[Review] Black Panther
Point(s) Fort(s)
Un méchant passionnant
Une très belle plongée dans le Wakanda
La représentativité au top
Point(s) Faibles(s)
Des fonds verts immondes qui vide l'émotion
Black Panther vous fait découvrir le Wakanda et sa mythologie dans un très bon film où on sent la personnalité du réalisateur dans chaque élément.
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Univers Partagé : Univers Cinématographique Marvel
Le Roi est mort, vive le Roi !
L’avis de Comics Grincheux :
ire que j’attendais Black Panther relèverait de l’euphémisme. Un film dirigé par un réalisateur que j’aime beaucoup, Ryan Coogler, qui sait distiller un message politique dans chacun de ses films et traite de la communauté noire avec un brio évident. De plus, pour quelqu’un qui suit de près les questions liées à la représentativité dans les médias culturels, le film avait forcément quelque chose de particulier. Les premières images dopées à coup de Run The Jewels en fond sonore avait achevé de me convaincre. Ryan Coogler avait conservé son équipe et ça se sentait déjà. Plusieurs mois après, qu’en est-il vraiment ?
Une représentation ethnique au service d’un propos politique passionnant.
C’est sûrement la plus grande réussite du film, la représentation de la culture africaine n’y est pas qu’une façade et l’ensemble du long-métrage met cela en avant. Rien que l’introduction le fera comprendre, Ryan Coogler ayant une fascination totale pour ce que représente la Panthère Noire et le Wakanda. Véritable paradis fictif pour une communauté noire opprimée depuis des siècles par les blancs, le réalisateur embrasse pleinement le potentiel politique du film et met en œuvre une confrontation qui rappellera l’opposition idéologique entre Malcolm X et Martin Luther King. On assiste à deux conceptions du pouvoir et de l’héritage de la lutte pour les droits civiques dans un récit qui va voir s’entremêler les questions liées à l’héritage, l’immigration, le poids de la couleur de peau ainsi que la responsabilité d’être roi. Rassurez-vous, ce n’est pas indigeste car distillé adroitement par-ci, par-là mais il est certain que quelqu’un qui n’a que peu de passion pour ça n’y verra qu’un fil de super-héros de plus.
Pourtant, grâce à ça, vous obtenez un film qui sait se faire pertinent à travers des personnages puissants sur le plan idéologique mais aussi humains. L’ensemble des personnages du film sait être un symbole politique représentant une manière de conduire une Nation, donnant également une autre réflexion dans la continuité du travail actuel de Ta-Nehisi Coates. Surtout, le personnage de Killmonger se voit retravailler d’une façon qui met en lumière les difficultés que subit la communauté noire dans la société américaine et la façon dont cette communauté pourrait répliquer si elle décidait de prendre les armes.
Ce qu’il y a d’autant plus fascinant, c’est que ce sont des thématiques que Ryan Coogler aborde dans tous ses films et Black Panther est la preuve que le réalisateur n’a pas eu à se compromettre face à un studio qui a pourtant les moyens de contraindre ses partenaires. C’est d’ailleurs un contrepoint à Wonder Woman qui avait un propos pendant deux heures qui se faisait envoyer valser pendant le dernier quart d’heure. Là, le réalisateur tient son propos jusqu’au bout et si duel final il y a, avec quelques explosions, il n’y a pas de rupture de ton, les personnages restent ce qu’ils incarnent.
Une réalisation léchée salie par des fonds verts.
Ryan Coogler est un réalisateur qui aime les plans léchés, à l’esthétique travaillée. Retrouvant son équipe technique habituelle, il peut ici continuer à mettre cela en pratique.
On se retrouve alors face à une très bonne réalisation, rehaussée par une photographie et une colorimétrie qui mettent en valeur les couleurs et la chaleur visuelle du Wakanda. Il n’y a qu’à voir comme les rouges ou les jaunes ressortent lors de certaines scènes, c’est certainement un des plus beaux films de super-héros, sur cet aspect. De plus, le réalisateur sait mettre en valeur les aptitudes de T’Challa, à travers des scènes d’action bondissantes et énergiques, en témoigne la séquence d’action située vers le milieu du film, mettant autant les capacités physiques que technologiques du héros en avant, sans oublier sa Dora Milaje.
Mais il y a un gros problème qui est un syndrome plus large des blockbusters actuels, c’est le tournage en studios. Ici, même si on a des paysages naturels sur quelques plans, ils sont vite dégagés au profit de fonds verts qui tranchent avec le reste. Tout parait artificiel, lisse et finalement factice. Ce qui est d’autant plus dommage que ça choque lors de certaines séquences, notamment les duels ou bien le final, gâchant quelque peu leur impact émotionnel. Bon, rassurez-vous, on n’est pas au niveau du final de Wonder Woman ou de BvS. Ce n’est pas très propre mais la science du cadrage et de la chorégraphie de Ryan Coogler permet de compenser les choses.
Puis, il faut parler de cette bande-son portée par Kendrick Lamar qui a supervisé un album entier sur le film et dont certains morceaux se retrouvent ici sans oublier les compositions de Ludwig Goranssön, mêlant beats hip-hop et sonorités tribales africaines. Un régal pour les oreilles !
Un scénario prévisible porté par des acteurs au sommet.
Le concert de louanges doit aussi être tempéré par la présence d’un scénario assez simple et prévisible. Si la première partie est surprenante et parvient à donner le change, la seconde partie devient extrêmement prévisible dans son déroulement, notamment à cause de facilités habituelles dues au cahier des charges.
Mais il y a un aspect qui fera plaisir à certains, c’est le peu de présence de l’humour. Le film a ses moments drôles mais c’est géré de façon très organique dans le récit. Ça ne dénature ni le propos ni la portée dramaturgique des séquences. Finalement, c’est ce qu’on pourra retenir du film, l’ensemble est harmonieux, cohérent et donc organique. Que ce soit le comportement des personnages, leur psychologie, etc. Surtout, le film parvient à doter le MCU d’un méchant qui tient la route, qui a des motivations compréhensibles et porte en lui le poids d’une culture dénigrée. Michael B. Jordan porte à merveille ce rôle sur ses épaules et donne le change à un Chadwick Boseman charismatique en diable.
L’exploration de la mythologie et du folklore habituel du Wakanda n’est pas en reste puisqu’on retrouve les Dora Milaje où les actrices ont vraiment le feu, mettant en avant de manière non-sexualisée leurs prouesses martiales. Et impossible de terminer cette review sans citer la présence de Daniel Kaluuya, l’acteur de Get Out, l’autre grand film sur la cause afro-américaine, toujours aussi juste. Bref, l’ensemble des acteurs porte le film et l’emmène vers de grands moments.
En bref, Black Panther est une véritable réussite. Un film qui parvient au compromis entre le cahier des charges et la vision d’un réalisateur sûr de lui. Le film porte la rage et la combativité d’une communauté longtemps laissé aux abonnés absents et se dote alors d’un propos politique conséquent et passionnant. On déplorera juste la présence de fonds verts disgracieux et d’un scénario prévisible, surtout dans sa deuxième partie.
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