Heroes in Crisis
Point(s) fort(s) :
Des artistes en feu
Tom King et la gestion du trauma
Un récit d'auteur mainstream
Point(s) faible(s) :
Le fond au détriment de la forme ?
Un choix de protagonistes par nécessairement justifié.
Le male-gaze (Grincheux)
Heroes in Crisis est de sortie ! Dans ce récit Tom King, accompagné en majorité de Clay Mann, propose de nous montrer les traumas quotidiens engendrés par la lutte contre le crime. Sous fond d’enquête policière, malheureusement trop légère, King offre une vision personnel et intime d’une grande profondeur !
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Editeur : Urban Comics
Ça va criser !
Au cours de leurs nombreuses aventures et combats, il n’est pas rare que des événements catastrophiques surviennent dans la vie des plus grands super-héros.
Ceux-ci peuvent avoir alors besoin d’une période de convalescence afin de se reconstruire autant physiquement que psychologiquement et le Sanctuaire, un endroit secret où ils peuvent se réfugier, symbolise ce havre de paix pour des héros traumatisés. Mais ce secret se retrouve exposé au grand jour après qu’une violente tuerie s’y produit.
L’avis de “DrComics”:
eroes in Crisis arrive enfin en France après avoir fait couler beaucoup d’encre Outre Atlantique (réception aussi proche que Métal dans de nombreux sites Français, c’est dire !).
Heroes in Crisis est un récit événement de chez DC comics, le premier réalisé par Tom King (Twitter). Auréolé de son prestige pour son run sur Batman (qui, si il divise, restera dans les mémoires : review), Mister Miracle (review), Omega Men (review) et Sheriff of Babylon (review) entre autre !
Autant dire que l’attente était très forte. Sachez dores et déjà qu’il me sera difficile d’être totalement objectif sur ce récit, tant celui ci m’a personnellement touché, mais je ferai en sorte de vous exposer au mieux ses faiblesses car oui il y en a.
Un projet ambitieux et personnel.
L’écriture de King est particulière, jouant sur des situations et des histoires simples. Pourtant, elle révèle une puissance émotionnelle forte. L’auteur joue de dialogues très cryptiques, épurés parfois décalés, mais avant tout sincères.
Tom King utilise les comics comme un exercice cathartique, évacuant ses traumas passés en les couchant sur le papier.
Le postulat est simple. Nos héros vivent des traumas. Jour après jour, ils côtoient la mort, mettent la vie de leurs proches en danger, combattent inlassablement et parfois échouent, dépassés par l’ampleur des événements. Ses héros ont besoin d’un lieu, pour se confier. Au sein de ce lieu, ils peuvent se livrer à cœur ouvert pour se libérer du poids pesant sur leurs épaules. Un endroit appelé le Sanctuaire (dont je ne vous spoilerai pas d’autres spécificités).
Un récit sur fond de thriller policier, mais le fond est-il une réussite ?
Mais forcément, ce récit n’est pas une œuvre hors continuité du Black Label, mais bien un Event de DC. Et qui dit Event dit conséquences, et dans ce cas précis cela se traduit par un véritable massacre des résidents du sanctuaire, dont Poison Ivy, Red Arrow et Wally West (oui, oui, le bolide rouge à l’origine de Rebirth).
Tom King alterne donc des scènes de confessions et d’introspections des héros, absolument géniales, à une enquête pour meurtre menée par Batman, Flash, Wonder Woman, etc.
Je ne vais rien spoiler, mais la résolution peut sembler un peu légère, même si à mon sens la finalité de cette œuvre n’est pas l’arrivée mais le chemin parcouru. On s’interroge sur la portée de cet event, les conséquences n’ayant que peu de répercussions à l’heure actuelle.
La critique américaine a été totalement divisée par cette œuvre, allant de la haine à l’amour sans palier de décompression. Mais pourquoi tant de haine ?
Un récit qui divise
Le principal point qui ressort des différentes critiques, est la caractérisation des personnages. En effet, elle serait mise à mal par King, avec notamment le traitement d’un personnage en particulier qui a fait hurler les fans.
Alors disons le clairement, les personnages sont différents dans ce récit, mais selon moi tout ceci s’explique par le contraire très particulier de ce récit.
La force de ce récit n’est pas d’être une histoire de super héros, mais plutôt sur ce qu’il raconte des super héros.
Le contexte est à la dépression, à la remise en question permanente. Le sentiment de lassitude est omniprésent et le récit se veut particulièrement tombe.
