[Review] A.D. After Death
Point(s) fort(s) :
Point(s) faible(s) :
Un remède contre la mort a été inventé, suivez un des élus dans les cycles qui leur sont imposé. Entre mort, peur de l’oubli Snyder et Lemire nous emporte dans leur voyage.
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Editeur : Urban Comics
Death is the road to awe
Un remède contre la mort a été découvert et proposé à une poignée d’élus. Pour pouvoir vivre éternellement, leur mémoire est effacée de façon cyclique. Jonah fait partit des élus et a aussi un désir de ne pas oublier, pour cela, il utilise des carnets où il note ses souvenirs.
L’avis de Ben :
Cette chronique est peut être la plus dure que j’ai eu à écrire depuis que je suis sur Lescomics.fr. Peut être à cause du sujet ou alors de la façon dont il est traité. J’ai complètement adhéré au concept qui nous est proposé, mais je sais que ça ne sera pas le cas pour tout le monde.
Ici on va parler de la mort, du rapport du héros avec cette dernière et qui, d’une certaine manière, pourra trouver écho avec la vôtre. La position du lecteur face à la mort est fondamentale pour l’immersion dans le récit.
On trouve deux types de narrations dans A.D. After Death qui correspondent à deux époques différentes de la vie du héros. Elles participent toutes les deux directement à l’histoire et pour ma part, j’ai adoré le concept. Cependant, il en rebutera certains.
Le premier type de narration est sous la forme de carnet secret, ou le héros consigne les choses et les événement qu’il ne veut pas oublier. Le texte n’est pas seulement retranscrit, sa mise en page est aussi étudiée, tantôt sous forme de “poèmes” puis sous forme de blocs, des alignements différents… la mise en page des “carnets” change en fonction des événement que le héros relate. Il n’y a pas de dessins (ou très peu dans ces passages). Cette forme écrite raconte des histoires passées du héros.
L’autre narration est, cette fois, sous forme dessinée, avec un dessin fidèle à Jeff Lemire comme on l’a vu dans Royal City, par exemple. Personnellement je n’adhère pas trop à son style et c’est pour moi le seul point négatif du livre même si les couleurs a l’aquarelle apportent une certaine mélancolie, j’ai du mal à rentrer dans les dessins de Lemire. Les actions qui sont présente dans les pages “BD” racontent le présent du héros.
Les deux types de récit vont converger pour nous emmener à doucement vers une fin maîtrisé et ouverte.
On est assez loin d’un comics classique, on est en présence d’une expérience et je préfère préciser qu’il y a beaucoup de lecture par rapport à peu de dessin alors que d’habitude on a quand même beaucoup de dessins et peu de lecture. L’équilibre est complètement inversé mais je me répète, ça sert le propos et c’est pertinent. Cette forme fait de A.D. After Death un comics pour un public avertit et qui est prêt à tenter une nouvelle expérience.
Personnellement j’ai complètement adhéré à l’histoire et au concept. Le thème m’a vraiment touché et j’ai dévoré le livre, il me réconcilie avec Lemire après un Royal City en demi-teinte.
Scott Snyder nous fait vraiment rentrer dans l’intimité du héros en profondeur. J’apprécie l’interrogation que pose ce livre et le fait d’implicitement pousser le lecteur à prendre position. Alors bien sûr, Snyder aurait pu aller plus loin, mais laisser la place au lecteur d’y aller seul est aussi un bon exercice.
A.D. After death est clairement un O.V.N.I qui mérite d’avoir une chance mais par contre convient à un public avertit et qui accepte une certaine réflexion.
La note de Ben :
L’avis de Comics Grincheux :
J’allais vers A.D. After Death avec une certaine forme d’appréhension. Pour avoir commencer à lire le premier chapitre en VO, j’avais été rebuté par le style proposé. Non pas par la prose de Scott Snyder qui excelle dans ce domaine mais par le côté comics de Jeff Lemire qui avait provoqué un grand ennui chez moi.
Pourtant, le thème de l’histoire et son traitement me séduisait fortement et je me suis décidé à retourner vers ce récit.
Comme l’a dit Ben, vous tomberez face à un comics spécial, inclassable si ce n’est que le terme de roman graphique n’est pas (pour une fois) galvaudé. Le tome se compose de trois chapitres, longs, denses, comme autant d’étapes dans la vie du héros, Jonah. Chaque chapitre se découpe entre des pages de prose, illustrées par Jeff Lemire et rendues de manière stylistique de façon très appuyé, parfois trop parce que ça a tendance à mettre en l’air l’aspect journal du récit. Ces séquences sont véritablement de petits bijoux. Scott Snyder nous parle au présent et ça donne un ton mélancolique et poétique très appuyé qui sied parfaitement à l’histoire qui se déroule. Bon, là encore, en réfléchissant bien, ça donne une certaine incohérence dans le ton au vu du phrasé du héros mais on va dire que c’est du chipotage et qu’au vu de la décharge d’effets procurés, on oublie ce détail.
Le début du récit est à ce titre une pure merveille de narration. Implacable, écrite avec délicatesse, on retrouve le jeu sur le sens des mots (chapeau au traducteur ou à la traductrice, d’ailleurs) si cher à l’auteur et on est transporté dans le souvenir de Jonah, comme spectateur invisible de son premier souvenir. L’auteur ne va faire que dérouler l’humanité de son récit en nous interrogeant sur la pertinence d’une quête à l’immortalité. Ne pas mourir vaut-il le coup si vous perdez vos souvenirs par cycles ? Le thème est fort et d’actualité, à l’heure des progrès très rapides de la science et nous interroge dans notre rapport à la mort. Avec un personnage fortement humain, bourré de défauts et de contradictions, le récit est réussi. Si on excepte son twist final foireux, typique de l’auteur et qui nous sort de la mélancolie et du spleen du récit. J’ai eu l’impression que la “simplicité” du récit ne suffisait pas pour porter le message et qu’il avait fallu ajouter un truc en plus pour provoquer un effet supplémentaire. Presque un sans-faute de ce point de vue et ça fait plutôt plaisir vu que Scott Snyder est en petite forme du côté des super-héros qui a parlé de Metal ?!).
Le gros souci, c’est que la partie comics est clairement moins bonne et moins pertinente aussi. Déjà parce que les dessins de Jeff Lemire ne sont pas une grande réussite. Les personnages sont raides, figées, comme des poupées de cire et ça détruit tout les sentiments que je suis censé ressentir dans ces moments-là. Certes, ils sont finalement peu nombreux mais leur présence parait bien absconse. On se demande véritablement l’intérêt quand le véritable intérêt du récit se situe dans les séquences en prose. Oui, il y a un découpage temporel entre les styles et donc une double aventure. Mais l’une est bluffante tandis que l’autre ne dégage rien de plus que de l’ennui, au point que j’avais envie de zapper ces passages pour me replonger dans la prose si précise et millimétrée de Scott Snyder. Du coup, on en arrive à un comics schizophrène qui veut conserver un aspect comics pur pour, semble-t-il ne pas s’aliéner une partie du lectorat. M’est avis qu’il aurait fallu prendre un autre dessinateur ou conserver une prose permanente avec les quelques illustrations présentes par-ci, par-là.
Bref, A.D. After Death est une semi-déception à cause de sa nature duale. D’un côté, la partie prose est excellente, nous faisant plonger dans le spleen et la mélancolie tandis que de l’autre côté, la partie comics est d’un ennui mortelle. Elle déroule un récit linéaire sans grand intérêt. Dommage parce que la proposition est audacieuse mais seulement en partie réussie.
La note de Comics Grincheux :
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