[Review] Batman – The Dark Prince Charming Tome 2
Point(s) fort(s) :
Une certaine efficacité dans l'action
Point(s) faible(s) :
Un sexisme gênant
Des personnages iconiques mal traités
Ce tome 2 de Batman par Marini conclut l’intrigue lancée dans le premier tome. Malheureusement, tout cela est creux, ne raconte rien de passionnant et surtout, propose des visions archaïques des femmes. Heureusement, c’est sublime !
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Editeur : Dargaud
Bêteman !
L’avis de Comics Grincheux :
ontrairement à Matt, le premier tome de cette histoire double ne m’avait pas beaucoup emballé. L’histoire était fade, l’écriture de Batman vide et creuse, seul l’aspect purement esthétique l’emportait, quelques choix de designs et de cadrages douteux mis à part. Comme je suis légèrement teubé, un peu masochiste et que j’aime avoir la fin des histoires que j’ai commencé, j’ai quand même lu le deuxième tome.
J’aurais pas dû !
Ça commence très mal dès le départ puisque je ne me souvenais même plus de ce qui s’était passé précédemment. Bon, au bout de trois pages, j’ai recollé les morceaux. Vu la densité du premier tome, ce n’était pas vraiment compliqué, il faut bien le dire. Mais passons sur ce détail. Dès le départ, j’ai retrouvé ce que j’aimais et n’aimais pas dans le premier tome. Bruce Wayne/Batman est écrit comme une casserole et les dessins sont superbes, notamment grâce à cette colorisation sépia qui est vraiment du plus bel effet.
Mais le plus gros problème refait surface très rapidement, à savoir les faiblesses dans l’écriture. Déjà qu’on a du mal à comprendre l’attachement émotionnel qu’éprouve Batman pour un enfant d’une femme qu’il n’a pas vue depuis de nombreuses années et qui dit être sa fille, on a encore plus de mal à s’attacher à cette intrigue cousue de fil blanc, déjà lue et qui présente surtout peu d’intérêt pour les fans de Batman en comics. Le héros qui a un fils biologique dans la continuité classique et qui a adopté trois autres enfants parait ici complètement différent, devenu limite demeuré par ce qu’il vit. Alors qu’il n’aurait pas cru cette femme dans le premier tome, ici, il plonge dedans et ne se questionne à aucun moment pour savoir si ce n’est pas un piège. Batman n’apparait jamais comme un détective, il est un vulgaire combattant de rue. Il passe d’une séquence à une autre en subissant l’intrigue et sans jamais chercher à provoquer ou à analyser les choses.
Le Joker et Harley vont rapidement revenir dans l’intrigue et si l’écriture de Batman est déjà faible, celle du couple de méchants est une catastrophe ambulante. Lui n’est qu’un vulgaire clown criminel, à tel point qu’on se demande comment il peut opposer une menace au Chevalier Noir. Pourtant, l’idée du manque d’empathie du Joker envers son Arlequin est présente mais elle ne fonctionne pas parce que c’est écrit de façon trop caricaturale avec des rabaissements permanents et surtout l’obsession pour le sexe de Harley. Alors, oui, c’est son anniversaire mais son obsession sexuelle interroge sur l’intérêt quant à la place du personnage dans l’intrigue… C’est simple, elle ne sert à rien !
En effet, je pensais que le portrait fait des personnages féminins était quelque chose auquel plus aucun scénariste ne pouvait penser désormais. C’est bien simple, les personnages féminins sont soit des arrivistes, soit des prostituées, soit des femmes soumises. Les différents choix de cadrages vont le souligner. Gotham City semble ravagé non par la drogue ou les vols de voiture mais par la prostitution uniquement… Souvent, lorsque Batman était dans la rue dans le tome 1, il y avait des prostituées dans un coin de rue. Soit, elles sont des fans absolus du justicier, soit, elles sont les seules marques de criminalité dans cette ville… Et ce portrait ne s’arrange pas avec les personnages féminins de l’intrigue. Harley, je le répète est une obsédée sexuelle ! Mais ce n’est pas écrit sous un angle syndrome de Stockholm comme Paul Dini avait pu le mettre en œuvre. Elle est une nunuche sans cervelle, oubliant tout ce qui fait sa personnalité de Harleen Quinzel. Les fans du personnage seront sûrement encore plus en PLS qu’avec le duo Palmiotti/Conner. Etrangement, Catwoman n’est pas trop exagérée de ce point de vue mais c’est tout aussi unidimensionnel et il n’y a que son aspect arriviste qui transpire. Mais le souvenir de la nuisette de Selina Kyle dans le premier tome me colle encore des frissons dans le dos. Ici, l’artiste est plus soft, elle n’a qu’une simple robe échancrée dans le bas du dos avec un tatouage hyper subtil au cas où on n’aurait pas compris qui elle était. Mais en ce qui concerne Harley, on dirait du Frank Cho tellement c’est gratuit !
De ce point de vue, vous vous direz peut-être que j’en fais trop mais je ne supporte plus de lire des BD qui propagent cette vision de la femme. Unidimensionnelle, ne les développant jamais et les mettant en scène comme des faire-valoir uniquement sexy à leurs homologues masculins. Le seul avantage, c’est que comme Batman/Bruce Wayne est aussi mal écrit, ça ne choque pas vraiment. C’est simplement la vision simpliste des relations hommes/femmes qui m’interpelle. Ces personnages ne sont là que pour le fan-service, sans apporter quoique ce soit à l’intrigue qui ne se concentre sur Batman et le Joker. En fait, tout est déjà vu dans cette BD et en bien meilleur dans d’autres comics. L’intrigue fait lue et relue, même sans être du Batman. Le kidnapping d’une enfant est le genre de scénario usé jusqu’à la corde et ce ne sont pas les dialogues ultra-basiques qui vont relever le niveau…
Heureusement, on peut compter sur les sublimes dessins de l’artiste. Comme je le disais, la colorisation est superbe. Les découpages sont superbes, notamment pour ce qui concerne les scènes d’action. A ce titre, la séquencialisation des combats à mains nues est une merveille ! Les ambiances de la ville sont très bien rendues par deux palettes de couleurs qui bien que simples mettent en valeur les environnements de Gotham City.
Bref, le tome 2 de Batman par Marini est creux, ne raconte rien de passionnant et surtout, propose des visions archaïques des femmes. Ce n’est pas ce que j’ai envie de lire en 2018 ni ce que j’ai envie que l’industrie du comics supporte après tant d’efforts faits dans le domaine. Heureusement, les dessins sont beaux, comme quoi, avoir le double rôle n’est pas toujours une bonne affaire.
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