Peacemaker Critique de la saison 1
Point(s) Fort(s)
Point(s) Fabile(s)
Si vis pacem Suite au second (excellent) opus de The Suicide Squad, le scénariste/producteur/réalisateur James Gunn décide, avec l’acteur John Cena, d’explorer le personnage de Christopher Smith/Peacemaker, dans une série du même nom. Gunn se chargera de l’écriture des neuf épisodes ainsi que de la réalisation de six d’entre eux. Pour rappel, le personnage est […]
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Univers : DC Comics
Si vis pacem
Suite au second (excellent) opus de The Suicide Squad, le scénariste/producteur/réalisateur James Gunn décide, avec l’acteur John Cena, d’explorer le personnage de Christopher Smith/Peacemaker, dans une série du même nom. Gunn se chargera de l’écriture des neuf épisodes ainsi que de la réalisation de six d’entre eux. Pour rappel, le personnage est vaincu par Bloodsport (Idris Elba) dans le film, une balle lui traversant la carotide et laissé pour mort. Mais la scène post-générique nous montrait Peacemaker sur un lit d’hôpital, mal en point mais toujours en vie. La série a débuté sur HBO Max en janvier 2022 avant d’enfin arriver chez nous fin décembre 2022. Mais avant de commencer la critique de cette saison 1 de Peacemaker, voici le générique, qui est véritablement excellent :
Pour Peacemaker, pas de paix sans guerre.
Pour vous résumer rapidement l’histoire, Peacemaker se réveille dans son lit d’hôpital. Il tente de s’échapper et de retourner chez lui. Cependant, il est rapidement rattraper par l’agent Emilia Harcourt (Jennifer Holland) qui l’amène à son chef, le peu commode Clemson Murn (Chukwudi Iwuji qu’on retrouvera cet été en grand méchant de Gardiens de la Galaxie 3), John Economos (Steve Agee) et la nouvelle venue, Leota Adebayo (Danielle Brooks). Amanda Waller a retrouvé la trace de Peacemaker et elle l’intègre de force dans cette équipe, sinon la bombe dans son crâne sera déclenchée. En effet, l’équipe a besoin d’un tueur sans pitié pour sauver la Terre d’une menace extra-terrestre.
Voilà pour le scénario principal. A partir de ce synopsis, Gunn introduit de nouveaux personnages, notamment Adrian Chase/Vigilante (incarné par Freddie Storma), Auggie Smith/White Dragon (campé par Robert Patrick le T-1000) ou encore Judomaster (Nhut Le) et surtout l’aigle Eagly (Aiglounet en VF). Mais le plus important : on va explorer le personnage incarné impeccablement par John Cena.
Peace & vannes !
Dans The Suicide Squad, Peacemaker était traité comme une blague. Une blague dont seul lui ne réalisait pas à quel point sa vision du monde était erronée. Par certains traits d’humour, on retrouve toujours cet aspect du personnage. Mais la série épluche doucement le personnage, s’interrogeant sur qui il est et pourquoi il est comme ça, un représentant de l’Amérique profonde à tendance complotiste. La série prend de grandes différences envers les comics, surtout pour le personnage de Vigilante. Mais vu que Gunn a choisi une fois de plus des personnages quasi-inconnus du grand public, même des fans de comics, on ne sera pas trop dépaysé. Bref, sur l’appropriation, Gunn fait un peu comme avec les Gardiens de la Galaxie : il créé sa version propre.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point entre ses films Marvel Studios et cette série : certains personnages ont de fortes ressemblances, par les archétypes, avec les Gardiens. Harcourt est une agent experte et très professionnel, Eagly est la mascotte mignonne du groupe, Peacemaker le loser et Vigilante le bourrin qui ne comprend ni la subtilité ni le second degré. Au-delà de ces points communs qui sont des stéréotypes assez connus, le reste est en revanche assez différent. Et la cohésion de ce groupe improbable se forme et on croit à l’alchimie de celui-ci lors de la progression des épisodes. Une alchimie se crée, ce qui rend les réactions des personnages ainsi que leur évolution crédible.
Peace & music
Enfin, difficile de ne pas parler de la série sans mentionner sa bande originale. Celle-ci est de très bonne qualité, piochant dans divers groupes de rock. Autre bon point à noter, les différents effets spéciaux sont réussis.
