Batman One Bad Day Catwoman – Le débrief psy des comics !

THE STORY – Batman One Bad Day Catwoman

Catwoman retrouve dans une vente aux enchères un bijou qui vient d’un épisode marquant de son histoire familiale. Le voler apparaît alors d’une évidence flagrante pour restaurer la justice. Mais quelle valeur comporte réellement un tel bijou lorsqu’il évoque une histoire douloureuse ? Et lorsque la valeur d’un objet tient aussi à la part de blessure qu’il contient, le dérober est-il toujours la meilleure idée de la journée ?

LE DEBRIEF PSY

Selina Kyle lève le voile sur un épisode de son histoire familiale et sur l’écho auquel cet objet renvoie implicitement dans sa perception du monde. À travers un objet, c’est parfois tout un pan de l’histoire telle que chacun se la raconte qui y recèle. Il est ainsi des objets perdus qui marquent profondément, renvoyant ici Selina Kyle à ce dont elle a manqué et qui l’a conduite vers le vol, le vol comme réparation.

Mais lorsque le sentiment d’injustice est ancré profondément, le vol ne comporte-t-il pas un penchant compulsif ? Chacun dans son passé peut trouver des épisodes d’injustice, et en déduire une représentation de la valeur des choses et des personnes. Le souhait de le réparer est parfois légitime mais s’entrouvre alors la question du prix à payer, d’une autre façon.

Une recréation du roman familial

Batman One Bad Day : Catwoman illustre la part du roman familial, la façon dont chacun recrée son histoire personnelle comme pour lui conférer le sens qui s’accordera ensuite avec ses choix conscients ou inconscients. Ce roman familial se compose de scènes telles que celle qui traverse par cet objet interposé le passé de celle qui se nommera Catwoman.

Ce qui compose l’identité de Catwoman réside notamment dans le fait de dérober, de se dérober aussi. De saisir les objets tout en demeurant insaisissable. Dans ce récit, il y un objet qui saisit la voleuse, lui commande de le voler tant il représente un élément de son passé qui justifie selon elle ses actions. Voler pour réparer, voler pour se réparer, et réparer aussi des personnes de son entourage intime. Cela oriente ainsi le désir-même de Catwoman, désir en tant qu’il constitue chacun de façon inconsciente.

Ici cet objet du désir rappelle notamment que “le désir est le désir de l’Autre”, ainsi que le définissait le psychanalyste Jacques Lacan. Batman One Bad Day : Catwoman illustre parfaitement cette idée, puisque son objet de désir, celui qu’elle ne pourra pas s’empêcher de tenter de dérober sera aussi l’objet de désir d’un Autre, avec un grand A car il représente quelqu’un de fondamental pour Selina Kyle.

Ainsi le désir est relié à la façon dont un objet est désiré par les autres, et à la valeur que ces autres lui accordent. Ce récit illustre aussi la façon dont la voleuse Catwoman demeure prisonnière de ses blessures d’enfance, et que si un chat possède neuf vies, les précédentes hantent encore les suivantes. 

Conclusion

One Bad Day : Catwoman confronte Selina Kyle à ce qui la rend libre, voler pour se faire justice, mais aussi à ce qui l’emprisonne, voler n’est pas tant un choix délibéré qu’une tentative sans fin de réparer des aspects de son passé. Celui-ci montre aussi l’écart qui existe sur ce plan entre la femme-chat et l’homme chauve-souris, chacun ayant manqué de choses différentes et ayant constitué celle et celui qu’elle et il deviendra. Et si Batman vient en aide à Catwoman dans ce récit, celle-ci se retrouve aux prises avec une blessure qu’aucun objet ne viendra combler ni réparer, tant l’objet ne fait que raconter une histoire qui n’est pas nécessairement la vérité en soi mais une version qui alimente le roman familial qui à la fois construit son identité, mais à l’instar de ce que représente cet objet, y enferme aussi dans une cage d’illusions. Trouver une réconciliation avec son passé nécessite parfois de renoncer, à un objet ou à des idées ancrées, quitte à passer une mauvaise journée ! Et un bon moment à la lecture de ce récit qui ne manque pas de subtilités.