Batman The Killing Joke
Point(s) fort(s) :
Des planches iconiques
Point(s) faible(s) :
Une utilisation de Barbara Gordon scandaleuse
La philosophie de comptoir
La fin
Batman retrouve le Joker à l’asile d’Arkham. Ce dernier veut lui parler. Mais le clown prince du crime va s’enfuir et va semer le chaos pour prouver une chose simple : un seul jour noir dans la vie peut faire dérailler le restant de vos jours.
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Editeur : Urban Comics
Tu veux rire ?
he Killing Joke a été publié il y a trente ans ! Eh oui, déjà ! En mars 1988 sortait ce comics dans un format spécial, écrit par un Alan Moore porté aux nues par Watchmen et dessiné par Brian Bolland. Aujourd’hui, c’est une œuvre avec un statut culte du fait de sa richesse thématique et du portrait de la relation entre le Joker et Batman.
Oui mais voilà, ce récit me fait chier !
Sublimes dessins
Autant commencer par les éléments les plus évidents en matière de qualité. Les dessins sont sublimes. La précision du script d’Alan Moore fait que Brian Bolland cale des pages millimétrées partout, les cadrages sont précis et l’intensité des séquences ne fait que gagner en puissance, notamment les dialogues entre Batman et le Joker. Bon, la Batmobile est laide et Batman a une tête de mec sous Xanax mais on ne peut pas réussir partout.
Évidemment, l’autre point évident, c’est la qualité des origines du Joker. Ou plutôt le flou entretenu par l’auteur quant à elles, mettant surtout l’accent sur la folie du personnage et sur l’inconsistance de ses souvenirs. Les séquences de flashbacks sont d’une grande qualité, laissant entrevoir un possible passé du Joker qui laisse à envisager un personnage plus tragique qu’on pourrait le penser et mettant en doute ce qu’on pensait savoir sur lui.
Narration linéaire et facile
Mais l’autre partie du récit est chiante, bourrée de clichés et de facilités scénaristiques. On le sait tous mais je n’en parlerai pas en détail ici pour préserver ceux qui n’auraient pas lu le récit : le Joker commet un acte qui aura des conséquences graves sur un personnage et poussera Batman dans ses retranchements. Cette astuce scénaristique est d’une bêtise sans nom ! Au-delà de la facilité avec laquelle Alan Moore brise le destin d’un personnage, c’est surtout son inutilité scénaristique.
En effet, elle est purement gratuite, là que pour choquer facilement le lecteur et rester dans le moule savamment entretenu à ce moment par l’aspect sombre des comics. Un autre moyen aurait pu être utilisé, surtout quand on connait le génie de son auteur pour motiver Batman. Un moyen plus simple, moins gratuit que ça.
Ensuite, par-delà cet aspect, ce qu’il y a de gênant, c’est la partie centrée sur le Chevalier Noir, chiante à mourir. Du moins, elle n’est pas chiante, elle est expédiée à la vitesse de l’éclair. Une page, quelques cases, basta ! Les événements tombent sur la tête du Chevalier noir, sans aucune vraie recherche et donc aucune enquête. Alan Moore prouve que ce qui l’intéresse, c’est le Joker et son Batman est relégué au second, voire troisième plan et même ce que beaucoup considèrent comme extrêmement intelligent, à savoir la description de la relation entre les deux personnages ne me parait pas aussi spectaculaire que ce qu’on voudrait croire. Au fond, ce n’est jamais que le rappel d’éléments déjà plus ou moins évoqués et c’est surtout la démonstration que Alan Moore n’aime pas les super-héros comme Batman, qu’il n’aime pas leur symbole et aime uniquement les déconstruire. C’est exactement ce qu’il fait en le rapprochant par sa maniaquerie et sa folie de son ennemi juré.
Batman The Killing Joke -r
Le problème, c’est donc que The Killing Joke n’est pas, à l’instar de Année Un ou The Dark Knight Returns une pierre supplémentaire posé sur l’édifice de Batman, elle l’est sur celui du Joker et c’est tout. Le récit se concentre beaucoup sur lui, dans des dialogues souvent trop longs et au contenu relativement pauvre. On ne retrouve pas la verve de l’auteur mais de la philosophie de comptoir sur le sens profond de la vie. C’est lourd, pompeux et finalement très vide. C’est ce que Brian Bolland exprime derrière le script qui est intéressant avec le portrait d’un fou qui s’assume comme tel et aime se perdre dans les méandres de sa mémoire. C’est donc une déception pour le fan de l’auteur que je suis. Je ne retrouve pas sa maîtrise dans la narration, capable de faire des trésors d’idées dans des histoires pourtant simples (Miracleman), capable de critiquer le super-héros tout en faisant preuve de nuances et de subtilités dans l’écriture (Watchmen) ou de célébrer les héros derrière les masques (V pour Vendetta). L’auteur ici se repose sur des artifices et des facilités d’écriture dommageable, surtout vu sa réputation. Pour une fois qu’il a raison de conchier une de ses œuvres !
Si vous voulez d’autres avis sur le récit, Rétro Phil en a parlé ou Chris ou encore Hyanda !
Bref, Batman The Killing Joke fait partie de ces comics cultes qui ne me parle pas. Creux, n’ayant d’intérêt que pour un quart de son récit, je n’ai jamais réussi à rentrer dedans. Heureusement, il y a les dessins de Brian Bolland qui sont sublimes.
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