Gerard Way présente Doom Patrol Volume 1
Point(s) fort(s) :
L'amour des personnages fracassés par la vie.
Une vision plus loufoque de la Doom Patrol.
Les dessins et la colorisation, splendides.
Point(s) faible(s) :
Gerard Way présente Doom Patrol est une excellente lecture grâce à sa grande sincérité. Sous l’aspect parfois brouillon de la narration, sous la parfois agaçante reprise des concepts de Grant Morrison, il y a quelque chose de nouveau. Une sincérité et un amour de l’étrange qui s’exprime à chaque page.
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Editeur : Urban Comics
Dada Nada !
Gerard Way était déjà quelqu’un de bien connu dans le monde musical grâce à son groupe : My Chemical Romance. Avec Umbrella Academy, il a acquis une notoriété dans le monde des comics. Cette série, désormais adaptée chez Netflix, était fortement inspirée par la Doom Patrol de Grant Morrison. La boucle est désormais bouclée et l’apprenti peut rendre hommage au maître.
Clairement, on sent l’amour de l’ex-musicien pour l’auteur écossais. Certainement trop diront certains puisqu’il pose son récit comme une suite à celui de Grant Morrison, pourtant terminé depuis plusieurs décennies maintenant. Il en reprend les concepts comme Danny La Rue, les personnages et le discours méta. Pourtant, il parvient assez facilement à mettre sa patte dessus.
On sent la musicalité de Gerard Way avec sa gestion du rythme, entre accélérations, pauses bienvenues et reprises très rapides. Surtout, si Grant Morrison faisait dans le punk, son héritier fait dans le rock psychédélique. Pour cela, il est aidé par Nick Derrington aux dessins et par Tamra Bonvillain à la colorisation. Leur travail est superbe, les compositions débordent d’idées mettant bien en scène la folie des scripts de Gerard Way et les couleurs explosent la rétine. Elle est une de mes coloristes préférés dans le monde des comics et elle confirme ici tout son talent. Le trait de Nick Derrington est aussi d’une clarté et d’une pureté incroyable donnant un résultat très propre. Il parvient à jongler avec différents styles afin d’embrasser le discours méta de l’auteur.
Pour autant, contrairement à Grant Morrison, Gerard Way fait moins dans le travail psychologique sur les laissés pour compte que l’expérimentation sur des concepts farfelus avec extraterrestres au look étrange et discours méta très prononcé, parfois trop. Car si le premier arc est très agréable, le second part parfois dans tous les sens. Pourtant, chez les deux, il y a cet amour des personnages étranges et fracassés par la vie.
Un comics sincère
En effet, Grant Morrison a une façon à lui d’écrire, jouant à la fois sur la suspension de crédulité du lectorat, des jeux sur le symbole, une construction sur la durée et des rappels à la continuité fréquents. Gerard Way ne joue pas là-dessus, se basant avant tout sur son amour des comics et des histoires étranges afin de construire des histoires qui empruntent surtout aux récits de SF pulp dopées avec une narration moderne pour réfléchir sur la situation actuelle des comics. C’est dommage parce que l’ensemble perd alors en consistance.
Néanmoins, cela ne signifie pas que cela soit désagréable à lire. Bien au contraire. La narration de Gerard Way fonctionne à fond, surtout parce qu’il aime profondément ses personnages flingués et qu’il ajoute une couche d’humour bienvenue, lui aussi totalement décalé et qui n’existait pas chez Grant Morrison. Il en profite pour en inventer deux nouveaux : Casey et Sam qui lui permettent de modifier l’approche et ne pas singer seulement Grant Morrison. Ils expriment la perte de repères et de sens que l’on peut ressentir à certains moments de nos vies. On sent beaucoup de Gerard Way là-dedans. De manière très générale, j’ai le sentiment que Gerard Way injecte beaucoup de lui, de ses frustrations, de ses interrogations dans l’œuvre. L’auteur est d’une sincérité désarmante, notamment dans sa postface. Alors, je parviens à pardonner les défauts de construction des douze épisodes.
L’alchimie qui existe entre l’auteur, Nick Derrington et Tamra Bonvillain renforce encore cela. L’ensemble sonne vrai, il y un amour du médium de l’étrange qui résonne dans chaque page, dans chaque détail et dans chaque couleur. Les autres chapitres, dessinés par Mike Allred et Jeremy Lambert sont tout aussi splendides, mettant en avant cet aspect plus pop-art et psychédélique de cette version de la Doom Patrol.
Bref, Gerard Way présente Doom Patrol est une excellente lecture grâce à sa grande sincérité. Sous l’aspect parfois brouillon de la narration, sous la parfois agaçante reprise des concepts de Grant Morrison, il y a quelque chose de nouveau. Une sincérité et un amour de l’étrange qui s’exprime à chaque page.
Retrouvez Gerard Way présente Doom Patrol Volume 1 chez Excalibur Comics !
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