Camelot 3000

Pas de Ni !

Camelot 3000 est une série qu’il convient de replacer dans son contexte pour en saisir toute l’importance historique. C’est l’une des premières, si ce n’est la première à être publiée en format maxi-série chez DC Comics. Elle fût aussi marquée par un chemin tortueux et sinueux avant d’être finalement publiée. Refusée une première fois par la distinguée concurrence, elle fût acceptée chez Marvel en format série régulière mais cela n’aboutît pas. Finalement, Mike W. Barr retourna chez DC et elle fût acceptée dans un format limité avec Brian Bolland aux dessins.

Tout cela ne sert pas à gagner des lignes mais à comprendre que le comics que Urban nous propose de redécouvrir dans ce superbe format Cult est culte. Et il le sera d’autant plus si vous aimez, comme moi, les légendes arthuriennes. Ici, contrairement au récit écrit par Cullen Bunn, Unholy Grail, pas de réécriture sous un nouvel angle de la quête du Graal. Mike W. Barr est un grand fan de ces légendes et il a embauché Sally Slocum en tant que consultante sur la série. C’est d’ailleurs elle qui avait créé un cours qui avait inspiré l’auteur, ce n’est donc qu’un juste retour des choses.

Un récit intemporel !

L’histoire que nous présente l’auteur emmène Arthur dans le futur, en l’an 3000 pour être précis (bah oui, c’est dans le titre) où il est réveillé au milieu d’un monde en proie au chaos. Il va rapidement être considéré comme le sauveur, ce qui ne plaira pas aux dirigeants des grandes puissances mondiales. Le récit est d’une grande efficacité, non seulement parce qu’il respecte la légende arthurienne mais aussi parce qu’il prend des libertés pour aborder des thèmes novateurs pour l’époque et qu’il est d’une efficacité redoutable. Pour récupérer ses chevaliers, Arthur va devoir réveiller leurs âmes, encore contenues chez des individus normaux.

Le récit parvient donc à maintenir du suspense et cela va lui permettre d’aborder la question du genre, un sujet tabou à l’époque, d’autant plus que le Comics Code Authority était encore en vigueur même si en perte de vitesse. Ainsi, des thèmes comme l’homosexualité et la confusion du genre seront frontalement abordés au travers d’un personnage. C’est à la fois très réussi et encore d’actualité et cela mérite d’être souligné. Une raison de plus de souligner à quel point les comics ont toujours suivi les sujets de société et ont toujours osé les aborder, peu importe l’époque.

Le scénario va donc réadapter à la sauce futuriste les aventures de la Table Ronde, en prenant en compte le contexte et un aspect politique impossible à effacer. La fidélité frappera donc les initiés et permettra aux néophytes de connaître cette fabuleuse histoire. Mais c’est aussi dans ses trahisons que Mike W. Barr montre tout son talent et l’intelligence de son récit. Les personnages étant des réincarnations, ils réagissent en fonction de leur passé et de ce qu’ils ont déjà vécu.

Un travail artistique d’exception !

Du côté des dessins, Brian Bolland excelle avec un style fin et précis. Les pages sont superbes, pleines de détails et avec une précision de chaque instant. Il y a la fois un trait réaliste, Brian Bolland excellant dans la reproduction des corps, et plein d’imagination lorsqu’il s’agit de mettre en scène la nouvelle Camelot et les extra-terrestres. Chaque chapitre montre une évolution de son style, toujours plus riche. La colorisation a vieilli, évidemment, mais elle parvient à mettre en valeur le superbe dessin avec des ambiances très réussies.

Bref, Camelot 3000 fait partie de cette race de récit incontournable et intemporel. Un chef d’œuvre qui respecte la légende arthurienne, sait la twister quand le besoin s’en fait sentir et où Mike W. Barr se réapproprie certains aspects pour faire sa légende. Excellemment rythmé, superbement dessiné, si vous avez 35€ à dépenser ce mois-ci, c’est là qu’il faut les mettre !

Ils ont kiffé :

Retrouvez Camelot 3000 chez Excalibur Comics !