Posté 25 avril 2018 par dans la catégorie Dossiers
 
 

Le Marvel Cinematic Universe et moi. L’avis de Matt (avec spoilers)

Marvel Studios

Cet article contient des spoilers sur les films Marvel Studios antérieurs à Avengers : Infinity War.

Préambule :
Voyez moi comme un spectateur lambda. Je ne suis pas le genre de mec qui s’enflamme pour des photos de tournage ou qui déteste un film un an avant sa sortie, persuadé que l’acteur casté “n’est pas le bon“. De même, les rumeurs de tournage, les ragots de productions et les valses de réalisateur ne m’intéressent pas. Enfin, j’essaie de voir le moins de bandes-annonces possible car elles spoilent des éléments que j’aurai aimé découvrir sur grand écran comme la Hulkbuster de Avengers 2, le Spider-Man de Civil War ou le Hulk de Thor 3. Je ne souhaite pas juger le film sur ce qu’il aurait pu être. Je prends le “produit” tel qu’il est, je le juge pour ce qu’il propose.

Du coup, je n’étais pas prêt en 2008 pour la scène post-générique du film, Iron Man. Voir débarquer le Nick Fury du comics The Ultimates annoncer à Tony Stark qu’il y a d’autre super-héros dans le monde a été une claque. A cette époque, les super-héros étaient tous dans leurs coins. Pire, la qualité de film comme Hulk, Catwoman ou Daredevil ne m’avait pas habituée à aimer mes séances de cinéma super-héroïques. Le plaisir de voir mes héros s’animer était là, pas celui d’assister à la projection de bons films.

 

-Phase 1-

Pourtant, Iron Man par John Favreau est une bonne surprise. Le film tient la route malgré un antagoniste sans saveur. Il est surtout porteur de promesses incroyables comme celle d’un univers cinématographique partagé.
Dès lors, le jeu pour moi est de repérer les clins d’œil et les allusions à ce futur Univers Cinématographique Marvel.

De ce point de vue, L’Incroyable Hulk est d’une très grande richesse. Evidemment, le film introduit l’Abomination mais aussi Betty Ross et son général de père mais les plus attentifs auront repéré Le Leader ou Leonard Samson, pas encore doté de sa chevelure verte. Cette profusion de clin d’œil ne sauve pas le film en revanche et, malgré tout mon amour pour Ed Norton, cette nouvelle livraison n’est qu’une origin-story de plus.

Thor aura le même soucis. Le film n’est pas totalement réussi même si la mise en scène du folklore asgardien est tout à fait réjouissante. En revanche, le Thor civil dans son bled du Nouveau Mexique n’est pas intéressant. Je commence à déchanter et Iron Man 2 ne me rassurera pas. L’arrivée de Black Widow et le running-gag autour de l’Agent Coulson fonctionnent plutôt bien.

Arrivé là, le MCU commence à ressembler pour moi à un pétard mouillé et, un peu échaudé, même le film Captain America n’arrivera pas à me réconcilier avec la licence. Le film passe mais pas de quoi se taper le cul par terre. Il faudra attendre Avengers pour que la confiance revienne et inutile de dire que je l’ai vraiment attendu.

Pourtant, après avoir revisionné ces films récemment, ma mauvaise humeur est passée. Ce ne sont clairement pas (tous) de bons films mais ils sont divertissant et, au regards de nombreuses productions actuelles, ils deviennent tout à fait pardonnables.

-Avengers Assemble-

Avengers doit réunir tout ça. Pire, il doit donner le ton de l’univers Marvel Studios. Captain A’ hérite d’un costume coloré, un nouveau Hulk est convoqué et, pour tenir tête à Iron Man, tout le monde se met à balancer des punchline. Le film joue sur un humour omniprésent, même dans les scènes qui n’en avait pas besoin. La rencontre entre Loki et Hulk tourne au cartoon façon Looney Tunes.

Rien ne vieilli plus vite qu’un clip musical. Image, effet de style, fringues et évidement la chanson, tout est ancré dans une époque précise. Je vous met au défi de trouver un clip qui ne soit pas daté. Du coup, souvent, ils passent mal l’épreuve du temps.
Avengers est le clip de l’univers Marvel. Le film est efficace, il place tout le monde sur des rails communs et donne le ton de ce que sera le MCU jusqu’à (au moins) Avengers : Infinity War, 6 ans plus tard. Pourtant, le film a mal vieilli. En le revoyant aujourd’hui, difficile de ne pas être frappé par des éléments totalement cheap qui m’avaient échappé à l’époque.
Reste cette fin et l’apparition de Thanos, sourire en coin. Le MCU est en train de construire un univers beaucoup plus vaste que ce qui nous a été donné de voir jusqu’à présent. Je me mets à chercher les références aux Gemmes du Pouvoirs en bon lecteur des 90’s, fan des Thanos Quest et autres Infinity Gauntlet.

