Money Shot BD culte ?
Point(s) fort(s) :
Pas de sexe à outrance.
Point(s) faible(s) :
Money Shot : exploration de nouveaux horizons ! Avec la BD Money Shot, Komics Initiative semble faire un pari. La petite maison d’édition a pour habitude de nous faire voyager dans différents univers. Fox Boy, les Contes de Givres pour les auteurs français, mais aussi des récits de grands auteurs américains mis de côté par […]
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Editeur : Komics Initiative
Money Shot : exploration de nouveaux horizons !
Avec la BD Money Shot, Komics Initiative semble faire un pari. La petite maison d’édition a pour habitude de nous faire voyager dans différents univers. Fox Boy, les Contes de Givres pour les auteurs français, mais aussi des récits de grands auteurs américains mis de côté par les gros éditeurs (par exemple Visions de Alan Moore). D’ailleurs, je devrais peut-être faire plus de review de leurs titres, tant leur univers est vaste, mais très souvent de qualité !
Mais revenons à Money Shot. Sa particularité ? C’est un récit interdit aux moins de 18 ans où le sexe est au centre du récit. Enfin, c’est ce qu’on voit au premier regard, mais si c’était bien plus que ça ?
Dans un futur proche, la recherche scientifique manque cruellement de moyens. Mais grâce à une invention, l’exploration de l’univers leur tend les bras.
De retour chez elle, Christine Ocampo décide de se changer les idées. Mais les sites pour adultes proposent parfois des contenus déstabilisants… De cette vision naît une idée : elle veut diffuser sur le net des ébats sexuels entre la bande de scientifiques et des extra-terrestres !
Et vous savez quoi ? Ils ont accepté !!! Mais ça ne va pas se passer comme prévu …
Juste du sexe ?
Dès les premières pages, nous sommes mis dans le vif du sujet. Nous découvrons nos sexplorateurs à quelques secondes de démarrer leur “show”, l’occasion de découvrir leurs “noms de scène”. On y retrouve d’ailleurs les codes de l’industrie du sexe, avec des noms sexualisant la science par exemple. Et pourtant. Flashback, revenons aux origines du pourquoi. Tim Seeley & Sarah Beattie construisent leur récit entre présent et passé, donnant son rythme au récit, et permettant d’explorer les personnages et leurs relations, au delà de leur idée folle.
On se rend alors vite compte de la dimension sociale du récit. Que ce soit dans la complexité des rapports humains ou dans l’image renvoyée de la société, le duo dépeint sans détour sa vision du monde moderne et ce vers quoi il tend. Le fait de placer le récit dans un futur pas si lointain est un moyen pour eux d’exprimer leurs craintes pour l’avenir. Il est d’ailleurs troublant de constater que ce récit a été écrit en 2019, juste avant la crise sanitaire qui nous tient encore. On vous laissera choisir entre coïncidence ou bonne analyse, mais que la société présentée ici soit dirigée par une administration antiscientifique reste troublant à l’heure actuelle.
Vision de société
Ainsi, ce premier tome sur trois prévus navigue entre la préparation et la réalisation de ce “Money Shot” ¹. C’est aussi deux sujets particuliers qui s’y attachent. La société qui nous est présentée a poursuivi son chemin dans l’hyper connectivité des personnes et la lassitude rapide. Tout va toujours plus vite, notre insatisfaction la première. On peut lire dans le récit un appel à reconnecter les personnes entre elles. Inévitablement, il est aussi et surtout question de notre rapport au sexe. Sous divers angles d’approche. Notre façon de le consommer avant tout, mais également la façon de le voir, la façon de s’émanciper des opinions des autres, de le vivre pour soi. C’est malicieusement mis en place par le biais d’une race extraterrestre et de la découverte d’une culture, mais subtilement glissé chez nos terriens également.
Leçons sexuelles
L’ouvrage pose alors ce paradoxe : alors que le sexe est devenu de plus en plus omniprésent autour de nous, comment pouvons-nous en savoir finalement si peu dessus ? Sous cet angle de lecture, le voyage de la physicienne Dr Christine Ocampo, leader du groupe de scientifiques, devient initiatique. C’est d’ailleurs d’elle et de sa recherche de plaisir que vient l’idée d’utiliser un besoin de sexe par procuration pour financer la recherche. Ce biais de lecture est ainsi suggéré dès les premières pages. Le sexe sort alors progressivement de ses tabous, et l’accent est placé sur l’écoute de soi, de ses besoins ainsi que ses partenaires. La quête du plaisir féminin est naturellement placée, au travers d’une femme qui a plus appris à le simuler qu’à l’appréhender. La population extra-terreste se morphe alors en symbole de cette sexualité complexée et tabou. Une population où le plaisir n’existe plus et le sexe réduit à une simple fonction reproductrice.
Et côté dessins ?
Rebekah Isaacs livre un travail fascinant. Son trait participe grandement à la qualité du dessin. Toujours juste, jamais vulgaire, elle transpose parfaitement cette volonté de rendre sa poésie au sujet. Déjà très juste dans leurs personnalités, les personnages le sont également dans leurs traits tout au long des pages. Les émotions se lisent aisément, tout comme les scènes d’action. Enfin, les décors ne sont pas mis de côté et participent pleinement à l’ambiance du récit.
Money Shot est une BD pleine. Si elle semble épouser les archétypes du porno, elle montre rapidement qu’elle est capable de s’en émanciper également pour proposer une histoire pleine d’intelligence et de réflexions. À l’aube d’un changement majeur de notre société, le récit parvient à faire mouche. Une lecture plaisante, fun, sans prise de tête, pas du sexe gratuit pour faire du sexe, et qui pose ses graines de réflexion.
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