La psychologie au centre de l'histoire Les origines du Joker révélées
Point(s) Faibles(s)
L'animation, en particulier à la fête foraine Le rythme nuit au récit
En résumé...
Batman : The Killing Joke, l’adaptation de la BD du même nom, est dispo en DVD pour moins de 2 euros chez certaines boutiques de déstockage. L’occasion de se faire enfin un avis sur ce film pour ce loser de Matt, même pas foutu de le télécharger.
Infos Techniques
Realisation : Sam Liu Inspiré D'un Comics De : DC Comics
Batman : The Killing Joke est l’adaptation animée de la BD du même nom signée Alan Moore et Brian Bolland. Co-produit par Bruce Timm, le film de Sam Liu est désormais dispo pour moins cher qu’un sandwich dans certaines enseignes. L’occasion pour nous de découvrir enfin ce film et de vous en proposer un avis.
L’avis de Matt :
J’ai trouvé le film neuf, en DVD, chez Noz et ce pour moins de 2€. J’ai réalisé que je n’avais pas pris le temps de le regarder depuis sa sortie.
On va donc réparer cette erreur.
Attention à tous les lecteurs intégristes, je ne vais pas faire de comparaison entre The Killing Joke d’Alan Moore et Brian Bolland et Batman : The Killing Joke, le film animé. On va tout simplement se poser la question “est-ce un film réussi ?”. Prêt ?
Le film commence par un prologue centré sur Barbara Gordon, fille du commissaire Gordon et justicière sous le masque de Batgirl. La scène d’action mélange animation traditionnelle et Batmobile en images de synthèse pour un rendu assez médiocre. D’ailleurs, on notera dès le début du film quelques détails un peu gênants comme de nombreux dialogues totalement machistes. Même Batman est relativement détestable avec elle (globalement, il est détestable avec tout le monde dans le film). Le mâle alpha face à une faible femme. Un macho, donc, doté d’une VF étrange. Je vais devoir m’habituer à cette voix pour le justicier de Gotham.
Bref, ça part mal.
Non mais “allo”, quoi *
Le graphisme et le design des personnages est assez sympa. L’animation est plutôt réussie au début du film (mais se gâte assez vite) malgré le rendu horrible des séquences routières. Les premières scènes de combats fonctionnent bien. Batgirl bouge d’ailleurs de façon impressionnante alors que Batman reste statique autour de bandits déjà vaincus.
* regarde le film pour comprendre
Le film s’intéresse à une relation amoureuse entre Batgirl et Batman faite de ressentiment et de frustration. Les deux héros
SPOILER – cliquer ici pour le lire
vont rapidement coucher ensemble.
Dès lors, Barbara, se sentant rejetée par Batman, retourne à sa vie civile. Le film change alors d’ambiance et abandonne un sous-texte pourtant pas inintéressant. La fascination qu’on exerce sur quelqu’un et le pouvoir qui en découle, la manipulation amoureuse, le besoin de reconnaissance… Finalement, si les super-héros existaient, ne serions nous pas prêts à tout faire pour qu’ils nous remarquent ? Qu’ils nous façonnent à leurs images ? Qu’on devienne ainsi important ? Barbara devient Batgirl pour exister dans les yeux du héros. Elle s’offre entièrement au justicier et à sa cause. Elle arbore même ses couleurs. Malgré tout, elle se sent rejetée car le héros ne la juge pas à la hauteur. Il y avait vraiment un truc à creuser sur la fascination qu’exercent les héros, les stars et les gens connus sur le public.
Trop tard, le film est parti dans une autre direction.
L’homme qui rit
Le Joker fait alors son entrée dans le récit. Dès lors, le film nous rappelle qu’il n’est pas un dessin animé pour les plus jeunes. La cruauté du personnage, le look de ses chérubins ou le faciès de ses victimes traumatiseront probablement les moins de 10 ans.
L’introduction du Joker est plutôt réussie. On découvre les victimes avant de s’intéresser au criminel. On revient alors sur la fascination (encore une fois) qu’il exerce sur Batman mais aussi sur Barbara Gordon, terrorisée par Le Joker depuis qu’elle est petite. Les auteurs en profitent par aligner quelques références, que ce soit des noms de personnages comme Catwoman ou des covers de comics cachées dans des archives.
Lors de flashbacks réguliers, on revient sur l’histoire du Joker avant le monstre. Un comique raté, futur père de famille mais déjà fauché et angoissé. Son histoire tragique, évidemment, dans la plus pure tradition des romans noirs donnera l’occasion de reprendre quelques pages iconiques de la BD.
En parallèle, on assiste à l’enquête de Batman pour retrouver le criminel alors que Le Joker s’emploie à briser psychologiquement le commissaire Gordon.
Une sinistre blague ?
The Killing Joke n’est pas un mauvais film. Le visionnage dure 1 heure 15 minutes, on ne s’ennuie pas mais rien n’est vraiment captivant. La faute à un gros problème de rythme qui fait que tout est très vite expédié. On n’a pas le temps de trembler pour un héros traumatisé que Batman est déjà là ou que le récit passe à autre chose. J’ai trouvé que tout allait trop vite. Le prologue du film rognant sur le temps de l’histoire, il a fallu condenser la trame de la BD pour tout faire tenir en moins de 75 minutes. Franchement, c’est dommage.
Dommage car The Killing Joke est une histoire psychologique.
Tous les personnages sont fascinés par l’un des autres protagonistes. Le film montre qu’il est facile de sombrer dans la folie. Ce n’est pas une course-poursuite, un braquage ou un combat. C’est une histoire de manipulation qui aurait mérité, il me semble, plus de temps pour s’installer. J’ai du mal à m’intéresser à ce qui se passe quand tout va si vite, à me montrer empathique avec les personnages. J’aurais aimé que le film ne s’offre ne serait-ce qu’un petit quart d’heure de plus pour installer ses personnages.
Batman est froid au possible. C’est un monolithe. Il ne parle pas, se bat à peine et se montre hautain et détestable. Il n’est même pas héroïque. Il m’a juste paru agaçant et son monologue final, digne d’un discours politique, est la cerise sur le gâteau.
Pour en savoir plus sur The Killing Joke, le comics dont est adapté le film, je vous invite à regarder l’épisode de Comics Cult que Chris lui a consacré.
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Matt est animateur et producteur en radio et en télé depuis 2004. Autodidacte, il lance plusieurs programmes dont C'est Quoi Ton Job ? ou L'Upperground, récompensés par des prix nationaux. Avec La Sélection Comics, il parle de BD américaine au plus d'1.3 million d'auditeurs de Sud Radio, Vibration, Voltage et beaucoup d'autres.
Il est le fondateur de LesComics.fr.
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