[Review] Punk Rock Jesus
Point(s) fort(s) :
Des personnages attachants
Des dessins sublimes
Point(s) faible(s) :
Oeuvre majeure de l’indépendant, Punk Rock Jesus est sans conteste un récit incontournable qui ne laissera personne de marbre. Intense et puissant, foncez !
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Editeur : Urban Comics
Let’s Rock !
A partir de l’ADN du Christ présent sur le Saint Suaire de Turin, une entreprise de télé-réalité décide de cloner le Christ et de diffuser sa vie dans une émission TV.
L’avis de Dram00n :
Considéré comme l’œuvre majeure de Sean Murphy, Punk Rock Jesus est sans conteste une œuvre que je recommande à tout le monde (initié comme novice dans le milieu des comics). Récit profond et intense, il est très dur de ressortir de la lecture avec zéro ressenti. Par les thèmes abordés comme par la qualité du récit et de ses dessins, il est très difficile de rester indifférent au travail de Sean Murphy.
Sean Murphy fait aujourd’hui partie des auteurs adulés par un grand nombre et ses récits, peu importe leur qualité, intriguent bon nombre de lecteurs. Personnellement, Punk Rock Jesus est le premier travail de Murphy comme scénariste que j’ai lu. Je vais être direct, j’ai trouvé ce récit poignant. Je m’explique, Punk Rock Jesus veut traiter deux thèmes d’actualité aujourd’hui : la télé-réalité et la religion. Dans une période où ces dernières animent débats et échanges passionnés et où la première, malgré le succès qu’elle représente au quotidien dans sa consommation, est souvent sujette à moquerie avec des candidats proche des bêtes de foire, il y a en commun cette faculté à fédérer et à opposer. Et c’est ici que je retrouve tout le talent de Murphy. Il va réussir à construire un univers basé sur ces deux thématiques. Extrémistes religieux, fanatiques de la télé, autant de groupes qui vont tout de suite provoquer des débats houleux et échanges agressifs.
Je tombe souvent sur une remarque qui est : « Punk Rock Jesus, c’est The Truman Show en comics » et je ne partage pas du tout cette idée. The Truman Show, en tant qu’émission télé, diffuse la vie d’une personne qui se construit dans l’ignorance d’être observé par des millions de téléspectateurs. Dans l’obligation indirecte de se construire aux souhaits des spectateurs, le personnage incarné par Jim Carrey pense être libre de ses choix et de ses actes. Dans Punk Rock Jesus, Chris (notre clone de Jesus) est conscient d’être dans une émission de télé-réalité et du symbole qu’il représente. Par sa situation, son environnement et son entourage, il ne possède aucune liberté dans ses choix ni dans ses actions. C’est justement ce contexte, cette absence de liberté, qui lui donnera l’envie de se rebeller et de s’opposer au système auquel il appartient malgré lui.
Si je dois sortir un point fort du récit et de l’écriture de Sean Murphy, c’est son traitement des personnages, ces derniers sont justes passionnants à suivre tout au long de l’histoire. Le plus frappant, est l’utilisation de Thomas. Même si le comics traite d’un clone de Jesus, ce n’est pas lui le personnage principal, mais plutôt le responsable de la sécurité. Thomas, orphelin au passé douloureux, est un ancien membre de l’IRA qui cherche la rédemption et le pardon après les actes horribles qu’il a pu commettre par le passé. Souvent critiqué pour tenir un discours simpliste sur la religion, les athées… Je pense que l’histoire est bien plus profonde qu’elle ne le laisse paraître. C’est justement cette personnalité qui souhaite à tout prix l’émergence d’un nouveau messie, qui serait capable de pardonner ses actes, qui va s’attacher à un jeune enfant refusant le statut de prophète que la société veut lui donner. On va donc vivre une relation père/fils avec un père qui va placer tous ses espoirs dans un fils qui veut juste refuser son statut. Intense et puissante, la relation entre les deux protagonistes (ainsi qu’avec la mère de Chris) représente sans hésitation le point fort du récit.
Pour aborder le style graphique, c’est du Sean Murphy, c’est-à-dire des dessins avec des traits prononcés et des expressions très franches. Tout en noir et blanc, le comics laisse paraître beaucoup d’intensité dans les mouvements, mais surtout des décors qui vont mettre en avant les phases de dialogue. Personnellement, je suis un grand fan du style de Murphy et son style ne m’a jamais dérouté. J’aime la puissance qu’il va mettre dans ses personnages et je suis amateur de ses silhouettes. Je finirai avec aujourd’hui son plus gros point fort à mes yeux, le placement des bulles. Les yeux suivent naturellement tous les éléments présents et ses bulles vont décrire un chemin naturel qui va souvent mettre en avant sa construction des pages.
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