[Review] Sheriff of Babylon
Point(s) fort(s) :
Le traitement des personnages
Une ambiance post-guerre
Point(s) faible(s) :
Sheriff of Babylon est une œuvre forte, puissante et touchante. Bien loin des récits policiers classiques, cette œuvre se veut surtout d’un message fort vis-à-vis des guerres et de leurs impacts sur des pays laissés à l’abandon. Sans être pour tout public il reste un récit qui donnera une claque à beaucoup de lecteurs.
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Editeur : Urban Comics
Shoukran Tom King !
2004, fin du règne de Saddam Hussein en Irak, mais les Etats-Unis n’ont pas complètement repris le pouvoir pour autant. Christopher Henry, ancien flic de San Diego, va l’apprendre très vite lorsqu’il va tomber sur la mort de l’une de ses recrues de la police irakienne. Va s’en suivre une enquête dangereuse pour comprendre ce qui s’est passé.
L’avis de Dram00n :
Sheriff of Babylon est un récit écrit par Tom King. Connu pour son travail sur la mini-série Vision, sur la série Batman Rebirth et sur Mister Miracle, il existe un détail que je vois sur toutes les œuvres de cet auteur : c’est un ancien agent de la CIA. Pour tous les récits précédemment cités je n’ai jamais compris l’intérêt de le spécifier, par contre, pour Sheriff of Babylon, cela devient plus intéressant.
Très loin d’un simple récit policier, Sheriff of Babylon se veut surtout une œuvre qui traite de la vision de la guerre, la remise en question de la nécessité de cette dernière et d’une vision sociétale très marquée. L’histoire est principalement construite autour de trois personnages qui vont être réunis à la suite de la mort d’une jeune recrue de la police irakienne. Christopher Henry, ancien flic de San Diego et formateur de la victime va très vite subir sa nationalité d’Américain et comprendra très vite que son statut dans la hiérarchie ne lui permet pas d’obtenir les informations nécessaires pour avancer. Sofia quant à elle, est partagée entre son pays d’adoption les États-Unis et sa patrie. Mais elle doit surtout vivre avec la mort de sa famille par sa propre nation et veut à présent éviter à quiconque de vivre ce qu’elle a vécu. Enfin, Nassir est un ancien flic de Saddam qui s’est tourné vers les États-Unis, le pays responsable de la mort de ses trois filles, en quête d’un pardon suite aux actes horribles qu’il a pu commettre dans son ancienne vie. Vous l’avez compris, le comics tourne autour de trois personnalités bien marquées, mais Tom King nous montre par ses personnages qu’il est très dur pour quiconque de se sentir vainqueur d’une guerre.
Quand je lis des comics comme Sheriff of Babylon, j’ai besoin de ressentir le travail sur les personnages, de les sentir vivants. Lors de ma lecture, j’ai complètement ressenti la tristesse, la hargne, la déception des personnages. Ces derniers représentent le point fort du récit et illustrent parfaitement le discours que souhaite défendre King. Parfois violent, on fait face à un récit dur physiquement et psychologiquement, c’est justement là qu’on ressent tout l’impact de l’ancienne carrière de l’auteur à tel point qu’on en vient à espérer qu’il n’a pas vécu tout ce qui est décrit dans ce récit. Pour autant, je n’ai jamais ressenti la violence comme gratuite, sans être utilisée à foison, elle est souvent utilisée pour illustrer l’inutilité de la guerre.
Même s’il faut mettre en avant la maîtrise de King sur le scénario, notamment rempli de dialogues à double sens, il faut reconnaître le travail de Mitch Gerads sur la partie graphique. Il nous transporte dans des décors complètement désertiques. Il est intéressant de noter une forme de paradoxe avec certains décors intacts, comme s’ils n’avaient point subi les conséquences de la guerre, mais vides de tout signe de vie. C’est ici tout le talent de Gerads qui s’exprime avec des traits très fins et beaucoup de travail sur les décors pour complètement servir l’univers mis en place par le scénariste. Le travail sur les personnages est également sublime, on ressent toutes les émotions grâce à la reproduction de la gestuelle et des tics sur les visages, mais surtout une empathie pour ce qu’ils vivent et qu’ils ont vécu.
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