Invisible Republic Tome 3

République vagabonde

Le tome 2 de Invisible Republic s’était achevé avec un moment fort et auquel je ne m’attendais pas si tôt : la publication du journal intime de Maia par Croger. Ce tome 3 de Invisible Republic en suit donc les conséquences.

Mais une fois de plus, Gabriel Hardman et Corinna Bechko nous surprennent. Alors que l’on pouvait s’attendre à un numéro en forme de pause pour gérer les conséquences de cet événement, on retrouve le journaliste qui revient sur Terre après la publication de son livre. Le duo ne perd pas de temps et gère toujours impeccablement son rythme. Le livre et les secrets qu’il soulève attirent la suspicion de beaucoup comme le dévoilent les premières pages. À travers cela, les deux scénaristes proposent encore de plonger dans des questionnements sur la diffusion de l’information et les dérives du pouvoir.

Leçon de rythme

Comme les deux précédents tomes, on se retrouve alors face à un récit dense et touffu mais où le sens du rythme et la narration alternant entre présent et passé captive toujours autant. À travers le processus de démystification que produisent les deux auteurs, ils démontrent la fin de l’idéalisme et de l’importance du factuel. Sans jamais être moralisateur et donneur de leçon, le duo parvient à montrer comment des régimes dérivent. Le plus fascinant dans ce récit, c’est qu’on ne sait finalement que peu de choses du régime et de son fonctionnement. On comprend que c’est la dérive du pouvoir classique qui est tombé sur McBride.

Mais le tome nous permet aussi de mieux comprendre qui est Maia et quel est la nature de son combat. La vérité ne l’intéresse pas, ce qu’elle veut, c’est maintenir la paix sur Asan et tout faire pour que cette voie pacifique reste en place. C’est véritablement grâce à son personnage que l’on comprend le propos de Hardmann et Bechko. Après avoir mis en avant l’importance des faits pour comprendre un contexte et juger une situation, ils misent ici sur la nécessité de rester éthique et fidèle à ses valeurs.

Avant-gardiste

Pour une série sortie en 2016, le duo met en avant une thématique dont on entend désormais beaucoup parler. Ils prouvent ainsi leur avant-gardisme et ce ne sont pas les écrits de Corinna Bechko sous la forme d’articles qui me feront dire le contraire. Réfléchissant énormément sur notre rôle et notre impact sur un environnement, elle se situe totalement dans le prolongement des thématiques de sa série. En dressant des articles écologiques, elles montrent comment un seul individu peut parfois la différence dans n’importe quel instant.

Grâce aux dessins de Gabriel Hardmann et au travail dingue de Jordan Boyd sur les couleurs, le comics nous plonge dans cette ambiance grise, pleine de nuances et de subtilités. Les visages y sont graves, souvent fatigués et on est dans un univers très industriel, désespéré.

Bref, ce tome 3 de Invisible Republic confirme l’importance de la série dans ses thématiques. Avant-gardistes, ses thèmes sont toujours brillamment mis en œuvre. Le comics prouve la nécessité du factuel et parvient à toujours nous surprendre. Maintenant, soyez prévenus, la série est en pause depuis un long moment aux États-Unis, il va falloir patienter pour lire la suite !

Ils ont kiffé :