Alors est-ce que tout est parfait sur la série Peacemaker ? Presque. On pourra être réfractaire à la vision des personnages que Gunn a ou encore à l’humour. Si certaines scènes et blagues ont fait mouche sur moi, certaines n’ont vraiment pas marché et sont bien trop lourdes à mon goût. De plus, sans être un point négatif, la série est clairement destiné à un public mature (elle est rated R aux Etats-Unis ce qui implique une belle quantité d’insultes, de sang et de tout ce qui va avec)
En conclusion, la critique le montre, cette saison 1 de Peacemaker est définitivement la très bonne surprise de 2022. Sans aucun problème, elle peut faire face aux séries du côté de Marvel Studios la tête haute. Gunn a réussi à prendre un personnage peu intéressant et à le rendre complexe et attachant. La série, prévue comme une mini-série à l’origine, a été reconduite pour une saison 2. Bref, si vous avez Amazon Prime et que vous souhaitez regarder une série de qualité, jetez-vous dessus !
L’avis de Alex Hivence :
Peacemaker est un prétendu héros qui, comme son nom l’indique, veut œuvrer pour la paix par tous les moyens nécessaires. Ce qui le range du côté des anti-héros pour le moins, voire des carrément vilains.
Rompu au combat à mains nues, expert ès toutes armes à feu, il est flanqué aussi d’un casque un peu étrange aux capacités changeantes selon les occasions. Côté caractère, c’est plutôt un raciste qui s’ignore, un misogyne à son insu, un conservateur américain convaincu. Il est aussi accompagné d’un aigle à tête blanche, symbole américain, répondant au petit nom d’aiglounet (“eagly”, en vo). Autant dire que l’originalité n’est pas son point fort, mais il apparaît derrière ce petit nom que Peacemaker est une sorte d’oxymore.
Peacemaker vise donc la paix quitte à descendre tout ce qui s’y oppose, y compris par des moyens brutaux. Au demeurant, rien de très profond chez ce personnage. Et c’est là où le génie de James Gunn intervient, en plongeant Chris Smith, ce looser né, dans une interrogation cruciale sur la filiation.
Chris Smith, alias Peacemaker, est en effet le fils d’un homme violent, raciste, membre d’une communauté suprémaciste à capuche. La série explore dans une course déjantée ce lien entre un père et son fils, et comment on devient qui l’on est, malgré soi parfois. Il montre comment la loyauté à tout prix travestit la réalité.
Héritage et transmission
Peacemaker version James Gunn fait penser à ses Gardiens de la Galaxie. C’est notamment dans ses questionnements sur l’héritage et la transmission qu’on le voit. Il étudie ce qui fonde qui l’on devient à travers les rencontres d’êtres en errance ou en perdition. Dans la série, en parallèle de cette interrogation du lien père-fils de Peacemaker nous voyons avec un personnage attachant questionner aussi le lien mère-fille, sur le versant de la manipulation.
Les liens filiaux chez James Gunn abordent leur caractère aliénant. Comment devenir fidèle à soi-même tout en héritant de figures parentales discutables dans leurs façons de faire ? Au-delà d’une mission qui traverse des moments d’absurdité, mais c’est une façon d’interroger aussi la réalité, de folie douce et de jubilation cathartique, se dessine au fil des 8 épisodes formant la saison 1 de Peacemaker, le combat critique d’un homme contre lui-même. Pour trouver ou non la paix.
Comme le dit l’adage, “Si vis pacem, para bellum”. Cela s’applique au conflit intérieur, combattre l’ennemi en soi et ses fondations, la rivalité. Il y a un côté Abel et Caïn comme mythe fondateur, et la violence transmise, celle d’un père pétri de haine, pour trouver une paix. Et c’est la part la plus intéressante de cette série, ce cheminement d’un personnage caricatural vers des scènes de remise en question. Ce qui est à tuer est en-dedans. Et Peacemaker devient alors une allégorie déjantée universelle sur ce qui relie ou sépare.
Le tout agrémenté d’un générique et d’une bande-son décalés qui accompagne ces loosers en mission et en perdition, comme James Gunn en a le secret. La musique est aussi un vecteur de transmission.
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