L’université du Multivers
Multiversity se sera fait désirer pour sa sortie en France. Publiée dès 2014 et jusqu’en 2015, cette mini-série avait connu un joli succès critique. Voilà que Urban se décide à la publier.
Mais d’abord, un petit laïus pour expliquer, selon moi (ça vaut ce que ça vaut) ce retard. Multiversity puise dans de nombreux concepts déjà esquissés par Grant Morrison, à la fois dans son Batman mais aussi et surtout dans Final Crisis. Il apparait donc logique qu’à la suite de la fin de la publication de ce récit par l’éditeur français, Multiversity arrive.
Multiversity est un travail titanesque pour l’auteur écossais, une sorte de livre-somme de tout ce qu’il aime dans le comics à travers une relecture passionnée de l’histoire du médium. Pour se faire, l’auteur a la bonne idée de construire une intrigue globale sur la mise à mort du Multivers par un groupe de créatures inter-dimensionnelles (la Noblesse) et comment un groupe va tenter de les arrêter. Mais au croisement de ce récit, il propose également une succession d’histoires sur des périodes du comics ou des héros spécifiques, brassant ainsi, les âges de Bronze, d’Argent, d’Or avec l’âge Sombre et Moderne.
Une structure compréhensible
La répartition de cette intrigue et des mini-séries est bien faite puisqu’il y a un chapitre introductif qui lance l’histoire, suivi par sept mini-séries ayant un lien entre elles à travers l’apparition de comics dans chacun des univers, comics faisant écho à une autre histoire présente dans le recueil. Enfin, la conclusion se fait dans un ultime chapitre. Mais si j’ai trouvé cela très adroit, certains pourront être complètement perdus à cause de cette multitude et cette profusion d’éléments.
A travers les numéros uniques, Grant Morrison va donc proposer un éventail de récits qui évoqueront l’ensemble des périodes du comics et de ce qui a contribué à faire de DC Comics, ce qu’il est désormais. Entre le Dr Fate, Captain Marvel (ou Shazam, comme vous voulez), Watchmen et bien d’autres, l’auteur se lâche et parvient à condenser dans un tout cohérent une lettre d’amour au médium et pas uniquement à DC.
A travers le numéro central, il permettra au lecteur de comprendre comment est construit ce Multivers. Cela semble aujourd’hui être encore d’actualité puisque Scott Snyder l’a réutilisé pour construire l’intrigue de Batman : Metal.
Mais les numéros sont surtout presque tous captivants. Car l’auteur a le sens du spectacle et de l’aventure et parvient ainsi à construire en une quarantaine de pages des intrigues qui rappellent la diversité et la folie que l’on aime dans ces histoires. L’ensemble du recueil est évidemment assez dense parce qu’il faut non seulement suivre les intrigues des mini-séries, sans oublier l’intrigue globale qui se joue et tenter de comprendre où veut en venir l’auteur. Pour autant, avec une attention suffisante, le lecteur attentif pourra découvrir des histoires indépendantes célébrant l’imaginaire débridé des comics inclus dans un récit global pertinent et intéressant.
L’amour pour le lecteur
Mais bien au-delà de cet amour pour le médium et pour le multivers, Multiversity est surtout le moyen pour Grant Morrison d’exprimer sa reconnaissance au premier soutien du comics : le lectorat. Car peu à peu, l’auteur va vous immerger, à travers des astuces narratives, dans les méandres de son intrigue et vous intégrer dans le récit. Il y a un nombre incessant de ruptures du quatrième mur qui se font et qui se multiplient jusqu’au bout.
Tout cela permet de célébrer le lecteur qui participe en premier lieu à donner vie à ses icônes modernes et à les perpétuer à travers son activité de lecteur. Mais l’auteur n’hésite pas non plus à égratigner certains aspects de la vie moderne de ces icônes dans un chapitre qui est, selon moi, le moins réussi du tome.
Pour marcher, ce récit avait besoin de dessinateurs talentueux et Grant Morrison n’a pas hésité à aller recruter du monde pour l’occasion. Jim Lee signe ses meilleures planches, Ivan Reis déchire et donne dans le blockbuster généreux, Doug Mahnke fait dans le sale, Cameron Stewart redonne vie à la Marvel Family. Ensemble, les artistes, aux dessins comme à la couleur participent eux aussi à célébrer l’amour du médium et du lectorat.
Bref, Multiversity est un excellent comics (étonnant, non ?) qui sait rendre hommage au médium en célébrant plusieurs décennies d’aventures dans un ensemble dense et qui invite à célébrer le comics et le lectorat. Peut-être ne parlera-t-il qu’aux plus aguerris des lecteurs ou peut-être donnera-t-il envie à ses lecteurs de découvrir les aventures dont le ton est évoqué.
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