Nicky Larson : Les Charlots font du Shonen !
Point(s) Fort(s)
Du rythme.
Des bastons travaillées.
Des plans iconiques.
Point(s) Faibles(s)
Un Fan-Service nostalgique qui peut déplaire.
Rarement une comédie française avait autant fait parler d’elle ! L’annonce de Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, écrit et réalisé par Philippe Lacheau, avait déchaîné internet, tant par son aspect atypique que par les craintes qu’il générait chez les fans de l’oeuvre originale : le manga City Hunter de Tsukasa Hōjō.
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L’annonce de Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, écrit et réalisé par Philippe Lacheau, avait déchaîné internet, tant par son aspect atypique que par les craintes qu’il générait chez les fans de l’oeuvre originale : le manga City Hunter de Tsukasa Hōjō.
Le Cinéma Français, c’est de la merde !
Je préfère le dire tout de suite, je suis le genre de connard snob qui part avec un énorme a priori sur les comédies françaises en général. Certes, il y a toujours des exceptions, mais elles se sont faites rares ces dernières années.
Pourtant, cette annonce avait éveillé ma curiosité. Je ne connaissais que très peu le travail de Philippe Lacheau, et voir un tel projet émerger en France me semblait pour le moins inhabituel.
D’autant que Lacheau affirmait à plusieurs reprises qu’il s’agissait bien pour lui d’adapter Nicky Larson, et pas City Hunter. Devait-on s’attendre à un nanar franchouillard écrit d’après les flous souvenirs d’ado du brave Fifi ?
Si la France est bien “l’autre pays du Manga”, il existe pourtant des scissions parmi les fans de bande dessinée japonaise et d’anime dans notre beau pays.
On trouvera, par exemple, d’un côté ceux qui vouent un culte au Club Dorothée pour tout ce qu’ils ont découvert grâce à lui, et de l’autre, ceux qui accusent l’émission d’avoir charcuté des oeuvres majeures avec une censure très présente et des version françaises alambiquées.
Rigoristes et nostalgiques se font face régulièrement et cette annonce d’un film Nicky Larson made in France peut être vu comme le paroxysme de cette confrontation.
On oublie parfois que la France et le Japon sont intimement liés. Si Mireille Mathieu et la passion de Jacques Chirac pour le Sumo sont la partie visible de l’iceberg, il faut aussi savoir que beaucoup de mangas s’inspirent de la culture française. Par exemple, Cobra est le sosie de Belmondo, tandis que Char Aznable, principale antagoniste de la série Mobile Suit Gundam, tient son nom d’un célèbre chanteur francophone.
Les Charlots font du Shonen !
L’humour français et l’humour japonais partagent également quelques affinités, notamment basés sur la présence de jeunes filles sexy en uniforme et porte-jarretelles. Un cliché que l’on retrouve autant dans les comédies hexagonales des années 70 que dans les shonen tels que City Hunter.
Nicky Larson et le Parfum de Cupidon est avant tout une comédie d’action.
Pour ce qui est de l’humour, on alterne entre situations décalées et vannes un brin potaches par-ci par-là.
Si le film ne m’a pas fait mourir de rire, je pense qu’il rempli plutôt bien son objectif sur ce point, ne devenant jamais lourd ou répétitif.
Du côté de l’action, j’ai été agréablement surpris par les scènes de combats, offrant des chorégraphies rarement vues dans une comédie française.
Le tout est hyper rythmé et même s’il m’a fallu quelques minutes pour rentrer dans l’univers installé par Lacheau, le film ne souffre d’aucun ralentissement majeur, alternant gags et scènes d’action de façon naturelle et dynamique.
100t
On ne va pas se mentir, adapter Nicky Larson sous l’ère #MeToo est un exercice périlleux.
Macho, obsédé, sexiste, vulgaire, notre ami Nicky, ou Ryô Saeba pour les puristes, est loin d’être un modèle à suivre avec la gente féminine.
Héros masculin répondant à tous les clichés du genre, des grosses pétoires phalliques aux jeunes filles innocentes en détresse, il ne trouverait pas vraiment sa place dans les fictions modernes.
Pourtant, Lacheau prend le risque et retranscrit plutôt bien le caractère de Larson.
S’il est atrocement pervers et lourd avec les femmes, il est aussi un loser, plus proche de l’érotomane que du séducteur. Nicky n’est pas montré comme un gagnant et Laura est toujours là pour lui rappeler que son comportement est déplacé.
L’alchimie entre les deux personnage est d’ailleurs l’une des réussites du film. Leur psychologie est plutôt bien retranscrite et on en vient à regretter que certaines scènes n’aient pas creusé cette relation.
Si Lacheau manque parfois un peu de charisme pour incarner la froideur d’un Ryô Saeba dans les séquences plus sérieuses, Élodie Fontan campe une Laura un peu trop douce et pacifique.
Le reste du casting est plutôt bon : Tarek Boudali et Julien Arruti jouant des comic reliefs efficaces, pendant que Didier Bourdon, que j’apprécie tout particulièrement, verse ici dans le minimum syndical, mais avec sympathie.
Mention spéciale à Kamel Guenfoud qui incarne Mammouth à la perfection.
Un Après-Midi de Folie !
Cette adaptation souffre indéniablement de quelques limites de budget, mais sait en jouer, transformant les costumes ressemblants mais un peu cheap et la photographie parfois digne d’une web-série en arguments cartoonesques qui aident à faire passer la pilule.
Le film surfe indéniablement sur la nostalgie de son public, trentenaires et plus, ayant grandi devant le Club Dorothée.
À l’image d’un Ready Player One à la française, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon enchaîne clin d’oeil, caméos et références pour assurer un fan service pas indispensable, et souvent sur le ton de la dérision, mais diablement percutant.
On accroche ou on accroche pas, mais on ne peut pas remettre en cause l’efficacité du procédé dans cette démarche de revival totalement assumée.
Dans la même veine que les scènes de combat très efficaces, on trouve plusieurs plans iconiques semblant tout droit sortis de l’anime. Des hommages propres et sans bavure qui méritent d’être salués et qui donneront mêmes quelques frissons aux amateurs.
En bonus, le film se paye le luxe d’avoir un véritable scénario, pas débile du tout, avec, cerise sur le gâteau, un twist final qui m’a vraiment pris de court !
Get Wild !
Mon frère, en toute retenue, qualifie Nicky Larson et le Parfum de Cupidon comme “la meilleure comédie française de ces dix dernières années”. En toute objectivité, le film étant assez atypique dans sa catégorie, il pourrait sans mal postuler à ce titre, sans forcément le décrocher. La faute à un grand public imperméable aux références et à des amateurs trop élitistes pour revenir sur leur première impression.
Si le film de Philippe Lacheau et sa bande est loin d’être parfait, il est empreint d’honnêteté. Fidèle à l’esprit du dessin animé de notre enfance, il est, au-delà de son caractère d’adaptation, un bon film.
Une vraie surprise, qui prendra à revers jusqu’aux plus sceptiques de la première heure.
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