Stan Lee et moi : Ma Madeleine de Proust
“Mais qui c’est le monsieur barbu sur la couverture?”
our ma fille de 10 ans, Stan Lee c’est le vieux monsieur rigolo qui fait des apparitions ici et là dans les dessins animés Marvel et les films Marvel Studios qu’elle a pu voir à mes côtés.
A travers cet article, je m’adresse à elle pour qu’elle sache qui était Stanley Lieber alias “Stan Lee“, et le rôle qu’il a eu dans la création de la multitude de super-héros qu’elle connait depuis quelques années. Je veux lui dire aussi que je devais avoir quelques années de moins qu’elle, au milieu des années 80 quand j’ai lu mes premiers comics. Et que ceux-ci étaient en partie issus de l’imagination débordante de ce “drôle de vieux monsieur”. Je ne vais pas m’étaler ici sur une biographie complète de Stan Lee mais plus sur ce qu’il a été pour moi depuis un peu plus de 30 ans.
Durant les eighties , c’était plus facile de lire de la BD américaine avec du Marvel publié aux Éditions Lug. Un jour, ma grand-mère nous avait ramené à mon grand-frère et moi du Spidey, du Nova, du Titans, du Strange…et du Strange Special Origines. Sur ce dernier magazine, en plus des super-héros capés et casqués, on y voyait des mains qui tapaient sur une machine à écrire ainsi que le visage d’un monsieur barbu et souriant. Je me rappelle à l’époque m’être fait la même réflexion que ma fille aînée; je me demandais qui était ce monsieur sur la couverture et pourquoi il était mêlé aux super-héros en armure, en surf, en cape ou en bouclier. J’ai alors eu la réponse en le feuilletant, c’était le gars à l’origine de beaucoup de choses.
Certes, il n’était pas seul initiateur ! La Maison des Idées doit aussi beaucoup à d’autres scénaristes et artistes émérites de l’époque, comme les Jack “The King” Kirby, Gil Kane, Bill Everett, Steve Ditko, Gene Colan, John Buscema et bien d’autres. Mais Stan Lee est celui qui a personnifié la marque Marvel à travers son visage, sa personne. Au détriment des autres diront beaucoup, et je ne le nie pas. Il a tout de même pris des risques pour faire parler de “son écurie”, vendre ses comics, puis faire passer des idées et des combats qui n’étaient pas forcément bien vus par tout le monde aux États-Unis à l’époque. On peut citer les droits civiques des Noirs, le handicap, le harcèlement scolaire, la drogue et bien d’autres faits qui sont évoqués dans bon nombre de comics qu’il a écrit ou co-scénarisé. Tout le monde pouvait se retrouver dans les travaux de Stan Lee. Quoi de mieux pour un jeune pas sûr de lui de voir qu’un Peter Parker maladroit et importuné à l’école était aussi un super-héros tisseur sur les gratte-ciels de New-York, qu’un super-héros africain soit le roi d’une nation à la pointe de la technologie et qu’un avocat bien qu’aveugle est le Démon Gardien justicier qui effraie les voyous et délinquants de son quartier.
Outre ma passion connue pour la saga galactique de George Lucas et mes visionnages multiples de ces films, j’en ai passé du temps à lire et relire les quelques comics que j’avais à l’époque. On peut dire que Stan Lee et ses compères de la Maison des Idées ont vraiment eux aussi bercé mon enfance à leur manière avec leurs planches et leurs bulles pleine d’action, de rebondissement et d’onomatopées.
Puis un jour est arrivée l’ère prolifique des adaptations cinémas de mes super-héros préférés. J’avais 18 ans quand le premier film X-Men de Bryan Singer est sorti à l’affiche en 2000. J’étais déjà un grand fan des X-Men dans les comics et de leur combat pour l’égalité. Quand j’ai vu que ce message d’Égalité passait aussi désormais sur grand écran et pour le plus grand nombre, j’étais aux anges. Je fus encore plus enthousiaste lorsque j’ai aperçu dans ce film un vendeur de hot-dog âgé sur une plage observant d’un œil étrange un mutant dénudé marcher sur le sable. C’était bien lui, ce bon vieux Stan. La porte était alors ouverte à des apparitions du Monsieur dans toutes les grosses productions hollywoodiennes Marvel qu’elles soient produites par la Fox, par Sony ou par les Marvel Studios. Certes, ce n’était pas son coup d’essai, je me rappelle aussi plus jeune l’avoir vu sur feu “La Cinq” dans le téléfilm “Le Procès de l’Incroyable Hulk” en 1990 avec Bill Bixby et Lou Ferrigno. Ici deux de ses co-créations se côtoyaient et s’entraidaient : Hulk & Daredevil. Quel souvenir inoubliable dans les yeux d’un gosse de voir ses héros de BD ensemble dans la petite lucarne.
Dans les années 2000/2010, c’était devenu le grand jeu devant un film super-héroïque issu de l’écurie Marvel : retrouver le “Grand Manitou” dans ses caméos tel un Alfred Hitchcock qui apparaissait furtivement dans ses films. Puis quand j’achetais les DVD par la suite, ce qui m’intéressait le plus dans les bonus c’était de voir un truc avec Stan “The Man”. Un reportage, une featurette, un making–of où il était là. Le vieux briscard avait toujours une anecdote à raconter sur un personnage ou sur un de ses camarades auteurs et dessinateurs. C’était pour moi un vrai plaisir de le voir parler avec passion de tout cela. Ça me faisait retomber en enfance quand je lisais ses articles “Stan Lee raconte…” dans les Strange Special Origines où il faisait en somme la même chose, mais à l’écrit.
Au fur et à mesure du temps et des dix-huit dernières années, forcément, on se disait que le Monsieur était costaud, qu’il était toujours là. Mais bien sûr il n’était pas immortel non plus (physiquement parlant hein?! 😉 ). Quand son épouse Joan est partie à l’été 2017, puis que des news concernant son état de santé fragile tombaient, la communauté comics s’est forcément inquiétée. Il en fut de même pour moi. On se disait forcément que cela arriverait. Quand le couperet est tombé le soir du lundi 12 novembre 2018 en France, j ‘ai été peiné comme beaucoup d’entre nous. Ce fut comme si je perdais un grand-oncle plein de panache et d’humour que j’avais toujours plaisir à écouter. Car quoiqu’on dise de Mr Lieber, c’était vraiment un homme attachant et passionné.
La seule chose qui me vient à l’esprit pour conclure cet article, c’est l’impatience qui me guette d’aller voir prochainement, avec ma fille aînée, Captain Marvel, Avengers 4 et Spider-Man – Far From Home, pour l’entendre me dire : “Eh papa t’as vu c’est Stan Lee là?”. Là, je me dirais que c’est quand même cool qu’un homme né en 1922 soit reconnu par une gosse née en 2008. Le vieux Stan aura réussi sa mission à mes yeux : transmettre la passion et le bonheur que peuvent représenter les super-héros et les comics. Et pour ça je ne peux que vous remercier Stanley !
Au revoir Mr Lieber, passez du bon temps avec votre épouse, avec le roi Kirby et les autres créateurs de génie de la Maison Marvel.
A bientôt ! Et bien sûr …EXCELSIOR !!!
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