Mais le message profond est lui profondément optimiste. La fin de ce récit se veut pleine d’espoir, de l’importance de partager ses peines et son fardeau car nous ne sommes pas obligés de tout affronter seul.
Le récit est définitivement à part et creuse ses personnages comme jamais leur apportant énormément de relief et de profondeur.
D’un point de vue personnel, je ne suis pas partisan de la vision idyllique du super-héros. Et pour moi, la présence de failles ne rend pas un héros moins iconique mais participe au contraire à montrer son humanité et met davantage en valeur sa capacité à se surpasser.
Des artistes en forme !
La partie artistique est assurée en majorité par Clay Mann qui a explosé ces dernières années chez DC aux cotés de Tom King. Ici, il nous livre des planches d’une grande beauté, riche en détails et au découpage exemplaire.
Certaines polémiques concernant une sexualisation excessive de plusieurs personnages est également ressortie, mais cela reste le style de l’artiste et je n’ai pas été choqué outre mesure. Tout cela dépendra de votre sensibilité à cela mais on est très loin d’un Franck Cho !
Mitch Geards et Lee Weeks viennent prêter main forte à quelques endroits et assurent le travail sans soucis mais avec moins de brio que dans des récits où ils sont les artistes principaux..
Heroes in Crisis est un récit à part qui va diviser. Je ne peux que vous conseiller de tenter votre chance et de ne pas vous contenter de suivre les avis négatifs de ceux qui crient le plus fort. Le récit a ses failles mais également ses grandes forces. Ce récit m’a profondément marqué d’un point de vue personnel, et ses faiblesses m’ont très certainement moins gêné que d’autres. Mais le point à noter particulièrement c’est que Heroes in Crisis est une œuvre d’auteur avant toute chose, un auteur qui raconte ses histoires à travers les super héros, et ce type d’initiative doit absolument perdurer car c’est ainsi que l’on créé des œuvres qui marquent !
Le contre-avis de Comics Grincheux :
Heroes in Crisis a divisé tout le monde, critique et public, comme rarement. Sans être aussi fan de l’œuvre que Lolo, je ne trouve pas non plus que ce soit une grosse daube ou une purge.
Comme dit précédemment, l’œuvre a pour elle son fond qui montre des fêlures chez tous les super-héros de DC Comics, magistralement rendues lors d’instants confessions. Ce sont les moments les plus marquants d’après moi dans le récit et j’aurai tant aimé n’avoir que ça. Cela aurait renforcé les exercices de style comme les aime Tom King. Problème : ce qui devait être un récit purement intimiste a été transformé en event par Dan DiDio. L’auteur a donc certainement dû modifier son récit et l’a transformé en un whodunit classique, au rythme mou et dont on devine facilement l’issue. Issue qui est d’ailleurs totalement flinguée, expédiée à la va-vite. Comme pour mieux laisser l’éditorial faire son travail en commandant une suite (en cours aux US, faites gaffe aux spoilers).
Mais dans le fond, l’œuvre est passionnante à analyser. L’aspect purement psychologique est très bien mis en avant. Elle est couplée à une réflexion sur la manière dont la dépression et le doute peuvent s’insinuer chez n’importe qui, même les plus puissants héros de la Terre.
Dessins sexistes
Malheureusement, ces moments où les doutes sont mis en avant sont souvent gâchés par le dessin de Clay Mann, plein de male-gaze, d’objectification des femmes. Cela flingue intégralement le discours de Tom King dans plusieurs séquences impliquant des personnages féminins.
Heureusement que Lee Weeks et Mitch Gerads réhaussent le niveau lors des interludes et que Clay Mann a un style impeccable le reste du temps. Ses découpages claquent et sont astucieux, notamment, sa façon de cacher le titre de la série dans chaque chapitre. Sa représentations des visages et des mimiques renforcent le réalisme. Dommage qu’il ait alors cette sale manie de gâcher les personnages féminins de façon aussi gratuite et parfois vulgaire. Si vous voulez voir de quoi je parle, une séquence avec Loïs Lane devrait vous le faire comprendre.
Bref, Heroes in Crisis ne m’a pas transcendé. Excellent dans son discours, il l’est bien moins dans son enquête, souvent soporifique et dans les dessins de Clay Mann, au très beau trait mais qui se vautre royalement dans la sexualisation des femmes. Ce qui finit par totalement dénaturer le message de fond du récit.
La note de Comics Grincheux :
Ils ont kiffé :
5/5 J’adore
4/5 Trés cool
3/5 Sympa
2/5 Sans plus
1/5 Bof
0/5 Pas pour moi
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