Batman One Bad Day Bane – Le débrief psy des comics !
THE STORY – Batman One Bad Day Bane
Bane a enfin vaincu Batman. Il l’a brisé, l’a tué, et désormais il revit le match de façon répétitive, dans une mise en scène à la fois spectaculaire mais qui a perdu toute la saveur de cette victoire. En flash-backs successifs, Bane revient sur ce qui l’a conduit à cette victoire à la Pyrrhus, sur cette victoire qui a un goût de poison, un venin qui coule dans les veines et qui a aspiré tout sens à son existence. Il existe cependant un chemin vers une possible rédemption, au-delà de cette addiction, pour Bane habitué à se booster à la substance. Il devra retrouver celle de la vie elle-même.
LE DEBRIEF PSY
Batman One Bad Day : BANE relate le meilleur jour de Bane, et la pire journée à la fois. Le jour où il a vaincu Batman, sa vie est alors devenue vide de sens. Qu’attendre de la vie après que celle-ci ait été accomplie par ce que l’on y attend le plus ?
Le récit éclaire cette question qui aborde aussi la question du rapport à l’addiction. Cette dernière procède d’un principe équivalent : une fois la sensation procurée par une substance, un produit ou une activité addictive, qu’attendre des suivantes sinon le fait de retrouver la sensation première à jamais perdue ?
BANE est bien évidemment le personnage idéal pour aborder cette thématique de l’addiction et du manque. Pour rappel, il est un ennemi de Batman qui se booste au venin pour augmenter sa force, sa résistance, son endurance, et ainsi devenir un instant une version plus performante de soi-même. Mais vider de substance en parallèle tout ce qui constitue son identité, à travers ce qui manque au fond de soi et amène ainsi à pouvoir encore nourrir sa vie de désirs.
Batman n’échappe pas dans ce récit à ce questionnement sur le rapport à l’addiction : vouloir devenir une meilleure version de soi et courir sur les toits de Gotham à la poursuite de criminels ne s’apparente-t-il pas à une conduite addictive, boostant la vie de sensations qu’un Bruce Wayne ne pourrait jamais connaître.
La question du rapport à l’addiction
Au fur et à mesure de l’histoire aux dessins parfois impressionnistes, aux contours flous et puissants à la fois, s’esquisse un questionnement pour les personnages que l’on y croise. BANE en premier lieu vient interroger la question du sevrage, de la façon dont se passer d’un produit ou d’une activité addictive transforme, et renvoie alors face à soi-même, et à un certain vide de l’existence lorsque celle-ci a été conditionnée par une addiction qui a mené vers une action et une quête sans fin. Lorsque la quête prend fin, lorsque le spectacle de la répétition addictive mais insipide de sa victoire se trouve interrompu par un évènement qui le ramène face à la substance manquante, BANE entame alors un chemin vers son passé et son avenir, où des ténèbres le guettent.
Au détour d’une page nous apercevons dans une rêverie ce qui aurait pu amener BANE enfant à ressentir une angoisse d’abandon l’ayant conduit quelques temps plus tard à céder à l’addiction. Celle-ci permet de recourir à un objet qui ne fait jamais défaut, jusqu’à s’enivrer de sa présence. Le manque et l’addiction en jeu, Batman One Bad Day : BANE va illustrer le cheminement tortueux d’un individu qui cherche à trouver à nouveau un sens à la vie, quitte à affronter ses ténèbres, ses échecs et ses illusions. C’est à mettre entre toutes les mains !
Conclusion
One Bad Day : BANE met en scène le rapport à une addiction sous un jour contrasté, sans forcer le trait, sans caricature, en montrant de façon elliptique les questionnements d’un Bane dont le pic d’ivresse a finalement interrompu sa vie alors qu’elle était sensée lui apporter ce qu’il souhaitait le plus. Lui qui brisa Batman, c’est désormais lui, l’homme brisé, vidé de la substance qui l’animait et le berçait d’une illusion pour mieux l’endormir. Le réveil est douloureux, le corps de Bane traduit cette souffrance intérieure dans ce qui le courbe, l’étire, le rend musculeux, mais c’est le prix à payer pour entamer ce qui le changera à jamais. Un récit puissant qui résume la substance du personnage et qui aborde la thématique de l’addiction sans la nommer, la reliant subtilement aux questions du désir et du manque, de l’ivresse jubilatoire dont chacun peut être victime et responsable à la fois. Et de ce qui est nécessaire pour entamer un autre chemin empli de ténèbres et de doutes pour se retrouver.
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