Punisher par Jason Aaron et Steve Dillon
Point(s) fort(s) :
Un Bullseye magistral
Une analyse brillante du Punisher
Point(s) faible(s) :
Un Caïd en retrait
Quel plaisir de retrouver le Punisher sous le trait de S. Dillon ! Même si J. Aaron n’a pas l’humour de G. Ennis pour rendre la violence du titre plus supportable, l’ouvrage reste très bon et offre une réflexion remarquable sur la psyché du Punisher. Mention spéciale à Bullseye en psychopathe jovial et totalement décalé.
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Editeur : Panini Comics
Maintenant, on sait pourquoi il est si méchant !
La croisade du Punisher contre le crime organisé à New-York met à mal les affaires des mafieux dans la Grosse Pomme. Ceux-ci décident de lui tendre un piège en créant de toute pièce un faux parrain mafieux : le Caïd, qui détournera l’attention du Punisher. Pour endosser ce rôle, c’est l’homme de main favori de Don Rigoletto qui est désigné, un certain Wilson Fisk.
L’avis de PrimeSinister :
Malgré son image que je trouve très “2e amendement” et “pro-NRA” (nda : “National Riffle Association”, association militant pour le maintien de l’autorisation du port d’armes aux Etats-Unis), le Punisher est mon héros préféré de l’univers Marvel, univers que je n’affectionne qu’assez peu au final. J’en suis tombé “amoureux” il y a presque 15 ans, après avoir lu le run de G. Ennis et de S. Dillon (publié à l’époque en 100% Marvel et disponible aujourd’hui en intégrale). Lorsque j’ai appris que J. Aaron avait planché lui aussi sur le personnage et que c’était le même S. Dillon qui s’était occupé des illustrations, je me suis rué chez mon vendeur préféré à qui il restait un exemplaire du titre, que j’ai dévoré en quelques heures.
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par le dessin. Oui, j’ose le dire, personne n’a jamais mieux dessiné Frank Castle et sa galerie de truands, de flics ripoux, de prostituées et de minables en tous genres que Steve Dillon. Il arrive à instiller comme personne au Punisher un regard implacable, qui mêle détermination, dégoût, froideur et haine. Le titre serait sûrement insoutenable à suivre si Dillon n’avait pas un don pour mettre en scène visuellement des absurdités et des gags grinçants pour adoucir la violence souvent outrancière qui caractérise ses mises en scène du héros à la tête de mort. Sur ce point là, je ferai une comparaison avec les séries Breaking Bad et Better Call Saul qui jouent des mêmes artifices pour eux diminuer la tension qui transpire dans leurs épisodes. Malgré ces petites notes d’humour, ce Punisher n’est pas à mettre entre toutes les mains : les scènes de sexe, de meurtre (de meurtres d’enfants même) et de torture étant loin d’être suggérées ! Et c’est d’ailleurs l’un des seuls reproches que je fais à ce titre, l’humour manque un petit peu pour pouvoir faire passer le carnage que l’on observe au fil des cases.
J’adore J. Aaron, je suis un grand fan de Scalped et de Southern Bastards. Je trouve qu’il sait mettre en mot comme personne l’Amérique profonde et qu’il possède un talent inné pour écrire des personnages que l’on adore détester. Il dresse des portraits qui sonnent juste, avec des personnalités complexes, crasses, bourrées de remords, de honte et de faiblesses. Chez lui, pas de chevaliers blancs, pas d’innocents mais uniquement des gens qui vivent en faisant des choix, que bien souvent ils regrettent. Avec le Punisher, J. Aaron sort de la ruralité pour le décor New-Yorkais, mais en ce qui concerne son appétence pour les portraits de salopards, inutile de dire que le Punisher permet à Aaron de rester dans sa zone de confort. Et le travail sur la psychologie de Frank Castle est juste époustouflant. Oui, on sait que le combat sanglant et interminable que mène le Punisher contre le crime trouve ses origines dans le traumatisme de la guerre du Vietnam combiné à celui de la perte de sa famille. Explications plausibles, satisfaisantes et canoniques. Mais l’auteur va plus loin, triturant les aspects les plus sombres, plongeant sa plume dans les fantasmes morbides et sadiques du héros. Le procédé utilisé est lui-même assez brillant. J. Aaron se sert pour cela Bullseye, personnage avec lequel on sent qu’il a eu plaisir à jouer. Le tueur que l’on retrouve plus souvent dans les histoires de Daredevil n’a jamais été aussi sadique, aussi fou à lier, aussi irrésistible et aussi dégoûtant que sous la plume de J. Aaron, tant et si bien que, selon moi, il vole totalement la vedette au Caïd dans cette histoire. Ici, Bulleseye va tout faire (et quand je dis tout faire, c’est vraiment tout) pour se mettre à la place du Punisher et pénétrer son esprit torturé, tel un profiler de Criminal Minds (sauf que là, c’est le tueur en série qui profile sa future victime).
