Trois Jokers chez Urban Comics
Point(s) fort(s) :
Une histoire riche sur le fond et le sous texte
Une enquête à l'ancienne parfaitement rythmée.
Point(s) faible(s) :
Ne répond pas véritablement à la question posée dans Darkseid War.
Trois Jokers arrive enfin chez nous ! La dernière oeuvre en date d’un duo de renom : Geoff Johns et Jason Fabok ! Les auteurs nous offrent une enquête passionnante pleine de mystère et de métaphores pertinentes ! Un récit qui pourra décevoir si vous recherchez des réponses, mais qui sinon saura vous combler !
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Editeur : Urban Comics
Et 1, et 2 et 3…. Jokers ?
Le titre Trois Jokers a longtemps été une arlésienne. Teasé à la fin du run de Geoff Johns sur Justice League avec la Darkseid War, le titre est tombé dans l’oubli pendant un long moment. Finalement c’est sous le Black Label que Urban Comics nous fait parvenir Trois Jokers, réunissant Geoff Johns et Jason Fabok.
Un récit attendu comme le messie mais qui a énormément divisé ?
Et si trois Jokers c’était trop dur à avaler ?
Quel est le réel problème avec ce récit finalement ? Ce qui fait qu’autant de gens lui sont tombés dessus ? Selon moi, après avoir pas mal fouiné j’en arrive à isoler le problème principal : ce récit n’est en aucun cas une réponse à l’énigme posée par Johns à la fin de son run.
Cela dit, pouvait-il en être autrement ? Le scénariste est quelque peu tombé en disgrâce chez DC Comics ces dernières années, et clairement ce phénomène s’est déjà observé sur Doomsday Clock. Le récit a quitté sa fonction première d’être le point culminant de Rebirth, afin de laisser la place à Metal, lancé par Scott Snyder.
Fatalement, Johns a fait le choix de s’éloigner très radicalement de son idée de départ. Mais cette fois-ci, ce choix est évident dés le début du titre. Alors pourquoi les gens restent déçus ? La faute à une communication hasardeuse qui a longtemps laissé planer le doute sur les ambitions du titre. Si bien que beaucoup de gens ont été déçu qu’une des plus grosses révélation de l’univers DC ne soit finalement pas traitée, comme tombée aux oubliettes.
Mais alors finalement ce récit, de quoi ça cause ?
Trois Jokers pour autant de cicatrices ?
Ce récit est un récit sur le traumatisme. Sur les cicatrices qui nous accompagnent et deviennent des boulets accrochés a nos chevilles qui nous empêchent d’avancer.
Le récit prend la forme d’une enquête sous tension, ou Batman, Batgirl et Red Hood cherchent à comprendre pourquoi plusieurs crimes du Joker sont commis simultanément. Une enquête qui va exacerber la tension et faire ressurgir les sentiments enfouis en chacun d’eux.
Oublier les récits d’action super technologiques récents. On revient à un récit d’enquête sombre au rythme lent mais à la tension permanente. Une bouffée d’air frais qui fait du bien.
Le récit est habilement découpé, mêlant les révélations à une lecture plus métaphorique. L’enquête avance, rendant hommage à l’histoire de Batman et du Joker. Le récit apporte beaucoup au mythe du Joker, définissant le personnage tel qui doit être.
La fin est également pleine de sens, et paradoxalement pourrait presque totalement s’inscrire dans la continuité de DC Comics, tout en faisant un joli pied de nez aux ambitions initiales du récit « pourquoi 3 jokers ? ». Une jolie pirouette qui pourrait en frustrer plus d’un mais qui m’a personnellement beaucoup plu.
Le retour du roi Fabok ?
Jason Fabok est un artiste qui a explosé pendant l’ère New52 en collaborant avec Geoff Johns sur son run Justice League, officiant d’ailleurs sur les meilleurs numéros.
On était donc impatient de revoir les deux compères collaborer à nouveau, et on peut dire que Fabok se lâche. En pur héritier de l’école Ivan Reis, l’artiste nous propose des personnages détaillés, à la musculature imposante. Mettant parfaitement en image le côté iconique des personnages de DC, chaque représentation est bluffante et stylisée, avec des visages expressif au possible.
