The Riddler, Année Un

Une plongée dans le quotidien ordinaire d’un comptable répondant au nom d’Edward Nashton, aux capacités intellectuelles brillantes inversement proportionnelles à son charisme et à sa sociabilité. Nous assistons progressivement à la naissance du Riddler, protagoniste de The Batman, en suivant le fil des brimades et traumatismes vécus. Et de ce qui va constituer pour Edward Nashton la première énigme l’amenant à une transformation sans retour.
Ce premier tome contient les épisodes #1 à #6 du récit complet The Riddler : Year One.

Le quotidien d’un comptable sans problèmes

Tout commence dans un quotidien des plus ordinaires. Un comptable effacé et discret travaille dans une entreprise qui lui a collé un chef nouveau venu arrogant. Le genre de chef qui s’attribue sans scrupules son travail pour se faire mousser auprès de ses supérieurs. Edward est un comptable montre extrêmement brillant, pour son plus grand malheur. En effet, ses aptitudes à résoudre les erreurs de comptabilités, à trouver dans les comptes la piste d’anomalies ne font que nourrir le narcissisme de ce petit chef arriviste.

De narcissisme, Edward Nashton en manque cruellement. Courbant l’échine face aux brimades répétées, inhibé et plongé dans ses pensées. Non sans accumuler une colère larvée contre ceux qui ne cessent de façon ostentatoire de l’ignorer, lui qui n’attend qu’une chose : compter. Et lorsque ces moqueries et ce délaissement font écho à un vécu blessant et traumatisant, Edward Nashton se retrouve tenu de se raccrocher à un quelque chose qui occupera sa pensée de façon obsessionnelle : une énigme ! L’amenant sur le chemin de révélations qui ne seront pas sans transformer le comptable introverti.

Sous les énigmes, le masque

L’énigme est au cœur de la vie d’Edward. Elle rampe au fond de son esprit tourmenté, dans ses pensées les plus profondes. Elle occupe son temps par des jeux et devinettes, devenant ses meilleurs amies lorsqu’elles sont inoffensives. Mais aussi assombrissant ses pensées lorsqu’elles le ramènent aux énigmes de son passé. Le graphisme accompagne de façon tourmentée et inspirée cet itinéraire d’un enfant abandonné. Dans des ombres travaillées, des pages de journal qui content les tourments, des découpages qui auscultent l’esprit d’Edward.

Edward, ce jeune garçon livré à l’orphelinat et à ses ruminations face à une énigme originelle qui le laisse muet. Les découpages amènent progressivement à quitter le regard neutre face à Edward à l’esprit d’argent. Pour alors entrer dans l’énigme de son vécu, de son récit par bribes et indices que le lecteur recoupe, comme autant de pièces le menant à traverser le miroir et entrer dans la tête du Riddler.

Ce jeune garçon « pas comme les autres » pointera à sa façon le mystère qui entoure ses origines, comme celles parfois de tout un chacun, de ce point d’interrogation magistral qui demeure dans ce que la vie ne résout jamais. Le Riddler, pour résoudre cette insoutenable pesanteur de l’être, choisira de l’arborer, de devenir lui-même cette énigme, et d’en lancer face aux injustices à la face du monde.

« The Riddler : Année Un » offre une immersion progressive aux graphismes inspirés dans les méandres de l’esprit d’Edward Nashton, fournissant des éléments d’explications cohérents menant au personnage surprenant apparaissant dans The Batman. Ce récit des origines lui confère ainsi une étoffe supplémentaire, un background rappelant le côté très humain de celui qui aurait pu par certains aspects devenir un autre Batman, mais qui choisit une autre voie, par abandons, rejets et déceptions interposés, amenant la balance comptable vers un solde négatif qu’il s’évertuera à rééquilibrer. Sa solution pour ne pas sombrer est alors le parcours qui nous est proposé non sans une certaine virtuosité, nous faisant entendre la voix du maître des énigmes, dans un récit qui en résout certaines devant nos yeux, dans une genèse magistralement orchestrée. Paul Dano, l’interprète du Riddler à l’écran, livre ici une mise en abîme captivante, avec son complice Stevan Subic aux dessins qui sert ce récit avec l’inspiration oppressante qui convient. Il n’y a plus qu’à respirer avant, et plonger dedans !

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