le Western. Ennis enivre nos esprits d’effluves de plombs, de sexe et d’amours.
Le trait de Dillon illustrant cette tendre aventure ne sera pas au goût de tout le monde, mais je trouve qu’il livre l’un de ses plus beaux travaux avec Preacher. Collant parfaitement à l’ambiance du titre, entre dégout et réalisme, toujours au plus proche des émotions, chaque expressions parfaitement retranscrites. C’est vraiment à mon sens le meilleur travail du duo, qui pourtant fait des merveilles autant chez Hellblazer qu’avec le Punisher (review de Spider-Matt, ici). Seul point négatif en vu, la colorisation, qui a peut être un peu vieilli.
Superbe édition !
Et que dire de l’édition, Urban habille de la meilleure façon possible la série. Entre chaque chapitre, le courrier des lecteurs datant de la publication de la série aux Etats-Unis, divin plaisir de lecture, accompagné des succulentes réponses d’Ennis à prendre parfois (souvent) au 36 ème degré. Et en fin de volume, toutes les superbes couvertures de Glenn Fabry (que j’ai déjà pu rencontrer en convention, un personnage méritant un papier à lui tout seul) qu’il commente. Du grand art !
A coté de l’œuvre papier vous pourrez également savourer sa superbe adaptation. Adaptée depuis 2016 sur le petit écran par la chaîne câblée AMC, à qui l’on doit la cultissime série Breaking Bad, celle-ci est un divin complément comprenant parfaitement la difficile tâche de retranscrire une œuvre. Elle ne la singe pas, mais s’imprègne de son ton unique, pour la faire vivre de la plus belle des façons. Ne pas reprendre cases après cases une œuvre si singulière, mais lui donner vie via une réinterprétation vivante, sans l’assagir ou la trahir pour autant. On ne pouvait compter que sur Seth Rogen et Evan Goldberg pour cela, incroyable duo derrière des réussites comiques telles que This is the end, ou Superbad. Et adaptant prochainement une autre série culte d’Ennis, j’ai nommé The Boys ! L’impatience est insupportable.
Alors oui vous l’aurez compris, Preacher n’est pas à mettre entre toutes les mains, c’est crade, vulgaire, et violent. Mais aussi profondément humain, jouissif et attachant. Preacher, c’est une voix unique, un comics sans concession qui s’en fout d’avoir mauvaise réputation. C’est ce pilier de bar qui te rote à la gueule, rigole puis te serre dans ses bras. Preacher c’est loin d’être parfait mais c’est un plaisir de lecture immense, auquel il faut impérativement laisser une chance. Donc lis-le, parles en à tous tes proches, amis, parents. Conseille ce comics, prêche la putain de bonne parole.
Preacher est un comics aux accents de plaisir coupable sans pareils ! Une aventure aussi vulgaire qu’euphorisante, aux personnages plus attachants les uns que les autres. Intense, brillant, unique !
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