Red Room de Ed Piskor chez Delcourt
Point(s) fort(s) :
Une violence pas totalement gratuite
Point(s) faible(s) :
Red Room est le nouveau titre indépendant du génial Ed Piskor. Un récit sur les vidéos de tortures et de meutres en straming que l’on trouve sur le Darknet et qui ne sera, bien évidemment, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’aspect légèrement comique et la (discrète) morale de l’histoire adouciront la violence.
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Editeur : Delcourt, Panini Comics
Piskor Sour
Red Room est le nouveau titre indépendant d’Ed Piskor (X-Men Grand Design) publié par Delcourt. Un volume composé de quatre récits snuff/gore à ne pas mettre (mais alors vraiment pas) entre toutes les mains.
Une provocation assumée
M’installant dans mon lit douillet, je me décidai à lire Red Room que Delcourt m’avait fait parvenir le jour même. Gérant au passage un peu de cuisine interne avec mon camarade Comics Grincheux, celui-ci me répondit dans le langage qui lui est (si) propre “Ah ben put*** tu vas déguster”. Je n’avais même pas pris le temps de regarder en détail la couverture qui aurait pu me mettre la puce à l’oreille. Car comme souvent, je lis les titres que je reçois sans même connaître leur pitch.
Lisant la préface d’Ed Piskor, le ton est clairement donné. Red Room est une provocation. Née de l’esprit taquin d’un auteur nourri aux slashers, à Stephen King et aux films gore sous-produits de vidéo-club.
C’est quoi une Red Room ?
Le pitch de départ tient sur un confetti. En effet, il n’a pour unique but que de nous plonger dans les tréfonds du Darknet. Enfin pour être plus précis, dans l’univers des Red Room. Alors je vais être honnête avec vous, je n’ai même pas envie de taper sur Google les termes pour vérifier que cela existe. Mais le principe serait de filmer en direct, de diffuser en streaming, une séance de torture d’un être humain suivi de son exécution. Basé sur le même principe de fonctionnement qu’une Cam Pornographique (avec un chat qui s’extasie devant les atrocités et paye pour obtenir des “faveurs” de bourreau, comme une énucléation ou autres joyeusetés). Donc si vous tournez déjà de l’œil, quittez la lecture de la review et oubliez Red Room. Pour les autres, on s’accroche à ses boyaux et on continue.
Violence gratuite ?
Dans ce genre de récits, malsains et ultra-violents, la lecture ne m’apparait soutenable que si deux conditions (au choix) sont réunies. A savoir que, selon moi, la violence doit servir un propos (ex : A history of violence) ou doit être humoristiques (ex : The Boys). Si je ne retrouve ni l’un ni l’autre, je fulmine et je démonte le titre (ex: Necronomicon et bon nombre de récits d’Alan Moore, plus sur le côté violence sexuelle). Suspens, qu’en est-il ici ?
Une tranchette de rigolade et une petite morale
Et bien je dirai qu’il y a un peu des deux. Le caractère outrancier de la violence procède plus d’un grand-guignolesque Tarantinien que d’un gore Deodatien. Ajoutons à cela la patte graphique d’Ed Piskor qui est très marquée “indé type 2000AD” et qui transforme le rendu graphique de la violence en une blague plus soutenable. J’ai fini par sourire quelque fois en lisant le titre et mis de côté l’aspect gore des tripes s’évidant des corps. Aussi, en cherchant bien, on retrouve une critique des dérives d’internet, du pouvoir de l’argent et une réflexion sur la responsabilité des créateur de nouvelles technologies. Ces dernières facilitant les comportements déviants, est-il de leur responsabilité d’y mettre fin ? Car comme le disait Rabelais “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”. J’essaie de caser cette citation à bon escient depuis le lycée. Je vous laisse là-dessus, j’ai des chatons à éviscérer.
Bref, avec Red Room, Delcourt propose un titre choquant, voulu comme tel par Ed Piskor. Le style particulier de l’artiste et le caractère outrancier de l’oeuvre permettent au lecteur de supporter la violence et la perversité du titre. A réserver aux adultes, aux fans du genre ou aux fans de l’auteur/dessinateur.
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