 

-Phase 2-

Le ton est donné, la suite des films Marvel s’appuiera sur Avengers dans le fond et la forme.
Dans Iron Man 3, Tony Stark sera bourré d’angoisses suite aux événements de New York alors que les gags s’enchaînent, avec des armures dignes de Pierre Richard. Le film prend un vrai risque avec sa proposition autour du Mandarin et… j’ai adoré cette idée ! Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Les fans s’insurgent contre cet imposteur et Marvel Studios réagira doublement. Désormais, on ne sortira plus du cadre. On ne joue plus avec les mythes, on ne réinterprète pas les personnages secondaires. On préférera des versions aseptisées du Baron Zémo ou de Ego à des réinterprétations originales. Finalement, dans le court-métrage Hail To The King en bonus du blu-ray de Thor : The Dark World, Marvel Studios donnera raison aux fans et reniera le personnage incarné par Ben Kingsley.
Qui a dit “uniformisation” ?

Les suites continuent. Le deuxième Thor est (toujours) décevant même si il déborde d’éléments propices à enrichir l’univers. Une nouvelle gemmes, la nature des dieux Asgardiens (qui ne sont pas des dieux, donc), la relation entre Loki & Asgard et l’ouverture à de nouveaux royaumes sont des petits cadeaux pour le fan en moi. Malgré tout, ce film reste un blockbuster sans réelle saveur.

Je m’enflamme alors sur Captain America : Winter Soldier et Les Gardiens De La Galaxie.

-Réseaux Sociaux et Cassette Audio-

Cap’ propose un récit totalement en prise avec son époque. On y parlait de vie privée et de mauvaise utilisation de nos données sans attendre le scandale récent concernant Facebook et l’élection de Donald Trump. C’est fait de façon un peu facile mais dans un blockbuster international porté par Disney, c’est toujours ça de pris. Non ?
Le personnage de Bucky fonctionne pas mal également alors que Black Widow, éternellement sous-exploitée, gagne en envergure.

Les Gardiens de la Galaxie est pour moi le film de la hype. J’avais adoré le film Super de James Gunn pour sa violence, sa folie et son génie. Le voir arriver chez Marvel m’a fait rêver d’un film à cette image. Les Gardiens est pour moi un des meilleurs films du MCU malgré un Drax d’une bêtise affligeante. Le film a une vraie patte, un vrai ton. Son rapport à la musique est même justifié dans le scénario ! Et encore aujourd’hui, la magie opère.
C’est donc tout ragaillardi que je suis allé me faire souiller par Avengers : L’Ere D’Ultron. Passer d’un des meilleurs à un des pires films du MCU, c’est un grand écart qui aurait mérité un échauffement.

 

-Avengers Disasembled-

Le deuxième Avengers est porteur d’un message simple : l’essoufflement de la “méthode Marvel”. On sait que nos héros vont s’en sortir. On sait qu’il y aura une suite à l’univers. On sait que la menace doit être résolu en 2h. Le concept “Ajoute un méchant / Détruit un méchant” propre à de nombreux blockbusters est à bout de course mais je le supporte si le film m’apporte autre chose. Ici, l’évolution d’Ultron est ratée, la création de Vision, Scarlet Witch et Quicksilver aussi. Pire, le film a été victime de nombreuses coupes qui nuisent à la fluidité et la lisibilité de l’histoire (coucou Thor).
Avengers 2 ne sort pas de sa zone de confort et ne surprend jamais. On s’ennuie donc.

Ant-Man est une tentative de donner un style nouveau à un film de super-héros. On camoufle l’origin-story du personnage dans une histoire de braquage. Mouais… On zappe Hank Pym renvoyé au passé de l’univers. Mouais… On lie artificiellement le héros aux Avengers et au Faucon. Mouais…
La phase 2 s’achève sans saveur. Il va falloir se reprendre.

-Phase 3-

Arrive alors Captain America : Civil War. C’est le film Avengers 2 que j’aurai aimé voir. Je l’ai dit, quand on balance un méchant dans un film de super-héros, on sait qu’il va se faire poutrer. Il n’y a pas d’enjeu. Mais là, Cap’ ne peut pas tuer Iron Man et inversement. Il y a un peu de nouveauté.
Mieux : la séquence de fin se permet le luxe de nous faire croire qu’une baston “Iron Man + Bucky + Cap vs le méchant” arrive alors que non. Au moment où le film va devenir un blockbuster random de plus, il évite cette facilité. Civil War utilise plutôt bien les différents faits des films précédents et introduit deux nouveaux personnages plutôt réussis. Il prouve aussi que Marvel Studios peut apporter quelques modifications à sa recette de base… enfin POURRAIT apporter quelques modifications.

