[Review] Unholy Grail
Point(s) fort(s) :
Point(s) faible(s) :
Unholy Grail est une lecture horrifique du mythe de Merlin, Camelot et le roi Arthur. Ce récit complet en un tome souffre, malgré sa proposition très interessante, de problèmes de rythmes dans sa narration et d’un dessin tout juste correct. Dommage car cette idée de relecture sur fond d’horreur avait du potentiel.
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Editeur : Snorgleux Comics
nholy Grail nous plonge dans le mythe d’Arthur, Merlin et Excalibur avec un regard très particulier. Kaamelott d’Alexandre Astier avait choisi l’humour, Unholy Grail a privilégié l’horreur.
Merlin est un personnage essentiel des légendes arthuriennes. Ce précepteur du jeune Arthur, futur roi de Bretagne, prend le héros sous son aile pour accomplir sa destinée. Ici, les auteurs imaginent un postulat tout à fait différent puisqu’on apprend dans les premières pages que
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. Ce changement de statut change complètement le ton du récit car, si le mage accompagne bien le destin des héros, il sera aussi impliqué dans la chute de ces derniers.
Le scénariste Cullen Bunn ajoute donc une teinte horrifique à l’histoire de base. Il invoque alors une Dame Du Lac tout à fait effroyable et donne une nouvelle origine à cette “épée plantée dans la pierre“… Enfin, nouvelle… Nouvelle par rapport à ce que je connais de cette histoire. Je n’ai pas pris le temps de lire le récit d’origine pour effectuer des comparaisons. Il faudra me le pardonner. Bunn nous avait déjà proposé un récit dans lequel il ajoutait du mystique dans une atmosphère connue. C’était dans The Sitxth Gunn et il mêlait alors des pistolets à super-facultés et toutes sortes de créatures à un univers de western. Le tout était un peu long et s’étalait sur 7 tomes (publiés par Urban Comics en France).
On n’a pas ce genre de soucis avec Unholy Grail, le récit est complet en un seul volume.
Tout ça est alléchant ? A première vue “oui” mais le titre souffre de nombreux défauts.
Parmi ceux ci, on notera un problème de rythme. Il est impossible d’aller au bout des choses, de présenter les personnages et les contextes en si peu de pages. Il faudra donc avoir les bases pour tenter de comprendre de quoi parle ce récit. Pour les moins érudits d’entre nous, il suffit d’avoir vu le Merlin l’Enchanteur de Disney et Kamelott pour s’y retrouver.
Malgré tout, l’ensemble m’a donné une impression de précipitation et de frustration tant on abandonne une situation pour une autre.
Vient ensuite le dessin qui lui aussi m’a donné une impression d’urgence. Certaines pages ont l’air mal terminées, on oscille entre des visages corrects et des frimousses un peu bâclées. C’est vraiment dommage car la narration fonctionne bien. Les pages sont lisibles et les cadrages savent donner du relief à l’histoire. J’ai vraiment une impression de “mal fini” quand je regarde les case de cette BD.
Je reste donc sur un sentiment mitigé concernant Unholy Grail. La proposition est intrigante mais l’histoire va trop vite. Les pages sont presque réussies mais ne sont jamais vraiment belles. De plus, l’aspect auto-contenu du récit fait qu’on ne peut pas s’accrocher à l’espoir que ce premier volume soit une porte d’entrée maladroite sur un récit de meilleure qualité (comme c’est par exemple le cas avec Animosity).
On ne pourra réserver Unholy Grail qu’à ceux qui sont définitivement fans de légendes Arthuriennes et lecteurs compulsifs qui achètent tout ce qui sort.
La note de Matt :
e n’aime pas Cullen Bunn, voilà, comme ça, les bases sont posées ! Pourtant, j’adore les légendes arthuriennes et je partais plutôt confiant pour la lecture, surtout avec les dessins assez beaux de Mirko Colak. Je pensais avoir le droit à une lecture sympathique mais l’ensemble est finalement raté.
C’est simple, le récit n’a qu’une seule originalité :
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. Le problème, c’est que là où l’auteur aurait pu modifier certains éléments pour s’approprier l’histoire du Graal, il n’en fait rien ou si peu. Il ne fait que reprendre les éléments connus, déjà répétés et racontés de bien meilleure façon dans d’autres récits. Que ce soit dans Excalibur, le film de John Boorman ou Kaamelott, les choses ont déjà été racontées avec une appropriation plus personnelle. Ici, Cullen Bunn tente bien d’installer une ambiance proche de Lovecraft avec des Dieux maléfiques qui veulent détruire l’humanité. Le problème, c’est qu’il n’en fait pas grand-chose, ne s’appuie que très peu là-dessus et va aller dans quelque chose de très basique avec action, violence et sexe. C’est fait de manière assez grossière et vide. Si vous connaissez les légendes arthuriennes, vous ne découvrirez rien de plus, contrairement à ce que l’équipe pourrait bien vous faire croire.
Le plus gros problème, c’est que la narration de chaque numéro est fragmentée en petites scénettes où l’ensemble manque de liant et surtout de liens cohérents. Tout est disparate et le peu d’éléments intéressants se font évacuer rapidement ou ne sont pas développés. Le plan de Merlin met le chaos pour le plaisir et pour bien appuyer ses actions maléfiques, certaines cases voient le personnage nous faire des clins d’œil quand il a agi. Lourd. Le Graal arrive tardivement dans l’histoire et là encore, sa quête est résolue facilement avec un twist peu développé alors qu’il aurait pu avoir de l’intérêt car il aurait donné matière à du développement intéressant. Le récit préfère se reposer sur des éléments basiques, ce qui est fatalement dommage parce que l’intrigue ne propose rien de bien neuf, à part un personnage de la mythologie arthurienne revisité. Certes, on a les Dieux traîtres mais cela est trop peu développé pour susciter de l’intérêt. Après, malgré mes critiques assez acerbes, le récit se laisse lire et un lecteur peu adepte des légendes et du folklore arthurien pourra apprécier une lecture distrayante qui ne réinvente pas la roue et se repose trop sur les préétablis mythologiques sans apporter beaucoup de plus d’originalité.
Heureusement, les dessins sont très beaux. Fins, détaillés et précis, ils pèchent seulement par un manque de créativité dans les compositions, assez classiques. Mais ils permettent largement de compenser les grosses faiblesses de l’histoire.
Bref, Unholy Grail n’est pas une grande réussite. Le récit est construit maladroitement, se repose trop sur des classiques de la mythologie arthurienne sans s’appuyer franchement sur sa seule originalité. Les dessins peuvent sauver le scénario et les lecteurs qui ne connaissent pas vraiment le folklore lié au Graal pourront y prendre du plaisir. Les autres s’ennuieront certainement.
La note de Comics Grincheux :
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