Ces jours qui disparaissent : une fable philosophique
Point(s) fort(s) :
Un récit aux accents psychanalytiques sur le rapport à soi-même.
Point(s) faible(s) :
Ces jours qui disparaissent Vous vivez votre vie sans vous soucier du lendemain, et soudain vous vous apercevez que des jours de vie disparaissent. Alors cela vous amène à un questionnement sur le rapport à vous-même et au temps. C’est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme qui s’aperçoit que sa vie lui […]
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Editeur : Glénat
Ces jours qui disparaissent
Vous vivez votre vie sans vous soucier du lendemain, et soudain vous vous apercevez que des jours de vie disparaissent. Alors cela vous amène à un questionnement sur le rapport à vous-même et au temps. C’est ce qui arrive à Lubin Maréchal, un jeune homme qui s’aperçoit que sa vie lui échappe progressivement, au profit d’un autre, une autre version de lui très différente. Ce qui apparaît comme étrange devient rapidement inquiétant.
Double identité
Nous sommes coutumiers de ces vies doubles, lecteurs de comics où les super-héros mènent une double vie partagée entre leur identité civile et leur identité super-héroïque. Par choix, par traumatisme parfois, mais toujours avec une lucidité assumée. Pour Lubin Maréchal, sa vie se dédouble de façon mystérieuse. Des jours de sa vie disparaissent sans qu’il ne mène d’activité nocturne parallèle. Ni de lutte contre le crime ou le mal. Le mal, c’est davantage celui qui lui prend du temps précieux. Et lui vole des jours entiers à son insu, et à son corps défendant. Car cet alter-égo ne lui vole pas uniquement du temps, mais aussi son corps.
C’est ce que Lubin Maréchal apprend au fil du temps. Ses amnésies sont le résultat d’un vol de temps et de corps, d’un dédoublement d’identité qui laisse la place à un autre. Il est en tous traits physiques identiques, mais au caractère bien différent. Lubin Maréchal est un jeune homme plutôt insouciant. toutefois son alter-ego est un jeune homme organisé, qui se montre plus obsessionnel que lui, structure sa vie d’une autre façon. L’un s’amuse, l’autre travaille. Et ce qui pourrait passer pour une symbiose profitable à chacun devient progressivement un conflit entre deux versions de soi, chacun bien décidé à ne pas céder de terrain. Là où Lubin Maréchal avait tenté d’engager un dialogue par caméra interposée afin de s’entendre avec cet autre soi, l’intime devient ainsi le lieu d’un conflit intrapsychique.
Une division subjective
Ces jours divisés mènent, et c’est la force de ce récit, à la mise en scène d’une division subjective progressive, tenant en haleine quant à l’issue. Si celle-ci paraît inexorable passé un point, nous suivons avec un intérêt mêlé de questionnement ce jeune homme qui voit filer entre ses doigts son temps. Et sa vie qui en découle, ses relations, ses amis et ses proches. L’autre gagne du terrain. Alors survient la question de quoi faire lorsque le temps vient à disparaître pour mener la vie que l’on désirait. Quelle issue face à ce qui semble inexorable ?
Lubin Maréchal est dépeint qui plus est comme un jeune homme sensible et attachant. Il est certes insouciant mais l’auteur nous évoque aussi ces années de plaisirs et de nonchalance. Lesquelles cèdent la place progressivement à un alter ego plus organisé, menant des projets sérieux. Et celui-ci se révèle assez impitoyable dans le temps qu’il gagne, sur le terrain qu’il remporte au fil du temps. Laissant Lubin sur le fil, celui d’une perte annoncée, famille, petite amie, sa vie, face à ce qui paraît le confronter à une impuissance. Celle d’une perte en effet, face au temps, face à un autre lui-même qui remporte la partie de ce conflit intrapsychique, mis sur la scène d’un quotidien familier.
« Ces jours qui disparaissent » se présente comme une fable métaphysique sur l’identité, sur ce qui compose l’individu et son rapport au temps, à sa vie et ses choix. L’auteur place dans un quotidien familier cette question du dédoublement, lequel pourrait évoquer un dédoublement d’identité si l’on s’en tenait à une lecture en surface. Si nous plongeons dans ces eaux profondes du récit, nous découvrons une histoire sensible sur ce qui nous transforme et nous fait parfois disparaître à nous-mêmes. Sur ce passage de la vie insouciante à la vie adulte qui nous rend progressivement étrangers à nous-mêmes, qui transforme notre rapport au temps et aux autres. D’un principe de plaisir au principe de réalité, ce récit aux accents psychanalytiques nous confronte avec tact et délicatesse à ce qui change en soi, à une perte d’une part de soi pour fonder notre soi en devenir. Non sans une part de nostalgie parfois. Mais est-ce perdu totalement ?
Ils ont kiffé :
Note: Ce récit a fait l’objet d’un envoi presse de Glénat que nous remercions.
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