Trenchfoot au Label 619
Point(s) fort(s) :
Personnages
Point(s) faible(s) :
Rendu du dynamisme
Décisions du héros discutables
Trenchfoot est un one-shot à l’ambiance soignée et au scénario original. Il vous offrira un bon moment de lecture en dépit de quelques petites réserves sur le rendu dynamique du dessin et sur les choix pris par le héros. Fidèle à l’univers de Doggybags, le titre ravira les coutumiers des séries du Label 619
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Editeur : Label 619
On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue
Dispo au Label 619, Trenchfoot est une ville cloaque de Louisiane. Sid est un redneck, un vrai et fier de l’être. Arborant un mulet, un gilet en jean sans manches et une attitude de connard fini. Même lorsqu’il gagne au loto, c’est malhonnêtement. Que peut-on faire d’ 1 million de dollar quand on est une enflure ? La réponse se trouve dans Trenchfoot.
Poisseux comme la Louisiane !
Avec un auteur dont le nom est “Mud” (boue en Anglais) et un titre qui fait référence aux maladies contractées dans les tranchées de la première guerre mondiale, on ne pouvait s’attendre qu’à une ambiance poisseuse et nauséabonde. Celui-ci nous décrit la Louisiane profonde comme une poubelle remplie de capotes et de seringues usagées. Pourtant sa galerie de personnages ne dépeint pas des êtres malheureux et torturés.
Non, dans Trenchfoot, les habitants que l’on y croise sont des ploucs qui semblent se complaire dans leur fange, leur vie de larcins et de plaisirs aussi fugaces qu’illégaux. Et cela n’est pas anodin. C’est même agréable (si l’on peut dire) de voir une prostituée édentée et défoncée au crack qui n’est pas noyée dans la misère humaine mais qui sait rire de sa situation, ou encore un “héros” né d’un viol qui ne se complait pas dans son malheur. Comme si dans cette ville, le bien et le mal et même les normes n’existaient pas réellement. Chacun semble vivre au jour le jour, sans subir le quotidien pour autant.
Un je-ne-sais-quoi de True Detective
L’ambiance demeure malgré tout glauque, sans aucun doute voulu par les auteurs. Bien que Mud y décrive des personnages qui ne sont pas dans le pathos. Nicolas Ghisalberti vient apporter la sensation de crasse par son dessin. Les personnages sont défigurés par le manque d’hygiène et de soins médicaux, leurs gueules cassées, leurs silhouettes désarticulées par les excès d’alcool et/ou de drogue. La colorisation en tons froids de beiges crasseux et de jaune pisseux renforce cet aspect. La ville est sale, les intérieurs des motels miteux sont des capharnaüm. Cela n’est pas sans rappeler la photographie et l’esthétique de la première saison de True Detective (que je ne saurais que vous recommander de regarder). A cet égard le rendu est très efficace et participe à l’immersion dans le récit. Cela dit, cet aspect subjectivement hideux des personnages et du décor pourra ne pas plaire à tout le monde. Mais si vous êtes un habitué de Doggybags et du Label 619, je pense que vous ne serez pas surpris.
Le scénario a de subtils arômes “coheniens”. C’est sans aucun doute le cadre de l’histoire qui me fait penser un petit peu à Fargo. Probablement les choix du héros, aussi. Sid, sans être un imbécile, prend parfois des décisions qui semblent parfois absurdes et la cascade d’évènements qui en découlent n’est pas sans rappeler les oeuvres des frères Cohen.
Quelques petites réserves
J’ai, personnellement, une toute petite réserve quant au tracé du Nicolas Ghisalberti, dont le rendu dynamique ne m’a pas toujours convaincu. En effet, l’artiste utilise des grosses virgules blanches pour rendre compte des mouvements rapides qui m’ont semblé un peu grossières et au final peu efficaces. Mais ce n’est pas grand chose et cela demeure très subjectif de ma part.
Pour en revenir au scénario et aux décisions du “héros”, je reconnais que j’ai un peu de mal à trouver crédible l’élément qui fait l’essence même de l’histoire. A savoir comment Sid décide de dépenser son million. Cela dit, lorsque l’on est un citadin, de l’une des plus grandes villes de France, difficile de se mettre dans la peau d’un bouseux américain. C’est sûrement parce que ce million je l’ai dépensé un nombre incalculable de fois dans ma tête et il m’est inconcevable qu’on puisse en faire autre chose.
Bref, avec Trenchfoot, le Label 619 offre un bon titre à l’ambiance soignée et au scénario plutôt original. J’ai passé un très bon moment à le lire, malgré quelques petites réserves sur le rendu dynamique du dessin et sur les choix pris par le héros. Fidèle à l’univers de Doggybags, ce one-shot ravira les coutumiers des séries du Label 619.
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