Vietnam Journal Tome 1
Point(s) fort(s) :
Bonne gestion du rythme
Point(s) faible(s) :
L'impression de déjà-vu
Les éditions Delirium nous proposent le premier volet d’une longue série de Don Lomax sur la guerre du Vietnam. Récits poignants, émouvants et jamais complaisants sur l’un des plus grands traumatismes de l’histoire américaine. Malgré un dessin un peu daté, je vous conseille de vous jeter sur cette pépite.
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Editeur : Délirium
Un récit qui tient le bobùn
Guerre du Vietnam, Scott “Journal” Neithammer est reporter, comme son son surnom le laissait penser. Ayant demandé à ses patrons à se retrouver au cœur de l’action, il partage le quotidien des soldats américains. Rapidement, il comprend que l’intérêt de son travail ne sera pas dans le récit de la grande histoire, mais dans celles des petites, celles que les GI vivent au quotidien. Bienvenue dans le tome 1 de Vietnam Journal !
L’avis de Prime Sinister
En avant-propos, sachez que mon papa est vietnamien, du Vietnam du nord (celui qui a lutté contre la France lors de la guerre d’Indochine puis contre les États-Unis), pays qu’il a quitté en mai 1968. Je connais donc les deux versants de l’histoire. Celle que l’on nous raconte dans les films américains, dont cette guerre aura eu comme triste mérite de nous livrer une pléthore d’excellents films (The Deer Hunter, Platoon, Apocalypse Now, Full Metal Jacket et je pourrais continuer sur quelques lignes encore), et celle que l’on connaît moins, faite de vie dans des tunnels et de lutte contre un ennemi surpuissant.
Eh bien, figurez-vous que les deux sons de cloches sont les mêmes : une guerre moite, sale, pénible où aucun des deux camps ne semble avoir eu plus de grandeur d’âme que l’autre. Les deux voulaient se faire souffrir. Les uns étaient chez eux mais dépassés technologiquement et matériellement. Les autres ne savaient pas réellement pourquoi ils étaient là, parachutés dans un univers hostile, où le ciel était lourd d’humidité et d’obus, le vrombissement des B-52 peinant à couvrir celui des hordes de moustiques.
Trauma toujours aussi présent
Le récit de Don Lomax n’apporte aucune originalité à ce que l’on a déjà pu nous proposer sur ce thème. Le traumatisme semble tellement ancré chez les américains que le reste du monde l’a vécu avec eux. Des meurtres de gradés par les soldats, des ravages de la drogues dans les rangs des GI, en passant par les exploits qui amènent à délivrer à des morts de belles décorations militaires. Mais si ce récit n’est pas original, il n’en demeure pas moins indispensable. Parce que je loue toujours le travail de ceux qui nous disent “putain, la guerre c’est totalement absurde” et qu’en plus Don Lomax le fait sacrément bien.
Le récit se présente comme une suite d’historiettes tirées du quotidien de Journal et des soldats avec qui il évolue. Prenant donc majoritairement le point de vue du fantassin de base, le héros recueille le ressenti de ces soldats. Il essaie de comprendre ce qui leur permet de tenir le choc dans cet enfer, quels sont les tenants et aboutissants des liens qui les unissent. Don Lomax se focalise principalement sur l’aspect social du soldat, à savoir ses rapports avec ses pairs, ses gradés, avec les locaux et l’ennemi. Rarement dans le jugement, on retrouverait presque un peu de Brian K. Vaughan dans sa manière de présenter les choses.
Des histoires fascinantes
L’exercice des historiettes qui s’enchaînent est une gageure. Pour que cela soit vraiment réussi il faut que le rythme soit stable : on se retrouve souvent face à des titres dont la qualité de ces petites histoires sans liens les unes avec les autres (à part le contexte) est très variable. Difficile de ne pas citer Eternal Warrior : les chroniques du Guerrier Eternel qui en est le plus parfait exemple. Or, Don Lomax nous offre un récit d’une stabilité folle, jonglant avec brio entre récit journalistique, réflexion philosophique et action pure et dure. On reste accroché page après page sans qu’une chronique ne donne envie de lâcher le livre. C’est tout bonnement exceptionnel.
Le seul point noir de Vietnam Journal, c’est le dessin. Reconnaissons-le, il apparaît comme très daté (il faut savoir que l’œuvre a été publié en VO à partir de la fin des années 80 et le style s’en ressent). Graphisme très chargé (les cases ne sont pas très aérées), personnages aux traits manquant cruellement de grâce (oui je sais, je ne pense pas que les GI lors de la guerre du Vietnam furent réputés pour leurs gueules d’anges), on a parfois l’impression de regarder une œuvre de caricaturiste. Mention spéciale au personnage principal, Journal, qui se paie un pif à la Depardieu (ce qui m’a beaucoup fait rire). Cela étant dit, le travail sur les arrières plans, la physionomie des personnages (hormis leurs visages) et les véhicules sont plutôt agréables et n’ont pas trop entravé ma lecture.
Les éditions Delirium nous proposent le premier volet d’une longue série de Don Lomax sur la guerre du Vietnam. Ce Tome 1 de Vietnam Journal contient des récits poignants, émouvants et jamais complaisants sur l’un des plus grands traumatismes de l’histoire américaine. Malgré un dessin un peu daté, je ne saurai que trop vous conseiller de vous jeter sur cette pépite.
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