L’ombre de la nuit
Point(s) fort(s) :
L'onirisme d'une œuvre profondément personnelle
Les expériences graphiques
Point(s) faible(s) :
D’une case à l’autre notre perception de l’œuvre change, se jouant de nos attentes L’ombre de la nuit est un voyage, un voyage de nuit dans notre subconscient, où le destin prend sens, où la vie et la mort se confondent, où l’on aime se perdre pour tenter de se trouver. Une lecture passionnante et fascinante.
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Editeur : L'employé du moi
C’est pas Batman !
ordan Crane fait partie depuis 1991 des auteurs prolifiques de la bande dessinée indépendante américaine, il a pourtant jusqu’ici été assez peu traduit dans nos contrées. On peut donc grandement remercier l’éditeur belge L’employé du moi pour la sortie de L’ombre de la nuit, sélection d’histoires courtes de l’auteur à l’univers si particulier.
En 9 histoires aux longueurs variables, Crane passe de la tranche de vie au récit horrifique, en passant par la science fiction. Des histoires aussi différentes qu’uniques, qui pourtant sont toutes empreintes de cette douce étrangeté, cette fascinante aura qui nous poursuit longtemps après la lecture.
D’une adolescence en plein mal être en rase campagne à un père de famille en dépression, les personnages de Jordan Crane semblent tous acculés par une vie en noir et blanc, le plus souvent noire. Les sourires sont peu nombreux, le malaise très présent, questionnant en permanence notre place dans le monde, et le sens d’une existence contrariée. De genres différents, ses histoires se recoupent sur ses thèmes revenant sans cesse. L’inéluctabilité est également un point central de l’œuvre. Tel un destin dont on ne peut se défaire. Crane parle de la vie, de la mort, de ce qu’il y a entre les deux, et aussi après.
Son écriture et sa mise en scène sont emplies de spiritualité, d’un voile d’onirisme qui m’a séduit au fil d’une lecture entre douceur et âpreté. Chaque histoire résonne longtemps, reste en mémoire. Elles semblent commencer et se terminer sans réelle signification, comme si on saisissait un bref aperçu d’une vie au long cours, qui a commencé avant nous et se terminera après notre lecture. La puissance de ces récits tient à leur simplicité, sans sur-explication, fluides, courtes et entêtantes. Chacun retrouvera un peu de lui-même et des autres dans des personnages justes, humains.
La radicalité de l’œuvre tient dans un mélange entre douceur et brutalité, de la narration, des traits et des sentiments. D’une case à l’autre notre perception de l’œuvre change, Crane se jouant constamment de nos attentes. L’auteur emploie souvent pour cela une narration à la première personne pour des personnages aussi perdus que nous. Aimant également l’art de la chute, Crane aime surprendre autant qu’il aime suspendre le temps.
Son trait d’une grande simplicité n’en est pas moins d’une profonde précision, dans un noir et blanc brut, délivrant une narration claire et envoûtante. Le plus souvent de nuit, ce noir intense apporte grandement au charme de l’ensemble, comme une ballade nocturne où notre esprit divague entre peur et excitation. Les expériences graphiques sont nombreuses, changeantes, gardant cette même force tranquille.
L’ombre de la nuit est un voyage, un voyage de nuit dans notre subconscient, où le destin prend sens, où la vie et la mort se confondent, où l’on aime se perdre pour tenter de se trouver. Une lecture passionnante et fascinante.
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