Deadly Class Tome 1 chez Urban Comic
Point(s) fort(s) :
Le nihilisme de l'oeuvre
Les dessins et la colorisation
Point(s) faible(s) :
Deadly Class est une grosse frappe, aussi brillant dans sa métaphore d’une école violente qui reproduit les inégalités que sublime dans ses dessins, le récit vous happe et ne vous lâche pas. Il se pare d’une ambiance et de personnages attachants mais auquel le récit ne fait aucun cadeau. Bluffant et donc indispensable !
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Editeur : Urban Comics
Classe de mort
Deadly Class est un comic sur lequel je me suis mal engagé. Ma première lecture il y a plusieurs années m’avait laissé un goût étrange. J’attendais beaucoup de cette parution chez Urban Comics et j’avais eu l’impression d’être face à un produit qui n’était pas ce que j’attendais. Pensant me trouver face à Attrape-Cœurs mode violent engagée, le récit était finalement bien plus que ça et je n’avais pas su dépasser le cap de ma déception pour m’aventurer plus loin. Mais face à l’arrivée de la série, j’ai décidé de relire ce tome 1 et de me refaire un avis.
Verdict : c’est de la bombe !
Du sale
Le début nous plonge clairement dans la tonalité du récit. Rick Remender n’est pas là pour faire du joli, le récit sera sale et profondément désespéré. Son héros, Marcus, est un gamin qui vit dans la rue, faisant de la débrouille, sa seconde nature. Mais il meurt à petit feu et n’a que quelques semaines à tenir dans cette mouise. Son salut viendra d’une école spéciale qui forme des assassins.
Pour ceux qui ne le savent pas, Deadly Class est en fait un récit très personnel pour son auteur. Né dans les années 80, il a grandi avec une haine du système scolaire et des inégalités qu’il manifeste très tôt ainsi que des tensions qu’il est capable d’exacerber. La métaphore de la série est donc assez évidente et, si c’est une école d’assassins, les parallèles que toute personne se sentant un peu à la marge aura vécu se feront très facilement. Et c’est peut-être pour cela qu’il m’a fallu revenir sur cette lecture. Parce qu’il m’a aussi fallu revenir sur mes propres années de collège et de lycée et accepter que ce furent des périodes pas franchement réjouissantes pour moi.
Clairement, la série est forte de ce point de vue, elle parvient à rendre crédible les sentiments de son héros mais sans verser dans un trop plein qui la ferait basculer. Tout y est assez sobre dans le traitement psychologique. L’école possède ses clans, mettant en scène les clichés évidents mais ô combien ancrés dans la réalité sociale. Le problème, c’est que le héros n’est à sa place nulle part et s’il parvient à se trouver des amis, ce sont eux aussi des déphasés.
Un récit plein de rebonds
Ensemble, cette bande va partir en road-trip et se retrouver ailleurs, permettant de sortir du champ purement scolaire que l’on aurait pu craindre. Dès lors, le récit surprend, sait rebondir au moment où il le faut (ce qui n’est pas toujours la plus grande qualité de Rick Remender) et surtout, fait une bascule parfaite entre action et moments d’introspection. Puisqu’on en parle, il y a peu d’action dans ce tome, quelques scènes par-ci, par-là mais on se situe encore dans une phase de présentation.
Mais les quelques séquences sont de pures réussites. Wes Craig parvient à chorégraphier des scènes qui ont une patate monstrueuse, découpant le tout astucieusement et intelligemment. Ajoutez à cela, son sens du style pour le look des personnages, la violence graphique et la colorisation de Lee Loughridge et vous obtenez une forme de quintessence artistique à tous les niveaux. Rick Remender sait parfaitement s’entourer et il le prouve une fois de plus.
Deadly Class : un comic de poing
La fin du tome donne également le ton de ce qui va, il me semble, définir le reste de la série. Personne n’est à l’abri, tout peut arriver. A travers ce premier recueil, on perçoit un nihilisme encore plus prononcé, une forme de détestation d’une société incapable de traiter efficacement ses gosses et qui ne cherche plus à résoudre les problèmes de violence. La présidence Reagan aura été marquée par cet aspect, la hausse de la violence et cette plongée dans la vie de Rick Remender n’en est que plus dérangeante.
On sait que le tout est une métaphore, pourtant, on sait aussi que la société américaine s’est construite sur la violence des individus. Alors, oui, ce n’est pas une série qui verse dans le spleen comme je l’avais cru, il y a quelques années. C’est une série qui est, bien au contraire, crue. Elle le sera sûrement trop pour certains mais cet aspect semble finalement nécessaire. D’autres passeront à côté de ce message et n’y verront que des gosses suivant le chemin vers l’assassinat. Pourtant, il faut se saisir du message et de la réflexion que Rick Remender tente de distiller et la critique acerbe qu’elle engendre sur de nombreux mécanismes sociaux. Ses gamins sont extrêmes mais ils ont aussi le potentiel d’être une bande à qui on s’attache facilement.
Bref, tout ça pour dire que le comic Deadly Class, c’est en fait de la bombe et que vous devriez foncer dessus. Autant sur le plan du scénario, intelligent et nihiliste que sur les dessins, hyper stylisés, c’est une pure réussite.
Ils ont kiffé :
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