Le Caïd en pâti et en est beaucoup moins intéressant. Et c’est concernant ce point que j’émets le plus de réserve. Le run de J. Aaron propose une réinterprétation des origines du Caïd qui finalement ne m’a ni réellement surpris, ni réellement passionné. J’ai eu du mal à adhérer au postulat de base (Wilson Fisk est un “gros bras” d’un parrain qui manipule tout le monde pour devenir le Caïd), le personnage étant bien trop sophistiqué à mon goût pour être un simple homme de main. Petite déception donc mais qui ne m’a pas empêché d’apprécier le titre dans sa globalité.
Bref, un véritable plaisir de retrouver le Punisher sous le trait de Steve Dillon. Même si J. Aaron n’a pas l’humour de Garth Ennis pour rendre la violence du titre plus supportable, ce titre reste très bon et offre une réflexion remarquable sur la psyché du Punisher. Mention spéciale à Bullseye, plus que crédible en psychopathe jovial et totalement décalé.
La note de PrimeSinister :
L’avis de Comics Grincheux :
Punisher est un personnage que je connais très mal. Ce que j’en sais l’éloigne toujours plus de moi car je ne parviens pas à ressentir une quelconque empathie pour quelqu’un dont le leitmotiv est d’exécuter tous les criminels possibles et imaginables. Pourtant, j’adore Jason Aaron et j’ai donc sauté sur l’occasion pour lire un récit de lui et pouvoir, sait-on jamais, réenvisager ma vision du personnage.
La première surprise, c’est que ce n’est pas une histoire canonique du personnage. Le run de Aaron fait partie du label Max de Marvel et est en fait dans un autre univers avec une réécriture de certains aspects mais surtout une liberté créative importante permettant du sang, du sexe et autres joyeusetés. Forcément, sur un titre Punisher, ça donne une dimension supplémentaire et Jason Aaron va se permettre de réinterpréter le personnage pour l’inscrire dans ses thématiques. On se trouve au moment où Scalped s’est fini et Jason Aaron continue son exploration de la violence systémique sous le prisme de Frank Castle, le Caïd et Bullseye. Ce sont ces trois personnages qui vont former le cœur des 24 épisodes contenus dans le recueil et chacun permet une exploration de la société américaine, ses racines violentes, ses soldats et ses dirigeants. Chacun des trois personnages y dévoile une facette complexe et le Punisher y est traité dès le départ comme un sale type, ce que confirmeront les chapitres ultérieurs. Je ne sais pas si ce portrait plaira aux fans du personnage mais c’est ce que je m’attendais à lire, une prise de distance suffisante vis-à-vis de lui et de sa personnalité radicale.
L’histoire va raconter la dernière bataille du Punisher contre le crime avec le Caïd en boss de fin et Bullseye au milieu. Ce dernier est traité comme un déséquilibré qui se met dans la peau de ceux qu’il traque et n’hésite pas à employer tous les moyens possibles et imaginables pour tuer sa cible. Sa traque de Frank prendra des allures de joyeux délire pour Jason Aaron, alternant passages tendues, rendus plus léger par le trait exagéré de feu-Steve Dillon et passages comiques. Les parallèles dressés entre lui et Frank sont intéressants et pertinents tant il questionne la santé mentale du justicier expéditif.
De même, les parallèles entre le Caïd et le Punisher sont intéressants et le premier prend ici une dimension bien plus froide que le portrait habituellement dressé de lui. Jason Aaron semble penser peu de bien du personnage et le voir comme une machine froide, sournoise et implacable que rien n’arrête, pas même sa famille. Là encore, la réécriture pourra en refroidir certains mais le fait d’être dans un autre univers aide certainement. De mon point de vue, elle n’est pas gênante et même plutôt cohérente avec l’idée que je me fais du personnage.
Au fond, on assiste donc à une exploration psychologique fascinante de trois déséquilibrés mentaux et de leurs envies. Chacun d’entre eux cherche à accomplir quelque chose, en utilisant la violence comme fin ultime. Le récit va parfois connaître des longueurs, notamment dans l’affrontement entre Bullseye et Frank, dans le deuxième arc mais sitôt celui-ci terminé, c’est un récit dynamique, ponctué de rebondissements efficaces qui se met en route. Le gros point noir me parait être la fin, assez bancale pour tout dire, à la fois dans son message mais aussi dans son efficacité.
Les dessins de Steve Dillon sont quant à eux très bons. Le regretté dessinateur n’a pas son pareil pour dessiner des séquences gores exagérées au point d’en devenir parfois drôles. Mais il est aussi un narrateur hors-pair et ce tome vient nous le rappeler avec des constructions de page précises et très intelligentes.
Bref, ce run de Punisher par Jason Aaron et Steve Dillon est une pépite, très intelligente où le profil psychologique de trois déséquilibrés mentaux est exploré, sans concession. Un indispensable pour les fans et ceux qui veulent découvrir le Punisher.
La note de Comics Grincheux :
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