[Review] Dans l’antre de la pénitence
Point(s) fort(s) :
Une histoire psychologique intéressante
Point(s) faible(s) :
Il se passe des choses perturbantes à San José en Californie. Sarah Winchester semble avoir perdu la raison et bâtit une maison très étrange.
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Editeur : Glénat Comics
Les plus chanceux meurent en premier
Il se passe des choses bien étranges à San José en Californie. Au début du XXe siècle, Sarah Winchester qui a perdu son mari et sa fille semble sombrer purement et simplement dans la folie. Avec la fortune héritée de son mari, elle fait bâtir par des centaines d’ouvriers une maison immense et biscornue dont certaines portes ouvrent sur le vide. A quoi riment ces travaux qui n’ont aucune logique ?
L’avis de Sonia :
Avec cet ouvrage, Peter J. Tomasi quitte les comics mainstream, dans lesquels on l’a beaucoup vu ces derniers temps, pour explorer le genre horrifique. Pour ce faire, Tomasi s’inspire d’une histoire vraie qui semble actuellement à la mode puisqu’un film sur le sujet est en préparation.
En effet, Sarah Winchester, personnage principal du récit, a réellement existé ainsi que son projet fou de bâtir une maison. La perte de sa fille puis de son mari semble avoir fait perdre raison à la pauvre femme qui, sur les conseils d’un medium, bâtit une demeure dans laquelle elle accueillera les esprits qui la tourmentent. L’idée étant que les travaux ne soient jamais terminés sous peine que les esprits s’en prennent à elle et ne la tuent. La maison est aujourd’hui célèbre sous le nom de Winchester House et se visite, il se murmure évidemment qu’elle est hantée.
L’aventure est ici racontée par Warren Peck, un homme sans foi ni loi qui, poursuivi par ses mauvaises actions, atterrit à Winchester House. Peter Tomasi a un réel talent pour poser une ambiance à la fois gothique et horrifique et parvient à faire rapidement sombrer son lecteur dans la folie ! Dans un premier temps, on a bien du mal à trouver une logique aux actions de Sarah et on se dit, comme sa famille, que ce ne serait pas plus mal de lui trouver une place à l’asile. Dans le même temps, on se prend vite d’affection et de pitié pour cette malheureuse femme qui place toute son énergie et sa fortune dans la construction d’une maison destinée à contenir les esprits mauvais et permettre aux bons de trouver la paix. Tomasi nous plonge dans une ambiance très marquée par le spiritisme, nous larguant dans une sorte d’Amityville angoissant. L’auteur est bien aidé en cela par le style de Ian Bertram qui rappelle le coup de crayon onirique et dérangeant d’un Joann Sfar. Ce style peut vraiment dérouter certains lecteurs mais colle très bien au ton du récit. La colorisation assez vive et sanguinolente de Dave Stewart apporte un caractère violent à l’ensemble alors que j’aurais, pour ma part, préféré un peu plus de nuances.
Dans l’antre de la pénitence est un voyage à travers la folie, Tomasi explore le travail de deuil que ne parvient pas à faire Sarah mais il s’appuie aussi sur la notion de rédemption à travers les ouvriers qui entourent la veuve mystérieuse, en particulier Warren Peck. La relation entre Sarah et Warren étoffe ce récit déjà dense en émotions. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce titre à la fois effrayant et suave mais je regrette un peu qu’on n’ait pas pris davantage de temps pour en tirer toutes les ficelles.
Dans l’antre de la pénitence est un titre horrifique qui n’a rien à envier aux films de maisons hantées dont il reprend les grands axes. Peter J. Tomasi s’inspire d’une histoire vraie pour explorer la folie de ses personnages ainsi que leur besoin de rédemption. L’esthétique particulière du style de Ian Bertram appuie le caractère glauque et perturbant du récit . Ce titre, bien que peut-être un peu trop court, est assez percutant pour vous faire frissonner.
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