Sens dessus-dessous !
Eternity est tout autant un récit complet que la suite de Divinity. Bonne nouvelle pour ceux qui n’auraient pas lu cette série : je ne l’avais pas lu avant de découvrir Eternity et j’ai quand même tout compris !
Dès le début, l’oeuvre éblouit grâce à la force du trait de Trevor Hairsine. Quelques pages après le début, une double-page somptueuse va illustrer l’aspect méta du comics. Le récit va ainsi se poser comme la suite des aventures de Abram et Myshka, deux individus aux pouvoirs divins. Ils vont découvrir un ennemi qui les traquait dans leurs aventures précédentes et en même temps découvrir son monde. Matt Kindt et son dessinateur se sont amusés à construire ce nouvel environnement qui leur permet d’explorer un nombre impressionnant de thématiques dans un résultat visuel qui rappelle les expérimentations de Jack Kirby mais aussi certaines expériences psychédéliques de Steve Ditko. Le résultat est saisissant.
Là où ça coince plus, c’est que Matt Kindt brasse de nombreux concepts, met en place des pistes de réflexions sur l’humain, le dieu, la destinée, etc. Mais le mélange n’est pas toujours harmonieux et pourra frustrer. On sent l’auteur généreux mais il en fait parfois trop et nous perd dans certaines de ses idées et semble aussi parfois se perdre lui-même. Un numéro supplémentaire n’aurait pas été inutile pour alléger le tout. Néanmoins, au cœur du récit, il montre qu’il est un sacré écrivain. Il maîtrise ses personnages et même quelqu’un qui les découvre saura s’attacher à eux. Leur amour est crédible, leur relation très bien écrite et leurs réactions très humaines malgré leur divinité. C’est d’ailleurs ce qui frappe le plus. Là où il aurait été facile de faire des personnages froids et sûrs d’eux, ils sont faillibles et ont des réactions que l’on peut facilement comprendre. Ils se retrouvent embarqués au milieu d’un conflit sans fin. Si leurs pouvoirs pourraient leur permettre de tout bouleverser, l’auteur parvient à interroger sur les notions d’ingérence et à les faire réfléchir sur le sens de leurs actions en intégrant une dimension personnelle. Comme je le disais, Matt Kindt va écrire une ode à la création, au pouvoir de l’imaginaire mais aussi à la nécessité de l’équilibre, du contrôle et de la justesse dans chaque décision. C’est, pour moi, quelque chose d’extraordinaire et de très intelligent mais il y a parfois une impression de trop-plein. Le résultat n’est pas brouillon mais il pourra déconcerter bon nombre de lecteurs.
Ainsi, ce qui est certain, c’est que Eternity ne plaira pas à tout le monde et déstabilisera. Les artistes ont voulu créer une œuvre ambitieuse et dense qui traite de thèmes qui les passionnent. Le problème, c’est qu’ils pèchent par excès. Beaucoup de choses demandent à être développées et bien peu de pages leur sont finalement allouées pour s’exprimer. Difficile de savoir qui est à blâmer entre les artistes ou l’éditeur mais je pencherai plutôt vers ce dernier. Pourtant, je ne casserai pas le comics car dans un univers de plus en plus formaté, parvenir à créer un comics aussi généreux et aussi plein de propositions visuelles devient une rareté. J’ai adoré plonger dans cette création époustouflante. Reste à savoir si vous serez prêts à plonger dedans à votre tour !
Bref, Eternity est une œuvre complexe, dense, traitant de nombreux thèmes mais engoncée dans un format de publication trop court pour l’ambition démesurée de l’œuvre. C’est un comics passionnant, visuellement bluffant qui pourra vous séduire si vous vous laissez embarquer dans l’œuvre.
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