Un concept de base d'une intelligence absolue. Un foisonnement d'idées partout et des niveaux de lectures riche. Un récit qui nous fait réfléchir et met mal à l'aise. Les dessins, incroyables !
Point(s) faible(s) :
Ha ha, bonne blague ! S'il faut chercher la bête : un récit nécessaire clivant.
En résumé
Everything est une oeuvre iconoclaste. Forte dans sa proposition, elle vous attrape et ne vous lâche plus du tout, trottant dans votre tête très longtemps.
Everything est la nouvelle sortie de 404 Comics ! Et comme chacune de leurs sorties, c’est une certaine impatience qui nous guette. On est désormais habitué.e.s à leur catalogue de grande qualité et à leurs livres d’une très grande qualité de fabrication (certainement, la meilleure en comics français).
Et ce Everything est encore une fois magnifique. C’est un objet massif, avec une couverture orange très belle, à la couleur envoûtante et au dos toilé très agréable au touché. Et entre la préface de Christopher Cantwell, le scénariste du titre et la postface de Aurélien Lemant, on est aussi très gâtés, finalisant la qualité éditoriale du titre.
Tout n’est pas simple.
Et donc, ce Everything est scénarisé par Christopher Cantwell, qui commence à faire son trou parmi les scénaristes de comics. Il est déjà passé sur Dr. Fatalis et bosse désormais sur Iron Man. Everything est un travail édité par Karen Berger, grande papesse du Vertigo des beaux jours et dessiné par son compère de son premier comics, I.N.J. Culbard. Mais du coup, de quoi ça parle ? C’est très simple, on nous parle d’un centre commercial d’une entreprise nommé Everything qui s’installe dans une petite ville dans les années 1980. Ce lieu de consommation vous promets de trouver absolument tout ce que vous désirez. Mais évidemment, il y a un loup, une anguille sous roche gâchée sous les sourires permanents de façade.
On va suivre trois personnages : une employée de Everything, une femme perdue dans sa vie et un homme qui ressemble au type perché du village. A travers eux, Christopher Cantwell va brosser le portrait d’une Amérique larguée, qui cherche dans le consumérisme total le bonheur. C’est un portrait fin, nuancé où on nous montre un libéralisme total en bout de course, où la peur a pris le pas sur l’envie de se satisfaire et de croire.
Mais tout est là !
Everything est une œuvre dont il est complexe de parler. Difficile de poser des mots sur ce que l’on peut ressentir à la lecture tant Cantwell et I.N.J. Culbard nous embarquent dans un récit vaporeux, baigné dans une ambiance nauséeuse, qui met mal à l’aise à chaque moment. La société Everything sonne faux, les couleurs utilisées sont si criardes que l’on a le sentiment que le titre nous ment à chaque instant et tente de nous noyer alors que tout est sous nos yeux. C’est un superbe tour de passe-passe, digne des plus grands illusionnistes. Quand certains chercheront à tout comprendre, il faut certainement se laisser bercer dans ces vapeurs, dans ces luttes qui partent en fumée et dans ce spleen absolu.
Comme Everything, l’entreprise du titre, les auteurs nous balancent beaucoup de choses à la figure. Le titre est riche en sous-textes, sa critique du capitalisme, de la parte de repères de la société occidentale, de la division de la société américaine, de comment la peur nous mène à devenir notre contraire, etc.
Mais il s’apprécie aussi par la simplicité de son discours. Car malgré tout, le récit nous offre des clés de compréhension. L’ambiance se rapproche d’un David Lynch mais contrairement à ce dernier, le titre nous offre toutes les clés pour comprendre l’intrigue. A la fin, on en aura saisi les enjeux principaux. Le reste fera parti intégrante de nous, il faut savoir prendre ce que l’on veut et ne pas se saisir de tout. Car je crois que c’est le message essentiel du titre : assumez que l’on ne maîtrise pas tout et ne pas tout ingurgiter. C’est sûrement la plus grande difficulté d’un titre qui ne se laisse pas attraper si aisément. Il faut lui laisser le temps, le digérer.
