[Review] Cannibal Tome 1
Point(s) fort(s) :
Le travail psychologique
L'atmosphère
Point(s) faible(s) :
Des dessins parfois brouillons
Willow, une petite bourgade de Floride, en plein cœur des Everglades est secouée par des affaires de meurtres sordides. On parle même de cannibales qui attaqueraient les habitants et dévoreraient leurs cadavres. Comment réagir face à un tel fléau et pourquoi ce phénomène est-il apparu ?
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Editeur : Glénat Comics
Un titre à croquer ?
Willow, une petite bourgade de Floride, en plein cœur des Everglades est secouée par des affaires de meurtres sordides. On parle même de cannibales qui attaqueraient les habitants et dévoreraient leurs cadavres. Comment réagir face à un tel fléau et pourquoi ce phénomène est-il apparu ?
L’avis de Sonia :
Après de multiples titres de zombies, Brian Buccellato et J. Young proposent ici une variante à base de cannibales. Les auteurs plantent leur décor en plein cœur de la Floride, un état du Sud des Etats-Unis peuplé de rednecks qui rappellent ceux que Jason Aaron décrit dans Southern Bastards. Le centre du village est le bar de Roy où se réunissent tous les désœuvrés de la région, un monument d’ennui, d’alcoolisme et de routine. Toutefois, des événements tragiques viennent rompre l’équilibre précaire de la communauté : un jeune garçon est retrouvé assassiné, à moitié dévoré. Une battue s’organise, Roy tue le cannibale mais on n’en saura pas davantage sur ce dernier.
A vrai dire, ces attaques de cannibales semblent avant tout un prétexte pour les auteurs qui peuvent ainsi décrire une communauté repliée sur elle-même, prompte à la colère, aux règlements de compte. Dès qu’un étranger se pointe, il est immédiatement soupçonné d’être source de problèmes et on trouve une scène qui rappelle tout à fait celle où, dans Rambo, le shérif insiste pour raccompagner le vétéran à la sortie de la ville. Buccellato et Young décrivent aussi très bien la passivité de la police locale ainsi que la propension des habitants de Willow à faire justice eux-mêmes. Les cannibales sont, dans ce premier volume, davantage un prétexte à la description de la faune locale, plus que le cœur du sujet. On ne sait d’ailleurs pas comment le phénomène s’est répandu ni ce qu’il est vraiment, ce qui n’est pas sans évoquer The Walking Dead sur ce point, à la seule différence que l’épidémie de cannibalisme n’est pas massive et que les cannibales sont bien vivants et gardent la conscience de leurs actes.
Graphiquement, Matias Bergara installe une atmosphère poisseuse qui sied à cette région humide et complexe des Everglades mais j’ai tout de même un peu de mal avec ses personnages qu’on peine parfois à identifier. Par contre, le physique des protagonistes correspond à l’état mental de la région : des mecs baraqués ou bedonnants, un peu rustres, équipés de flingues et de chemises à carreaux et de casquettes vissées sur la tête. Il ne semble guère y avoir de gens propres physiquement ou moralement, Cannibal fait le portrait d’une Amérique profonde, en proie à l’ennui, le repli sur soi et donc la peur de l’autre. Qu’importe que le cannibale ne soit pas toujours celui qu’on soupçonne, le fautif est forcément celui qui vient d’ailleurs.
Sur le plan psychologique, Cannibal est intéressant puisqu’il présente le portrait de cette Amérique de l’entre-soi et qu’il évoque avec justesse mais sans caricature ces communautés recluses, où tout le monde se connaît sans forcément s’apprécier mais sait se regrouper face à une menace extérieure. Par contre, inutile de compter lire un titre trash, gore à la Walking Dead où des cannibales surgissent du moindre fourré. Si les amateurs de viande fraîche sont bien présents, ils ne sont clairement pas, pour l’instant, le centre du récit.
Avec Cannibal, Buccellato et Young proposent une déclinaison du mythe du zombie, mettant à l’honneur des humains amateurs de chair fraîche. Toutefois, le cœur du propos est avant tout de décrire les réactions des habitants de la petite ville de Willow à cette menace venue d’ailleurs. Ce premier tome d’installation est bien plus intéressant pour la peinture sociale qu’il fait de la Floride que pour ses cannibales qui passent au second plan, ce qui réjouira les fans de récit psychologique mais laissera les amateurs de gore un peu sur leur… faim.
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