Supergirl Woman of tomorrow

Supergirl dans Star Wars ?!

C’est dans la rencontre avec une jeune extra-terrestre insignifiante au premier abord que va s’engager la mise en jeu de Supergirl Woman of tomorrow. Cette deuxième fille, Ruthye, croise le chemin de Supergirl dans sa quête de vengeance. Cette jeune extra-terrestre a perdu son père dans un acte de violence gratuit et insensé. Elle croise la route de Kara, jeune extra-terrestre qui a perdu son père, sa mère, et sa planète, dans une destruction insensée. Ruthye veut se venger.

Et quelle meilleur atout pour arriver à ses fins qu’une kryptonnienne en pleine possession de ses moyens ? Ce qu’offre en échange Ruthye, une précieuse épée. Car aucune épopée ne serait possible sans une quête et une épée en jeu. Supergirl accepte cette quête non sans arrière-pensées quant au fait de montrer que la vengeance ne représente pas une issue à rechercher, qu’il existe une autre voie. Mais laquelle des deux influencera l’autre ? Face au cosmos et son absence de sens, désir de vengeance et quête de justice ne se valent-ils pas, en tant qu’ils forment de rassurantes illusions pour donner un sens à ce qui arrive ? Pour l’heure, les deux embarquent et le voyage ne sera pas de tout repos.

Le mal, l’étrangère et la survivante

Cette épopée prend des allures de western cosmique. Deux étrangères l’une pour l’autre chassent un troisième étranger qui représente le mal absolu et la perversité gratuite. Un côté True Grit galactique entre la jeune extra-terrestre, Kara Zor-El en héroïne de l’espace en plein questionnement existentiel, et un méchant qui a assassiné le père. C’est le mal qui met en mouvement les deux autres, et la perte, celle d’un père pour les deux, de repères pour les deux aliens, étrangères l’une à l’autre qui vont devoir apprendre à se connaître.

La narration confiée à la jeune extra-terrestre Ruthye confère un ton homogène à l’ensemble, et une lecture dans l’après-coup qui rapproche de la légende racontée par celle qui l’a vécue. Le récit joue avec les idées de vérité et de fiction. Non pour les opposer mais pour rappeler que toute vérité est une reconstruction par fiction interposée, et que c’est ainsi que naissent les mythes, comme les étoiles d’un trou noir qui s’est effondré.

La perte est au centre, l’épopée commence alors et le familier cède sa place à l’étranger et à l’inattendu. Survivre, c’est ne pas céder sur un désir de réparation. Vivre, c’est ne pas céder sur son propre désir. Ici Kara Zor El et Ruthye affrontent chacune dans des allers et retours chronologiques, dans la rencontre du mal incarné dans la vie, leurs propres craintes et trouvent comment non pas les dépasser mais les transformer. Le scénario est celui d’un alchimiste, quant aux dessins ils sont ceux d’une orfèvre inspirée.

Crise et quête d’identité

Supergirl nous montre un visage nouveau, mais qui prend sens avec sa longue histoire aux origines modifiées et voyant son identité changée au fil des aventures. Le récit ne dresse pas d’inventaire, et en cela il nous économise le fastidieux pour nous ramener à l’essentiel : qui sommes-nous ? Supergirl ne se définit au départ qu’en comparaison à un autre qui n’est pas moins que le plus grand super-héros de tous les temps, Superman. Comment sortir de cette ombre à la fois inspirante mais surtout écrasante ? C’est ici un des intérêts de ce superbe récit mis en images par la très inspirée dessinatrice Bilquis Evely.

Dans ce questionnement sur la vengeance et son bénéfice, celui de fournir d’emblée une raison d’être, Supergirl propose une autre voie, une voie qui se distingue par petites touches impressionnistes de celle de son illustre cousin. Elle n’en est pas une pâle copie, et le récit donne la part belle à ses failles, mais aussi à ce qui la constitue profondément, et transformera celle qui l’accompagne comme elle transformera Kara elle-même.

Une fois les certitudes et les bons sentiments tombés, une fois les repères perdus, et sa planète-berceau explosée, que reste-t-il pour donner un sens à ce qui en est dépourvu ? Et comment se trouver en chemin dans un conte cosmique, un western galactique, une fable universelle que ces deux jeunes femmes nous racontent ? Supergirl Woman Of Tomorrow ne fournit pas les réponses qu’il suffirait de lire, elle propose un récit qui ne procure aucune vérité rassurante. La vérité, c’est un père mort, c’est une planète perdue, elle renaît de ce que chacun en dessine et illustre dans ses choix. Et côtés récit et illustrations, Supergirl Woman Of Tomorrow est des mieux servie pour embarquer le lecteur très loin vers les confins et au plus près des questions intimes.

Ils ont kiffé :

Si vous aimez nos contenus, vous pouvez nous soutenir sur Tipeee !