La beauté du geste
D’autant qu’il nous emmène dans des territoires parfois peu confortables, nous mettant face à nos propres dilemmes de consommateur et consommatrice mais aussi d’individu. Le dessin n’aide pas non plus à se mettre à l’aise. Les visages de I.N.J. Culbard sont souvent déformés, comme marqués par une frayeur permanente ou un état de sidération absolu. C’est incroyable à voir et c’est aussi totalement flippant par moments. D’autant que son découpage, très classique, à base de gaufriers construit en quelques vignettes nous enferme dans une sorte de cage. On se sent prisonnier de l’histoire, à tel point qu’il est dur de décrocher. Comme dit auparavant, ses couleurs sont souvent irréelles, semblant sortir d’un autre univers. Très saturées, elles nous plongent dans une ambiance éthérée, magnifiant à merveille le script extravagant de Christopher Cantwell.
Bref, avec Everything, 404 Comics nous offre une œuvre qui n’est pas simple à appréhender. Pas parce qu’elle est complexe (quoique), les clés de l’intrigue nous étant données à la fin. Mais parce qu’elle risque de perdre de nombreuses personnes par sa densité, sa richesse et son foisonnement total. Le titre nous propose beaucoup mais nous rend peu, il nous appartient de faire le tri dans cette incroyable dinguerie visuelle et narrative. Un titre qui ne laisse pas indifférent tant il frappe fort et fait ressentir des choses rares.
L’avis du Kit :
Nouveau Comic-Book de chez 404 Comics, Everything de Christopher Cantwell et Ian N.J. Culbard est la pépite indé du moment. L’auteur nous amène en 1980 dans une petite ville du Michigan où toute la population se trouve chambouler par l’arrivée d’un Centre Commercial des plus modernes en son sein. Bientôt, la communauté se retrouvera irrésistiblement attirer par ce magasin quitte à se procurer tout et n’importe quoi y compris de objets dont ils n’ont aucune utilité personnelle. Mais certain(e)s habitants semblent suspecter quelque chose de louche par rapport à ce commerce Everything. Bientôt leurs investigations respectives les mèneront vers l’inimaginable !
Acide et corrosif.
Entre SF & Épouvante, Christopher Cantwell nous mène avec inventivité et bonnes inspirations dans un récit prenant. Une allégorie sur notre consumérisme , notre surconsommation et notre matérialisme par le biais de ce centre commercial “Everything”. Cette histoire est aussi bien inspirée de séries TV comme “Twin Peaks” ou “The Leftlovers” pour son côté mystérieux & étrange, ou bien encore “Invasion Los Angeles/They Live” (de John Carpenter) pour le message dénonçant le Capitalisme exacerbé via la Science fiction.
Une vraie critique acerbe et acide de notre consumérisme fulgurant et progressif via ce médium et ce récit marquant. Pas pour rien que l’américain Cantwell a roulé sa bosse comme producteur, réalisateur et showrunner sur des séries TV et comme auteur sur de nombreux comic-books. Il a une expérience et un acquis qui parlent pour lui.
Le tout est servi par les dessins et les couleurs de I.N.J Culbard. L’artiste anglais apporte sa touche coloré très pulp et flashy qui n’est pas sans rappeler les publicités US des années 50 et 60. Plutôt bien pour le thème et le message de l’histoire. Il n’en demeure pas moins que son trait colle aussi parfaitement quand il s’agit de montrer le côté horrifique et malsain de l’histoire.
Une nouvelle fois le tout figure dans un très bel écrin de 404 Comics, édité par Nicolas Beaujouan. Ce dernier a réussi à ramener cette histoire de chez Dark Horse Comics/Berger Books en VF chez nous.
En résumé, une nouvelle pépite indé qui marque la diversité et la qualité d’édition de 404Comics depuis un an. Une allégorie acide de notre société de consommation exacerbée et mondialisée via le prisme de la science-fiction et de l’épouvante. Everything is good! Une réussite en TOUT point!
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Comics Grinch râle beaucoup. Son origine vient de ses nombreuses grincheries envers BvS. Ayant gonflé sa petite amie avec ça, elle lui suggéra d'en parler avec d'autres. Ce fût chose faite.
Vénère Grant Morrison, conchie Mark Millar.
Everything est une oeuvre iconoclaste. Forte dans sa proposition, elle vous attrape et ne vous lâche plus du tout, trottant dans votre tête très longtemps.
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