Batman One Bad Day Le Sphinx

Elémentaire !

Mon premier est ce que l’inconscient ignore

Qu’est-ce qu’une énigme qui n’a pas de réponse ? Batman Le Sphinx : One Bad Day pose une question qui cette fois illustre le sens profond de l’énigme. Tom King nous emmène dans un récit troublant, avec une vue subjective suffisamment prenante pour produire une plongée dans la vie intime des protagonistes. Mitch Gerads nous offre des planches brossées, aux tons qui font passer le lecteur de scènes en scènes qui se téléscopent et tissent la trame d’un questionnement traversant la psyché d’Edward Nygma et conduisant à des actes inédits.

Mon deuxième est la ponctuation du Sphinx

Le Sphinx voit ainsi son passé revu dans ce récit, entre un père tyrannique et une mère absente. Un père froid et ambitieux pour son fils, amenant le jeune Edward à suivre le souhait de ce père d’être le meilleur quant à ses capacités intellectuelles. Au cours de sa scolarité brillante, Edward rencontre l’énigme incarnée, celle qui dépasse la connaissance pour faire appel au raisonnement. Nous assistons ainsi méthodiquement à travers un enchaînement et un ensemble de relations compliquées à la destruction progressive d’Edward Tierney et à la naissance d’Edward Nygma. A cela s’ajoute un mystère irrésolu, quant à l’identité de la mère du jeune Edward. Et nous arrivons ainsi, entre le père tyrannique, le professeur et ses énigmes, et la mère absente au complexe œdipien du Sphinx. Irrésolu pour le pire ici.

Mon tout est l’ultime énigme

L’histoire d’Edward Tierney tisse alors une trajectoire entre deux énigmes. Celle de la question du couple parental et de son secret, y compris de son secret de fabrication. Comment le jeune garçon imagine la scène d’amour entre son père et sa mère, celle qui augure sa naissance ? Voici sans doute l’énigme primordiale, et le récit montrera comment le jeune Edward Tierney s’y trouvera confronté et quelle résolution il apportera à cette énigme fondamentale qui le taraudait en son for intérieur. De cette énigme qui le constituera, Edward Nygma traversera alors le point qui le limitait jusqu’alors. Il montrera l’ampleur terrifiante d’une intelligence vouée à la connaissance et à la manipulation. Passant outre le principe de l’énigme posée comme un jeu, il posera alors l’énigme ultime, de celle qui concerne les rapports des uns aux autres : que veut l’autre, réellement ? L’énigme consisterait alors à y répondre par un jeu de piste. Lorsque l’énigme cesse de faire semblant pour exploser les codes et les limites, alors celui qui incarne la Loi, Batman, passe véritablement une mauvaise journée. De celles qui changent à tout jamais le statu quo.

Un récit prenant qui plonge dans les méandres de la pensée la plus énigmatique de l’univers Batman. Tom King et Mitch Gerads proposent un Batman Le Sphinx : One Bad Day susceptible d’entrer dans la même catégorie qu’un « Killing Joke » en ce qui concerne le dévoilement du personnage et son lien des plus ténus avec Batman. Lorsque l’énigme cesse, le mystère se dévoile et la terreur inquiétante qui l’accompagne. L’énigme du Sphinx est ici à son apogée et c’est toute l’énigme humaine qui est convoquée dans ce qui tisse le rapport à l’autre, à la connaissance, au savoir, au mystère de son histoire et à l’énigme fondamentale tapie au fond de chacun. Alors, qu’est-ce qu’une énigme qui n’a pas de réponse ? Lisez, si vous osez. Au risque de passer un very bad day.

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