La suite, c’est Docteur Strange et Les Gardiens de la Galaxie vol.2. On est sur des rails.
Origin-story paresseuse d’un côté, suite sans saveur de l’autre. Les deux films se reposent sur leurs images et leurs effets spéciaux. Les quelques apports à la mythologie globale (l’Oeil d’Agamotto est une gemme, Adam Warlock est annoncé…) ne sauvent pas l’ensemble.

Les trois films suivants auront le mérite de tenter des choses et de sortir de cette fameuse zone de confort.

 

-Un vent de fraicheur-

Spider-Man : Homecoming s’appuie totalement sur l’Histoire du MCU et sur la bataille de New York vue dans Avengers. L’antagoniste joué par Mickael Keaton a des motivations autre que l’envie de détruire le monde. Le rôle de Tony Stark en mentor d’un ado envahissant fonctionne et ce Peter Parker est tout à fait attachant. Le film évite même l’écueil de l’origin-story. Il n’est pas sans défaut et je n’ai toujours pas compris l’intérêt de ce twist autour de M.J. Mais ce Spider-Man innove un peu et il a toutes mes faveurs.

Thor : Ragnarok de son côté bouleverse également son propre mythe. Thor perd ses élans shakesperiens et sa chevelure dans une cette libre adaptation de Planet Hulk très inspirée par le style de Les Gardiens De La Galaxie. Le film a le mérite de faire une proposition originale mais tout est trop artificiel. Dommage car c’est un des films Marvel Studios les plus fidèles aux designs de Kirby et à l’ambiance graphiques propres aux épisodes de Thor qui restent mes premiers pas dans les comics.

On notera que Ragnarok est le troisième film Thor et les troisièmes sont souvent “ceux de la déconstruction du héros”. Captain America 3 voit le héros rompre ses liens avec le Shield et perdre son bouclier, Iron Man 3 est marqué par la destruction de la maison de Tony et de ses armures alors que Thor 3 signe la destruction de Mjolnir et d’Asgard.
Dans le 3, Marvel pète ses héros.

Black Panther également tient plutôt par sa proposition que par son scénario. Des personnages féminins forts, un discours anticolonialiste à peine voilé et la critique de repli sur soi sont au cœur de ce film porté non pas par des personnages noirs mais par des personnages africains. Et c’est toute la différence. L’Amérique tente un blockbuster dans lequel les américains tiennent le mauvais rôle.
Alors oui : le scénario est faiblard, le combat de fin est ridicule et donc la forme n’est pas dingue mais Marvel Studios à tenté quelque chose sur le fond et le box-office lui a donné raison. J’espère que ce signal envoyé à Hollywood pourra participer à un renouveau des usages à Hollywood. Après tout, les super-héros ne sont-ils pas censés rendre le monde meilleur ?

 

-Bilan-

Après 10 ans d’Univers Cinématographique Marvel, j’ai tout de même des sentiments partagés. Il est difficile d’avoir un avis d’ensemble sur ces films qui vont du très bon au franchement mauvais. Pourtant, on est loin d’avoir une politique d’auteurs dans le MCU. Edgar Wright peut en témoigner, Natalie Portman ou Ed Norton ne cachent pas leur désaccord avec la maison mère à ce propos et il y a fort à parier que Kenneth Branagh ai du lui aussi faire des concessions avec son Thor. Pourtant, en dehors d’un humour présent jusqu’à l’overdose, chaque film est relativement différent de ceux qui le précèdent. Il n’est donc même pas certain que le MCU soit construit via une vision de producteur.

Reste que Avengers : Infinity War doit conclure les récits et les intrigues laissés en suspens depuis le tout début du MCU. J’ose encore espérer que le film soit un peu plus qu’un simple blockbuster de bagarre de façon à conclure avec panache ce premier cycle de 10 ans de super-héros Marvel au cinéma.

Spoiler sur Infinity War

Il l’est ! Il est plus qu’un simple blockbuster de bagarre mais ne conclue pas (encore) avec panache ce premier cycle de 10 ans de super-héros Marvel au cinéma.

 


 
Matt est animateur et producteur en radio et en télé depuis 2004. Autodidacte, il lance plusieurs programmes dont C'est Quoi Ton Job ? ou L'Upperground, récompensés par des prix nationaux. Avec La Sélection Comics, il parle de BD américaine au plus d'1.3 million d'auditeurs de Sud Radio, Vibration, Voltage et beaucoup d'autres. Il est le fondateur de LesComics.fr.