Le jeune talent prend également de l’assurance dans ses compositions de page qui sont de plus en plus détaillées, avec un découpage alternant le gaufrier avec d’autres panel plus large. Chaque page est un pur délice et on sent l’envie de Fabok de tout donner pour cette histoire.
Si il y a bien un point sur lequel le récit met tout le monde d’accord c’est celui la. Chapeau l’artiste !
Trois Jokers pourra décevoir selon ce que vous recherchez. Mais si vous le prenez tel qu’il est, je pense que ce récit saura vous embarquer et vous offrir une lecture passionnante et visuellement incroyable.
L’avis de Comics Grinch’ :
Qu’est-ce que l’on attends d’une lecture ?
C’est un peu la question que je me pose depuis que j’ai lu ce Batman Trois Jokers grâce à Urban Comics. Que je sois clair.e : depuis que cette idée a été jetée comme un caca par Geoff Johns à la fin de sa Justice League, je trouve que c’est complètement con.
Pour être plus précis.e, je pense que le Joker n’avait pas besoin qu’on lui invente un tel stratagème, un tel mystère. Sa figure est mystérieuse par essence, il n’a nul besoin d’être défini, nommé ou identifié. Il est le Joker, la carte folle qui vient faire chier quand c’est nécessaire ou quand il en a envie. Inventer trois Jokers correspondant à autant d’époques et de visions différentes du personnage satisfait ce besoin actuel de tout comprendre, tout savoir et tout rendre cohérent. Et ça me gonfle !
Réponse non-convaincante
Mais du coup, si vous attendez une réponse à pourquoi il y a trois Jokers, eh bien, il y en a une. Pourtant, ne vous attendez absolument à rien de révolutionnaire. Tout commence par une enquête menée n’importe comment par Batman, Red Hood et Batgirl. Comme trop souvent, ils ont tendance à subir l’enquête plus qu’à la vivre et la faire avancer. Toutefois, là où le récit m’a paru intéressant, c’est dans la description de Jason et Barbara, notamment, leur relation à cette révélation. Leur trauma est décuplé par la présence de trois Jokers. Comme si un agresseur ne suffisait pas, il faut qu’il y en ait deux autres qui s’ajoutent. De ce point de vue, c’est intéressant mais c’est aussi relativement mal écrit. La finesse est aux abonnés absents et l’écriture globale sent une forme de paresse.
Tellement dark, t’en chiales !
Geoff Johns qui est si adroit pour écrire les relations humaines, se perd dans quelque chose de plus sombre. Il excelle dans la lumière et dans les personnages rayonnants. Mais sonder les âmes torturées n’est clairement pas dans ses habitudes et ça se sent. Quelque chose sonne faux, trop edgy, trop violent et des personnages qui semblaient avoir avancé ne font que régresser. C’est le cas pour Barbara à qui on a déjà infliger pas mal de traumatismes supplémentaires depuis les New 52 qui ici est effacée, telle la femme invisible. Jason y est le mieux incarné car lui n’a pas fait son deuil, il n’a pas digéré son assassinat et reste violent. Batman est totalement ignoble dans cette histoire, mauvais père et héros de pacotille, prompt à gueuler ou à tirer la tronche plutôt qu’à tenter de raisonner le monde.
Alors oui, il y aura les dessins pour séduire tout le monde. Jason Fabok est brillant, bluffant et donne des ambiances que ne renierait pas Gary Frank. Il parvient à capturer les traumatismes sur ses personnages et c’est lui qui porte le récit. Mais c’est sans compter la manie de Geoff Johns de singer Killing Joke et ses gaufriers de neuf cases. Un procédé vain et chiant qui enferme son artiste, comme cela était le cas dans Doomsday Clock.
Bref, Batman Trois Jokers tend à confirmer l’adage de Dewey : « J’en attendais rien mais j’ai quand même été déçu ». Plus sérieusement, entre un ton qui manque de subtilité malgré des idées intéressantes et une non-réponse à l’énigme posée, Trois Jokers proposé chez Urban Comics n’est vraiment pas une lecture agréable.
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