Pulp chez Delcourt
Point(s) fort(s) :
Des messages bien sentis.
Un héros attachant et vrai.
Point(s) faible(s) :
Un poil classique dans la structure (Grincheux).
Max Winters, un écrivain de Pulps dans les années 1930 à New York, est entraîné dans une histoire qui rappele celles qu’il écrit pour cinq cents le mot – des histoires mettant en scène un hors-la-loi du Far West qui rend justice à coups de revolver. Max sera-t-il aussi efficace que ses héros face à des braqueurs de banque, des espions nazis et des ennemis issus de son passé?
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Editeur : Delcourt
Un duo qui sait toujours secouer la “Pulp”
ernier crû d’un des plus incontournables duo du monde des comics Ed Brubaker et Sean Phillips , Pulp que nous propose Delcourt suit Max Winter , un sexagénaire, auteur de courtes histoires de western pour un éditeur de “pulp magazines ” durant la fin des années 30 à New-York. Max vit avec sa compagne Rosa et aimerait gagner davantage pour ses histoires. Mais son éditeur doit faire face à la concurrence des comics qui foisonnent, ainsi qu’à d’autres aléas économiques de l’époque. Au bout du bout, exploité et fauché, Max pense à commettre l’irréparable et redevenir un hors-la-loi comme il y a plus de 30 ans en arrière. Car oui, Max a connu l’époque du far-west et des hors-la-loi qu’il décrit dans ses histoires, il en était un.
Brubaker sait toujours faire
Après avoir signé des monuments des comics indé comme Fatale, Criminal, Incognito, Kill or be killed” ou Velvet, et d’autres incontournables chez DC et Marvel (Gotham Central, Daredevil ou Captain America), Ed Brubaker revient plus en forme que jamais. Le prolifique et reconnu auteur nous donne en 70 pages un condensé de ce qu’il sait faire le mieux : le polar noir.
Il y a beaucoup de Max en Brubaker et inversement, je trouve. Les deux sont nostalgiques d’époques révolues, les années 30 à 70 pour l’un, la fin du XIXème siècle pour l’autre. Les deux ont des principes, des idéaux une certaine idée de la Justice. On appréciera au passage les tacles bien placés du scénariste au profit des éditeurs et à la poussée de l’extrême droite par le biais des pensées et actions de son personnage principal. Je n’en dirai pas davantage pour vous laisser la liberté et la primeur de découvrir le dénouement de ce récit. Mais personnellement en le lisant je me disais qu’il servirait parfaitement un long-métrage. Après tout, c’est bien au Captain America de Brubaker qu’on doit les bonnes inspirations de sa version ciné des Marvel Studios. Alors qui sait un jour?
Les Phillips, artistes de père et fils
Comme souvent avec les polars comics indés de Brub’, on retrouve son acolyte Sean Phillips aux planches. Le britannique livre de nouveau un travail impeccable. Un style précis et réaliste qui colle toujours bien au récit de son associé. Ce n’est pas pour rien que Brubaker collabore souvent avec lui, ainsi qu’avec Steve Epting ou encore Michael Lark. On retrouve beaucoup pas mal de points communs dans leur style respectif. Phillips est ici appuyé par la colorisation de son fils Jacob. Un travail de couleur plutôt agréable et complémentaire à celui ce son aîné. Jaco Phillips accentue davantage ses couleurs chaudes, orangées et rouges lors des scènes de récits et de flashbacks sur fond de western.
En résumé, avec Pulp, Delcourt nous offre le nouveau polar de de Ed Brubaker et Sean Phillips, un récit efficace et qui va droit au but. Une certaine nostalgie passée où Brubaker se met en abîme à travers un héros, auteur lui-même, et pensif des années glorieuses qu’il décrit dans ses œuvres. Des personnages principaux attachants qui n’échappent jamais à leur destin dans un livre hommage aux magazines pulp d’antan.
L’avis de Comics Grincheux :
J’adore Ed Brubaker et Sean Phillips, c’est un des duos les plus importants du comics. Voir leur nouveau titre Pulp débarquer chez Delcourt est un bonheur ! La couverture est magnifique avec ce cow-boy magnifiquement illustré. Je m’attendais donc à un western, un changement d’ambiance radicale pour l’équipe. Eh bah non !
En fait de western, c’est un récit qui se déroule dans les années 1930 et se focalise sur un auteur de pulp western. D’où le titre et la couverture, donc. On découvre rapidement que ce dernier est dans une situation pas très heureuse et qu’il raconte en fait ses propres aventures. La narration va alterner entre son passé et son présent, par un discours à la première personne classique du scénariste.
Ed Brubaker parvient à nous accrocher très rapidement. La narration est parfaite et surtout le récit est dense malgré ses 70 pages. En ce nombre de pages que je trouvais réduit pour Mes héros ont toujours été des junkies, il parvient à faire une somme de nombre de ses thématiques tout en renouvelant son discours.
Comme souvent, l’équipe artistique sonde l’âme humaine, sa noirceur et ses ténèbres. Mais le récit se fait plus optimiste et plus politique aussi. J’y ai vu une critique du management des artistes dans les Big-Two ainsi qu’une métaphore de la situation politique actuelle où l’intolérance est encore reine. Le travail est très pertinent et Ed Brubaker parvient à injecter quelque chose en plus grâce à un twist bienvenu. Alors oui, la fin est attendue, noir oblige mais le reste du récit n’en reste pas moins marquant.
Du côté du travail de Sean Phillips, c’est encore une fois très bon, même si le trait est moins net qu’à l’accoutumée. La colorisation de Jacob Phillips, son fils est très bonne, rendant parfaitement les changements d’ambiance. Il y a notamment une très bonne utilisation du rouge, très saturé, dans les flash-backs.
Bref, Pulp que publie Delcourt, l’éditeur habituel du duo Brubaker/Phillips est encore très bon. Renouvelant son discours par un propos très politisé mais aussi assez optimiste en fonds, le duo parvient à nous accrocher et nous embarquer. Si l’on pouvait toujours avoir 70 pages de cette qualité, ce serait un bonheur permanent !
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