Toss a coin to your witch-hunter

Silver Coin est un recueil de récits courts avec pour fil rouge une pièce d’argent aux pouvoirs maudits. L’univers fantastico-horrique, créé par l’auteur-dessinateur Michael Wash, traverse les époques. Chaque récit nous propose un auteur et une ambiance différente, allant de la naissances des États-Unis jusqu’à un futur dystopique Cyber-Punk. Silver Coin est proposé par les éditions Huginn & Muninn au prix de 18 euros pour 128 pages.

Des nouvelles au format comics

Après Ice Cream Man, l’éditeur nous propose un nouveau titre composé d’historiettes liées entre elles. Pour celle·ux qui ont l’habitude de me lire, vous savez à quel point j’aime ce format. On note tout de même une différence importante entre les deux titres à ce regard, à savoir que contrairement à Ice Cream Man, Silver Coin offre un changement de scénariste pour chaque récit. Cela est toujours risqué, la vision de chacun des auteurs pouvant soit apporter avec son style un angle intéressant à la trame, soit trancher un peu trop avec les autres et nuire à la cohérence de l’ensemble. Car ce qui fait tout l’intérêt et la beauté de ce format c’est cela : proposer des changements d’atmosphère tout en conservant ce petit quelque chose qui relie tout ensemble.

Des noms prestigieux

Je suis un grand grand fan de Jeff Lemire, mon ami Comics Grincheux y a d’ailleurs consacré un excellent Question de Style ici. Mais je ne m’extasie absolument pas devant le talent de Chip Zdarsky et Ed Brison. C’est donc le nom de l’auteur canadien qui me sauta aux yeux le premier quand je reçus l’exemplaire de Silver Coin. 

Pour un quasi sans faute dans la continuité narrative

C’est pourtant son récit qui m’aura le moins plu, de loin. Chip Zdarsky, Ed Brisson , Michael Walsh et Kelly Thompson auront probablement moins pris de risques, certes, dans leurs propositions narratives, mais ils parviennent à proposer des histoires qui parviennent à leurrer notre crédulité. De la chasse aux sorcières dans des États-Unis naissants, au cambriolage qui tourne mal, en passant par la ré-interprétation faustienne avec le musicien maudit, j’ai cru à toute ces histoires. Mais Lemire, probablement un peu trop confiant en son talent, a pris le parti de l’originalité en transposant la pièce maudite dans un univers Cyber-Punk qui aura eu du mal à jouer de ma crédulité.

Et le dessin dans tout ça ?

Deux artistes se partagent les crayons dans Silver Coin. Michel Walsh, créateur de Silver Coin, et Gavin Fullerton. Contrairement aux styles narratifs, le dessin se montre tout à fait constant, tant et si bien que j’en suis venu à ne même pas remarquer les changements. Cependant, je dois malheureusement reconnaître que c’est potentiellement parce que le dessin passe au second plan. Alors, encore une fois, il est vrai que j’accorde bien plus d’importance au récit qu’aux graphismes, c’est personnel, je suis comme cela, je ne me referai pas. Mais je suis tout de même sensible à un dessin exceptionnel. Ici, ce n’est pas le cas. Walsh et Fullerton nous livrent un travail propre mais classique et la colorisation froide pour coller à l’ambiance n’aura pas aidé à ce que les dessins de ce volume soient gravés dans ma mémoire.

Bref, Silver Coin est un titre sympathique, qui vient alimenter un style que j’adore : les récits courts. Son univers horrifique qui traverse les époques fait preuve d’originalité. Cependant le changement d’ambiance et d’univers entre les différents auteurs pourra perturber les lecteurs.